des nouvelles de Belgique!

Discussions portant sur l'ASSÉ et le mouvement étudiant en général.

des nouvelles de Belgique!

Messagede Duque le Mar Nov 21, 2006 10:24 pm

MISE AU POINT SUR LA SITUATION PRESENTE A L'ULB

Depuis le 23 octobre, l'auditoire Chavanne est occupé par plusieurs dizaines de personnes, il est ouvert à tous ceux qui vont voudront échanger, partager, discuter positions et points de vues. Cette occupation fait suite à l’absence de réponse des Autorités universitaires sur trois dossiers, à savoir la vente à la sauvette de la moitié des terrains du campus de la Plaine, la privatisation des logements étudiants par une Sicafi (société immobilière introduite en bourse) et l’instauration d’une carte de contrôle électronique de type RFID (lisible à distance).

1) UNE STRATEGIE CLASSIQUE DE DECRIBILISATION

2) UNE ATTAQUE CONTRE LA DEMOCRATIE REPRESENTATIVE ET PARTICIPATIVE

3) HISTORIQUE DE LA SITUATION

4) UN CONSEIL D’ADMINISTRATION D’EXCEPTION, URGENCE NON MOTIVEE

5) TRAITEMENT REPRESSIF D’ UNE QUESTION DE POLITIQUE UNIVERSITAIRE

6) CONCLUSION

7) Épilogue : CAS ISOLE de dérive OU GESTION EN FAILLITE ?


1) UNE STRATEGIE CLASSIQUE DE DECRIBILISATION
La stratégie adoptée par les autorités universitaires, essentiellement le président du Conseil d'Administration de l'ULB, Jean-Louis Vanherweghem, est classique. C'est celle de la décrédibilisation d'une position (le rejet inconditionnel des trois projets qu'il avance) et d'une série d'actions (envahissement du Conseil d'administration par 600 étudiants, occupation de l'auditoire Chavanne) pourtant soutenues par les étudiants et le personnel de l’ULB.
Cette stratégie repose sur la dissymétrie des moyens d'informations (envois fréquents et unilatéraux sur les adresses email de l'ensemble des étudiants et du personnel), sur la manipulation de l'argument d'autorité, sur la stigmatisation des étudiants qui portent la mobilisation et le refus des trois projets du président.
L'argument classique est de désigner ceux qui s'opposent le plus fermement à la carte de contrôle (multifonction), à la vente de la moitié du campus de la Plaine et à l'introduction en bourse des logements étudiants, de les désigner donc comme des anti-démocrates, des agitateurs impénitents, des marginaux.
L'attitude, la stratégie, des autorités universitaires, et plus particulièrement du président du Conseil d'administration repose sur la désinformation et en définitive sur la manipulation.


2) UNE ATTAQUE CONTRE LA DEMOCRATIE REPRESENTATIVE ET PARTICIPATIVE
Pour atteindre leurs objectifs, les autorités tentent de décrédibiliser non seulement les étudiants qui occupent l'auditoire Chavanne mais également les étudiants administrateurs. Ceux-ci, réunis au sein du BEA (bureau des étudiants administrateurs), sont pourtant les seuls représentants étudiants élus démocratiquement, disposant d'un quorum relativement représentatif. Leur tâche est organisée et protégée par le décret définissant et organisant la participation des étudiants au sein des institutions universitaires (décret du 12-06-2003).
Contrairement aux délégués étudiants facultaires, dont la représentativité est plus que douteuse parce qu'ils sont élus par Internet pour la plupart avec un quorum insignifiant (bien que la situation diffère énormément en fonction des facultés). Contrairement à ces délégués étudiants facultaires qui sont de fait des délégués de classe attachés à la gestion quotidienne, les étudiants administrateurs se sont réunis au sein du BEA au-delà des différentes facultés auxquelles ils appartiennent et par lesquelles ils ont été élus. Ils représentent donc au-delà de leur faculté une certaine idée de la démocratie universitaire, de l'intérêt commun des différents corps de notre université.
Contrairement aux personnels technique et de gestion limités par leur attachement légitime à leur emploi, au corps scientifique et académique limité par leur attachement légitime à leur fonction et à leur carrière, ces étudiants administrateurs élus disposent d'une certaine marge de manoeuvre et sont moins soumis aux pressions des autorités. Ils constituent donc l'un des contre-pouvoirs à ce qui apparaît comme un pouvoir managérial, académique et universitaire : un exécutif tout-puissant derrière le voile formel de la participation.


