Forums de l'ASSÉ

Bon d'abord j'aimerais spécifier que je voulais nommer mon message « L'utilisation de l'immigration pour combler le déficit démographique québécois est-elle une forme de mercantilisme?», mais le forum ne permet pas un titre si long.

Je me posais cette question aujourd'hui (sérieusement, ce n'est pas une tentative de justifier une positon réac par la bande). Comme vous le savez tous, à une certaine époque (pas nécessairement révolue), des pays comme la France, l'Angleterre, etc., pillaient sans vergogne les matières premières de leurs colonies. Puis les métropoles revendaient à prix fort les produits finis aux colonies. C'est ce qu'on appelle le mercantilisme.

Ces temps-ci, on entend souvent dire que l'immigration est la solution au déficit démographique québécois.

Mais voilà, les gens qui parviennent à quitter leur pays en difficulté sont rarement des idiots de village. C'est souvent une certaine élite intellectuelle. Donc dans un sens, c'est la matière grise de ces pays qui vient s'installer ici. Dans le contexte d'une économie basée de plus en plus sur le savoir (wouah comme c'est beau), et de moins en moins sur le travail manuel, peut-on assimiler cette utilisation que l'on fait de l'immigration à du mercantilisme? Les matières premières ont simplement été remplacées par de la matière grise. Ne nuit-on pas à ces pays en leur enlevant toute cette « élite »?

On peut effectivement se demander si les métropoles impérialistes ne cherchent pas à enlever la main-d'oeuvre qualifiée des pays dominés. En même temps, du point de vue du pays d'origine, l'immigration vers des pays impérialistes n'est pas toujours quelque chose de complètement négatif. Actuellement, le Vietnam encourage l'immigration vers d'autres pays avec l'idée qu'une partie des salaires gagnés retournent dans la famille qui reste dans le pays d'origine. Il est connu que beaucoup de jeunes portugais et espagnols qui travaillaient en France dans les années 60 retournaient de l'argent dans leur famille. Par ailleurs, il n'est pas sûr que les immigrants ne retourneront pas un jour dans le pays d'origine mûs du baggage intellectuel accumulé dans le pays d'accueil.

Il est vrai aussi que le manque de débouchés incitent des gens à quitter leur pays et ça prive ces derniers de ressources humaines. Ceci dit, si dans leurs pays d'origine, il y avait des vrais projets sociaux mobilisateurs, peut-être seraient-ils moins intéressés à quitter leur pays?

Ceci dit, je pense malgré tout que l'ouverture des portes à l'immigration est finalement beaucoup plus positifs que négatifs et cela pour tout le monde. Se mettre à utiliser un argument apparemment progressiste pour justifier une politique de restriction de l'immigration, ça ça serait réactionnaire. Il est quand même absurde que nous vivions dans un monde où les capitaux peuvent circuler librement alors que les êtres humains rencontrent pleins d'obstacles dans leurs déplacements.