de BenoitL le Ven Nov 14, 2008 12:29 am
Attention, le taux de participation aux élections de 2007 dépassait les soixante-dix pour cent, alors ça m'étonnerait drôlement qu'il chute à un niveau semblable à celui des fédérales de cet automne. Puis, comme on l'a souligné avant moi, que le taux d'abstention soit à trente, trente-cinq ou quarante pour cent, ça ne change en rien la légitimité et la légalité de l'élection. Que la moitié des électeurs boudent l'isoloir le jour du scrutin ne changera pas plus les choses. Ça laisse le champ libre aux forces du statu quo.
Les conclusions des analystes et des commentateurs politiques sur le cynisme des électeurs sont déjà écrites, et les abstentionnistes constituent une masse tellement hétéroclite qu'on peut difficilement s'en improviser les porte-paroles, même si plusieurs se permettent de le faire. Mais ça, c'est leur problème.
Je ne nie pas que la très grande majorité des électeurs qui s'abstiennent le font parce qu'ils ne se sentent pas rejoints par cette façon de faire de la politique, et qu'ils sont sans doute les plus critiques à l'endroit de la démocratie libérale et l'électoralisme. Là où j'ai un problème avec le dogme abstentionniste, c'est que le discours qui en découle ne promeut aucune alternative, autre que le refus de participer à l'exercice électoral. Une fois qu'on aura délaissé les urnes et qu'on aura pas «légitimé» la domination de la bourgeoisie, on fait quoi?
Il faudrait élaborer un plan d'action cohérent, dynamique et porteur d'une alternative. Mais ça requiert l'adhésion d'individus et de groupes à un projet commun, ce qui est tout le contraire des conséquences d'un refus de participation. Ça éparpille les voix au lieu de les rassembler, et au risque de me répéter, l'abstention n'est pas une alternative en soi.
La dialectique peut-elle casser des briques?