3) HISTORIQUE DE LA SITUATION
La gouvernance des autorités universitaires méprise les principes fondamentaux de l’Université :
- Après avoir porté ces 3 projets nuisibles pour l’avenir de l’Université sans en informer les membres de la communauté universitaire,
- Après avoir refusé de prendre en compte l’Assemblée générale de la communauté universitaire du lundi 16 octobre, lors de laquelle plus de 1500 personnes ont voté pour le retrait inconditionnel de ces trois projets,
- Face à l’envahissement par 600 étudiants du Conseil d’Administration du lundi 16 octobre qui a permis de bloquer in extremis et temporairement les trois projets, dont la vente de la moitié du campus de la Plaine,
- Après l’Assemblée générale du jeudi 19 octobre et le rassemblement pacifique devant le rectorat qui a suivi,
- Après avoir maintenu leur position inchangée lors d’un débat contradictoire modéré par le cercle du libre-examen le lundi 23 octobre,
- Après la manifestation du vendredi 27 octobre qui a marqué symboliquement l’union des campus du Solbosch et de la Plaine,
- Face à la décision prise par les étudiants le lundi 23 octobre, d’occuper l’auditoire Chavanne afin de fournir un espace de débat, de réflexion et d’action pour parvenir au retrait des trois projets litigieux,
Les autorités universitaires refusent toujours d’admettre l’échec de leur projet de gestion, échec qui est loin de se limiter aux trois projets litigieux. M. Vanherweghem et M. Vincke ont donc décidé de faire appel à la justice et à la police pour clore définitivement le débat. C'est pourquoi ils ont convoqué dans l'urgence un Conseil d'Administration d'exception, qui excède manifestement la procédure normalement en vigueur dans une institution universitaire qui se veut démocratique.


4) CONSEIL D’ADMINISTRATION D’EXCEPTION, URGENCE NON MOTIVEE
Mercredi 8 novembre, le Président du Conseil d’administration de l’ULB, Jean-Louis Vanherweghem, en accord avec le Recteur, Philippe Vincke, a convoqué une réunion du Conseil d’Administration, organe décisionnel de l’université. Cette convocation a été décidée en extrême urgence et ce sans motivation ultérieure. En effet, cette réunion d’exception a été convoquée unilatéralement par les autorités universitaires à 15h20 mercredi 8 novembre soit 16 heures et 10 minutes avant ledit Conseil.

Il est évident que ce type de convocation excède les règles de fonctionnement démocratique de l’Université. Elle se base sur le règlement d’ordre intérieur du Conseil d’administration et se situe à la limite des Statuts de l’Université qui peuvent être considéré comme la Constitution interne de notre Alma Mater.
En tant que telle, cette réunion extraordinaire, convoquée en urgence pour forcer les membres du conseil d’administration à prendre position dans une situation délicate, viole les principes fondamentaux qui constituent notre Alma Mater : libre-examen, démocratie interne, refus de l’argument d’autorité.

Aucun étudiant administrateur n'a siégé lors de ce conseil d'administration d'exception, tous ont refusé de participer à cette mascarade qui n’avait pour seul objectif que d’avaliser les décisions arrêtées par les autorités universitaires.
La légitimité des décisions qui ont été adoptées sous la contrainte du président et du recteur est donc nulle, 80% des membres de la communauté universitaire n'y étant pas représenté. Ce conseil n’a fait que souligner la disproportion de fait qui régit notre institution : le président emporte la majorité des suffrages en l’absence d’une part importante de ceux qui constituent l’université : les étudiants.

Une cinquantaine d'étudiants ont réussi à empêcher en partie le déroulement cette réunion d’exception du conseil d'administration de l'ULB prévue à 7 heures 30. Par leur attitude irresponsable et anti-démocratique, les autorités universitaires portent l'entière responsabilité des dérapages verbaux ou physiques qui ont pu se produire.


5) TRAITEMENT REPRESSIF D’ UNE QUESTION DE POLITIQUE UNIVERSITAIRE
Les décisions prises par les autorités universitaires lors de ce Conseil d’Administration montrent clairement leur absence de volonté de respecter les principes fondamentaux du dialogue, et leur incapacité à revenir sur des projets nuisibles pour tous les corps de l’Université.
Ainsi, le président du Conseil et le recteur ont décidé : « de faire appel à un médiateur professionnel extérieur dans les contacts entre les occupants et les autorités et d'opter pour une action judiciaire en vue de permettre la reprise des cours à l'amphithéâtre Chavanne. »
Incapables de parler directement aux étudiants qui occupent l’auditoire Chavanne, refusant de prendre en compte l’opposition de la communauté universitaire aux trois projets, m.Vanherweghem a donc réagi à son habitude par un traitement judiciaire d’une question relevant exclusivement de la politique universitaire.
La décision prise par M. Vanherweghem d’opter pour un traitement extérieur, policier et répressif de la question (posée notamment par les étudiants en occupant l’auditoire Chavanne) est symptomatique d’un comportement exécutif et autoritaire.

CONCLUSION

Face à ces excès manifestes des principes fondamentaux de notre Alma Mater par le président du Conseil d’Administration, m. Vanherweghem et le recteur, m. Vincke, il est évident que les procédures classiques de la représentation et de la participation universitaire sont insuffisantes pour infléchir la politique menée par l’exécutif de l’ULB : le pacte de cogestion est rompu.

Face à cette gouvernance d’exception qui mène à terme l’Université vers la faillite sociale sinon financière,

L’assemblée générale de la communauté universitaire tenue jeudi 9 novembre à 12h15 malgré la désinformation alimentée par les autorités universitaires, a maintenu les positions des assemblées générales précédentes.
Depuis 14h30 jeudi, les étudiants occupent le rectorat de l'ULB afin de forcer une rencontre avec les autorités et de maintenir le rapport de force, unique moyen écouté et pris en compte par les autorités de notre Université.

Épilogue : CAS ISOLE de dérive OU GESTION EN FAILLITE ?
Il est évident que la situation qui se présente actuellement à l’Université Libre de Bruxelles ne relève pas d’un cas isolé mais d’une philosophie de gestion. De là sans doute la virulence des positions des camps en présence.
Dans l’état actuel de la situation, imposé par les autorités universitaires, le temps nous manque malheureusement pour développer plus amplement cet aspect, pourtant essentiel, de la problématique.
Une chose est claire : l’objectif des autorités universitaires est de transformer radicalement notre Université.

Nous sommes actuellement dans un système qui garantit un enseignement de masse, avec ses qualités et ses défauts, un enseignement qui garantit (plutôt mal) une certaine liberté d’accès, un enseignement qui permet à certains chercheurs et professeurs de maintenir une certaine indépendance à l’égard des pouvoirs politiques, financiers et sectaires,… Un enseignement surtout qui permet une très relative mixité sociale et un échange, une transmission de savoir qui relève un peu moins de la sphère marchande.

Le projet des autorités universitaires, d’une bonne partie du monde politique, des intérêts économiques qui rôdent autour de l’enseignement est un business plan pour une université - entreprise.
Concrètement : il s’agit de restreindre le nombre d’étudiants, de rationaliser l’offre de cours, de marchandiser l’espace universitaire, de rentabiliser le savoir. Les trois projets qui sont actuellement en cause auxquels on peut ajouter la privatisation de la Surveillance (appel d’offre remporté par Securitas), la disparition des lieux de convivialité ouverts à tous et non-marchand dans l’espace universitaire et évidemment l’augmentation continue du minerval , ne sont que les symptômes d’une gestion basée sur le principe réaliste du rendement budgétaire .
Pour être dans le top 5 européen auquel se résume le projet de gestion actuel, l’Université – entreprise doit être une université d’élite, écartant de fait son caractère démocratique assuré tant bien que mal par les mouvements universitaires précédents, par certains principes inscrits, grâce à un rapport de force, dans les Statuts de l’Université.
Alexandre Leduc, secrétaire à la coordination de l'AFESH-UQAM

L'histoire s'écrit d'abord dans la rue.
Duque
Compagnon de la lutte cybernétique
 
Messages: 521
Inscription: Ven Sep 16, 2005 4:43 pm

Retourner vers Mouvement étudiant

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité