Une partie de l'histoire du mouvement étudiant

Discussions portant sur l'ASSÉ et le mouvement étudiant en général.

Une partie de l'histoire du mouvement étudiant

Messagede othozel le Mar Sep 20, 2005 10:42 pm

Je me permets, suite à certains commentaires qui allaient dans ce sens, de partir un nouveau sujet avec un message paru dans le sujet "Ces apprenti-politiciens qui nous envahissent", ce qui pourra vous permettre de le situer dans son contexte. Comme il n'y a pratiquement pas eu de débat là-dessus sinon des remises en question vides d'arguments et qu'ensuite les débats ont bifurqué, je vous invite à intervenir ici.

Pour ma part, j'insiste sur le fait qu'il semble y avoir des tentatives de révisionnisme historique après les faits pour présenter la grève comme construite par nos chères fédérations... Rappelons-nous qu'alors que des dizaines de milliers de personnes, même de leurs membres, étaient déjà en grève, celles-ci, via leur représentant et leur représentante, signifiaient qu'elle était prématurée... Le message suivant vise donc à rappeler des faits historiques afin de ne pas oublier:


Il y a bien des choses qui se disent sur l'histoire du mouvement étudiant et il arrive parfois que le mensonge ou des interprétations erronées aient force de loi. C'est alors qu'une remise à l'heure des pendules est nécessaire...

Je suis franchement désolé mais l'esprit de synthèse, ce n'est pas mon fort. Quand c'est trop, c'est trop.

Concernant l'échec de la grève de 1990, il y a plusieurs facteurs à considérer. Il n'est pas faux de dire que la grève de 1988 a eu un impact négatif sur celle de 1990. Avec son plancher presque impossible de 20 associations avant de déclencher (certaines personnes se rappelleront que c'était d'ailleurs la proposition de la FAÉCUM lors de l'AEQ d'hiver dernier, et après on se fait dire qu'on ne sait pas organiser une grève...) et son repli stratégique, on n'obtint pratiquement rien et cela eût pour effet d'effriter la confiance en la grève.

Mais ce n'est clairement pas tout: l'ANEEQ était alors divisée. D'une part, la prise de position de son Conseil Central contre toute législation linguistique de même que la présentation, toujours par le CC, de la grève de 1988 comme étant une victoire marquent une coupure de cette instance avec la base. Il y a aussi la création de la Fédération des Étudiantes et des Étudiants du Québec (FEEQ), ancêtre de la FEUQ, qui vient diviser l'ANEEQ avec des positions plus modérées. Eh oui, les mêmes qui prêchent aujourd'hui l'unité du mouvement étudiant! De plus, lors de la campagne de grève, le plancher qui est déterminé est d'une majorité d'asso de cégeps (25) et d'universités (6), donc de 31 associations... Un plancher pas possible quoi!

Finalement, et par dessus tout, pendant cette mobilisation, DES ASSOCIATIONS CONTRE LA GRÈVE SE RASSEMBLENT ET FORMENT LA FÉDÉRATION ÉTUDIANTE COLLÉGIALE DU QUÉBEC TANDIS QUE LA FEEQ CHANGE DE NOM POUR S'APPELER, COMME ON LE SAIT, LA FEUQ. Mais ça je suis sûr qu'on ne l'apprend pas dans un camp de formation de la FECQ...

La voici la première trahison, celle qui est constitutive des fédérations et qui a été la cause principale de l'échec de cette grève qui a fait en sorte, effectivement, que les frais de scolarité grimpent de plus du double! Et c'est la base de la division du mouvement étudiant actuel. Ce n'est pas le syndicalisme de combat comme Anne-Marie P. semble le croire. Quand on regarde l'histoire de l'ANEEQ avant 1988, c'est quand même 13 ans d'histoire, on constate qu'il n'y a pas d'attaque majeure contre l'éducation, même que des avancées concrètes sont obtenues grâce à l'application du syndicalisme de combat en 1978 et en 1986 notamment. Et vous me corrigerez si je me trompe mais il me semble qu'il y avait un certain dialogue entre l'ANEEQ et le gouvernement, seulement celui-ci n'était pas perçu comme un partenaire ou un éventuel employeur mais bien comme l'adversaire qu'il est en réalité.

Vous en voulez plus? En 1996, le Mouvement pour le droit à l'éducation (MDE) lance une campagne de grève contre la menace d'un dégel des frais de scolarité. Elle connaît un certain retentissement auprès des associations indépendantes. En plein mouvement de grève, la FECQ tergiverse encore: pourquoi pas faire des grèves rotatives (1 jour chaque, 1 après l'autre)? Alors que la grève bat son plein, la FECQ n'a toujours pas fait d'appel à la grève, ce qui ne l'empêche pas d'aller négocier en notre nom suite à l'invitation du gouvernement (ou de Pauline Marois, pour fin de rappel). Je ne l'oublierai pas de si tôt celle-là! Au sortir de ces négociations, on apprend que le gel des frais est maintenu. Hourra! Toutefois, il y aura dorénavant une taxe à l'échec pour toute personne coulant plus de 1 cours. 2e trahison!

Il faudra des années de lutte qui dureront jusqu'en 2000 ou 2001 si je me souviens bien pour que cette taxe soit abolie. Les associations indépendantes s'organisent d'abord avec le MDE puis sans lui après sa mort pour contrer cette taxe. Après des mois de travail et avec le concours de la FECQ au sein de la coalition, il faut l'avouer, une campagne fructueuse se met sur pied. Et quand vient le temps de négocier, alors qu'un comité a été mis sur pied en coalition à cet effet, devinez qui vient by-passer tout le monde? La oh combien merveilleuse FECQ, encore! 3e trahison. C'est d'ailleurs suite à celle-là que des associations décident de s'organiser pour arrêter de se faire avoir et fondent éventuellement l'ASSÉ.

Mais attendez, il y a la FEUQ aussi. En 2000 est convoqué un Sommet du Québec et de la jeunesse, perçu aujourd'hui dans certaines sphères comme étant un moment où la jeunesse a su montrer sa solidarité et son rapport de force au gouvernement à travers la concertation. Pendant que ces gens se vautraient dans le vin et fromage à l'intérieur, des centaines de personnes se faisaient gazer à l'extérieur... C'est qu'en fait, l'aile radicale du mouvement étudiant, dont le MDE, le dénonçaient et étaient dans certains cas en grève. Ce Sommet marquait le début d'une compétition entre les universités à savoir laquelle serait la plus à même de couper ses services pour se voir attribuer une part du mince gâteau que leur offrait le gouvernement. Les conséquences furent notamment une augmentation du nombre d'élève dans les salles de cours et des coupes drastiques dans la banque de cours tandis que les administrations redoublaient d'audace pour nous inventer de nouveaux frais afférents... Et la FEUQ y a donné son aval à cette grade avancée. 4e trahison.

Finalement, il y a la grève d'hiver 2005. Quand je lis:

Citation:
on dirait que vous n'avez pas compris comment partir un mouvement de contestation.


j'me dis que c'est ben le boutte. Alors qu'on y a travaillé pendant des mois, qu'on s'y préparait même l'année d'avant pour éviter que cette satanée réforme arrive, pis qu'on envisageait la grève au mois d'août quand on (l'AFESH) a appelé un Congrès extraordinaire. À dire vrai, je crois bien qu'au moins la moitié des associations de l'ASSÉ et le Vieux-Montréal étaient prêtes à la grève dès l'automne mais qu'on savait très bien que ce ne serait pas assez. On le disait depuis des mois qu'il fallait aller vers la grève et on y a travaillé d'arrache pied à en suer par tous les pores de notre peau pis on se fait dire

Citation:
on dirait que vous n'avez pas compris comment partir un mouvement de contestation.


Dire qu'il y avait des délégations de la FECQ lors de nos Congrès, il y en avait même un de Rimouski à quelques reprises. Pis en plus, L'APPEL À LA GRÈVE D'OCTOBRE APPELAIT À LA GRÈVE EN HIVER. Et tu as le culôt de nous expliquer c'est quoi une escalade des moyens de pression. D'ailleurs, cette fin de semaine, j'étais à une conférence de la Graduate Studies Association de Concordia et le représentant de la FEUQ nous expliquait leur escalade des moyens de pression aussi.

ON VIT DANS LE ROYAUME DU NOVLANGUE OU QUOI? ALORS QUE LA GRÈVE ÉCLATAIT À LA FIN FÉVRIER, COMME ON VOUS L'ANNONÇAIT D'AILLEURS, P-A PIS JULIE DISAIENT ENCORE QUE C'ÉTAIT TROP TÔT, PRÉMATURÉ! C'est un cas de mémoire sélective ou quoi? Et dans le cas de la FEUQ, y'avait déjà des milliers de leurs membres en grève! Il aura fallu attendre plus d'une semaine avant qu'enfin la FECQ appelle à la grève puis la FEUQ une semaine plus tard. Vous appelez ça envisager la grève sérieusement vous? Moi, j'appelle ça être complètement dépassé par sa gauche et par sa base et s'ajuster pour SURVIVRE! Car c'est bien de cela qu'il s'agit, d'une lutte pour la survie, de pas perdre la face.

Et il en va de même pour l'ENTENTE. Quand le temps du budget était passé, la plan d'action des fédérations avait complètement échoué, il fallait sauver les meubles. Appelons le fédéral pour qu'il donne de l'argent qu'il nous doit déjà, arrangeons-nous avec le provincial pour faire comme si on négociait de quoi et ainsi, le gouvernement semble faire une concession et les fédérations obtiennent une victoire! 5e trahison.

Mais attention. Si les gens sont rentrés en classe, c'était plutôt suite à l'épuisement (jusqu'à 7 semaines de grève, c'est du jamais vu dans l'histoire du mouvement étudiant). Des associations représentant plus de 110 000 personnes (sur 180 000 en grève au début avril) rejettent l'entente. Si ça a passé à la FECQ, c'est parce que des associations qui n'ont pas ou peu participé à la grève l'ont accepté. Les gens de Rimouski devraient s'en rappeler. Il est vrai qu'il y a un bon potentiel militant à la FECQ, ou plutôt au sein de certaines associations membres dont la plupart sont d'anciennes associations de l'ANEEQ comme vous , mais votre potentiel est freiné voire même contré par votre fédération et c'est fort triste. Il en va de même pour les individus de bonne volonté.à

Et le mythe du "une grève à chaque session" pour l'ASSÉ est complètement faux. Je me trompe peut-être mais à mon souvenir la seule autre campagne de grève était celle de l'année d'avant, vous savez, celle qui voulait empêcher la réforme contre laquelle nous nous sommes battu cette année.

Si nous n'avions pas travaillé à la grève, elle n'aurait pas eu lieu. Telle est la réalité objective: on vous a poussé dans le dos. J'espère qu'un jour les gens qui en doutent s'ouvriront les yeux.

Et désolé pour la longueur mais ça m'a vidé le coeur... et, je l'espère, remis des pendules à l'heure!
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Messagede exocortex le Mer Sep 21, 2005 2:00 am

phil, quand jétais au camp de formation de la fecq, loratrice (genevieve baril) a dit que laneeq avait démontré que les cégep + universités ne font pas bon ménage dans une structure nationale. Je dirais que ma relative expérience à l'assé m'a démontré le contraire et qu'on peut s'arranger pour coordonner les 2 (comme avec les caucus cégep/université pour formuler des propositions en congrès, ou les cram, et je dirais que sa accentue la solidarité cégep/université) mais je voudrais savoir ce que tu (toi ou quelqu'un dautre) en penses...
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Messagede Andrew Koster le Mer Sep 21, 2005 12:28 pm

Je sais pas... je peut bien croire que ça marche à l'ASSÉ, mais c'est probablement parce que les assos universitaires plus progressistes et radicales, comme l'AFESH-UQÀM, sont présents à l'ASSÉ. Contrairement à, par exemple, la FEUQ, où les facultés plus de "droite", comme administration, sont beaucoup plus présentes.

Ça marche probablement à l'ASSÉ parce qu'elle y a une idéologie de base qui réunit les associations membres. Par exemple, si tu n'est pas pour la gratuité scolaire, il y a de bonnes chances que tu ne voudrait pas rentrer à l'ASSÉ. La dynamique est très différente avec la FECQ et la FEUQ, où l'"idéologie" change dépendant des associations membres, ce qui fait que la FECQ est pour la gratuité et la FEUQ ne l'est pas. En prenant nos positions séparément, ça marche, mais je vois mal comment ces différences d'opinion pourraient être reconciliées à l'intérieur d'une même fédération.
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Messagede lpsavoie le Jeu Sep 22, 2005 5:32 pm

Alternativement, il y a juste beaucoup moins de monde autour de la table de l'ASSÉ qu'il pouvait en avoir autour de la table de l'ANEEQ. Plus une assemblée est large, plus c'est complexe à gérer. 12 associations versus peut-être une trentaine, possiblement plus (remarquez que je lance un chiffre relativement aléatoirement, mais ça serait probablement dans ce coin-là ...)
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Messagede othozel le Mer Fév 15, 2006 12:30 am

Je me permets de prendre une section de texte d'un autre sujet pour ranimer celui-ci parce que je me dis que peut-être des personnes seraient intéressées à y réagir et aussi parce que l'autre sujet a été vérouillé par Francis le terrible. Compte tenu de la nature historique des questionnements d'Anne-Marie et de ma réponse, c'est ici.

Lassé et la fecq ont pas assez de membres pour que leur actes fonctionnent indépendament de laide de dautres regroupements. Pour les grèves il faut à mon sens un poids plus gros que les 30 000 membres de lassé, et à la limte plus gros que les 70 000 membres de la CASSÉE. LASSÉ peut faire des gains uniquement par la grève (au national), et parfois sa floppe (comme en 2003) pcq ils sont tous seuls à partir.
La FECQ/FEUQ font des gains sans les grèves mais elles sont souvent aidées par dautres regroupements : par exemple, pour les transferts fédéraux toutes les institutions de l'éducation au québec se sont positionnées pour. Par contre les stratégies de la fecq/feuq pour sortir le vote jeune ne fonctionne pas. Cest de lénergie perdue et sa fait plus légitimer un systeme que le changer.

Je reproche à la FECQ/FEUQ davoir peur de se bouger le cul pour faire des GGI alors que cest un moyen très efficace, et je leur reproche davoir un seul objectif pour les gains (au temps de laneeq ils faisaient 2-3 gains par GGI). Par contre, ils obtiennent des gains entre les temps de greve ce qui est louable, et plusieurs de leurs assos ont fait des gains sans utiliser des moyens radicaux (comme édouard-montpetit). Je suis pour une réforme de la FECQ/FEUQ au niveau de leur attitude récupératrice et au niveau de choses comme les stratégies dactions jeunesses qui font dépenser beaucoup dénergie pour pas grand chose, et surtout au niveau de leur transparence et de laccessibilité. Je crois plus en la réforme culturelle de la FECQ qu'en sa destruction.

Je crois que lassé à sa raison detre de 1 par sa remise en question radicale du systeme et de 2 par ses moyens dactions mobilisateurs en tout temps : elle assure un roulement au niveau de la mob et elle botte le cul aux assos quand elle s'y prend bien. Mais, je crois qu'il est utopique de vouloir abattre les fédés : elles se reconstruiront de leurs cendres (et de plus cest croire en lunion du mouvement étudiant autour du syndicalisme de combat). Certaines assos de la fecq/feuq ont une culture institionnelle tellement encrée profondéemment qu'il est quasi-impossible de faire en sorte que les assos soient pro-syndicalisme de combat. La seule solution serait les putsch mais un comité mobbe anti-fédé ne fait pas le poids contre une ag-regroupements de comité-exec pro-fédé. De plus jimagine que certaine asso ont une charte qui permet difficilement les putsch (comme à Ahunstic) et certaines assos fonctionnent dans un systeme quasi-monarchique dans leur succession (mais bon le mouvement étudiant nest pas un bloc monolithique donc sujet à des changements culturels). La seule alternative viable à mon sens est que lassé devienne assez grosse pour by-passer les fédés en tant de grève. Si elle accepte en tout temps de "négocier" en période de rapport de force et si elle est capable par le fait même de se rallier en partie la population elle ne peut qu'en sortir gagnante.
Et il y a toujours une question fondamentale dont je ne trouve pas la réponse : laneeq a-t-elle déjà fait des gains ou y a-t-il déja eu des aquis ou des pertes en éducation entre les GGI?

On peut faire un lien facile avec les indépendantistes : tenter de contrer la division du mouvement étudiant en erradicant les corporations fédératives du type assé/fecq/indépendance. De plus, avoir une vision libertaire en pronant le libre choix des assos de pouvoir sassocier en tout temps avec qui elle le désire sans être contrainte par des limites corporatives, et rajoute par-dessus sa un journal inter-cegep pour les infos et sa fait une vision simple que certains indépendantistes peuvent avoir.
De 1 sans corporations il y a moins defficacité, moins de rapport de force, pas de congrès, pas dexécutants nationaux et pas de recherchistes (noublions pas que ces gens pronent un mouvement étudiant non-fédératif). Aussi, ce nest pas vrai que magiquement lunion du mouvement étudiant va apparaitre : les assos ont leur culture historique et leur maniere de faire, certains vont être nostalgique des anciens mouvement nationaux, etc. Il va toujours, à mon sens, avoir des divisions idéologiques dans le mouvement étudiant.
Bon je pourrais maintenant renchérir sur le local et non sur le national pour répondre à la fin de ton post mais jsuis fatiguées décrire. On peut prendre une biere et en parler si tu veux.

salutations molles.


Je ne crois pas qu'il faut être plus de 70 000 membres pour "fonctionner sans l'aide de d'autres regroupements." Comme l'exemple des grèves de 1978 et 1986 l'a démontré alors que le RAEU n'était plus de l'ANEEQ, ce qui ramène son membership à environ ça, 70 000. Notons que ces grèves permettent notamment des améliorations et des engagements clairs pour le maintien du gel (avant le premier dégel de 1990). De plus, les gouvernements ne mène pas d'attaque sérieuse contre le mouvement étudiant, autre signe de sa force. Évidemment, l'aide des autres association étudiante est toujours nécessaire dans de telles mobilisations, la CASSÉÉ et les associations qui ont gravité autour par exemple. Il ne faut toutefois pas s'attendre à ce que des associations qui qui n'ont que peu d'expériences de travail communes et qui se regroupent en coalition en un mois puisse avoir le retentissement d'une association nationale aux reins solides.

De plus, je ne crois pas pour ma part que l'ASSÉ ne peut faire des gains que par la grève. Nous pourrions aussi empêcher des attaques par notre solidité si davantage d'associations progressistes joignaient nos rangs. Et nous savons combien le gouvernement nous redoute davantage que les fédérations qui leur mange dans la main (lire le reste de l'historique dans ce sujet ou l'article dans l'Ultimatum d'automne dernier pour plus d'information). Notez d'ailleurs qu'il y a un potentiel que l'ASSÉ atteigne 40 000 membres dès cette session et que la FECQ tombe sous la barre des 30000 membres réels... Et il n'y a pas de campagne de désaff prévue parmi nos rangs à date, ce qui est une preuve de notre cohésoin actuelle, sans compter le dernier congrès, l'un des plus matures et agréables qu'il m'ait été donné de vivre, où une cinquantaine de gens de l'ensemble des associations membres de l'ASSÉ, de la FECQ, de la FEUQ et non-affiliées se sont rencontrés dans la camaraderie la plus totale. Y'en a qui doivent avoir des sueurs froides... Et il ne faut pas oublier le soutien aux associations membres et parfois non-membres dans leurs différentes luttes locales et ce en même temps que des campagnes d'affiliation comme c'est le cas actuellement. Ça c'est du solide, et c'est une ASSÉ avec un peu plus de 30 000 membres.

Ce sont la cohésion interne, la combattivité et la rigueur tant dans l'intégrité générale que dans l'application des mandats et dans le discours d'une association nationale qui en font la force et permettent l'obtention de gains au quotidien. Nous pouvons obtenir des gains, ce qui nous nuit réellement c'est le bras étudiant du gouvernement que sont les fédérations qui font de la gestion de coupures présentée comme des gains et/ou qui récupèrent presque systématiquement nos luttes sur la base de leur prétention à représenter "la jeunesse" et les étudiantes et étudiants du collégial et de l'universitaire. Après quinze années à tenter de réformer ces organisations pourries à la base année après année et que les énergies s'y perdent tandis que les reculs en éducation s'accumulent, ce sont ces organisation qui, actuellement, éclatent de l'intérieur. Enfin, le colosse au pied d'argile tremble...et l'ASSÉ ne peut qu'en ressortir grandie, pour le mieux du mouvement étudiant à mon avis (quelle surprise!). La tendance concertationniste ne disparaîtra peut-être pas mais moins elle est forte, plus le mouvement étudiant est combattif. Et plus le mouvement étudiant est combattif, plus on obtient de gains. C'est tout.

Pour le reste de ton texte, je crois que tu apportes de bonnes réflexion. Je vais me contenter, puisqu'il est tard, de répondre au questionnement que tu soulevais il y a quelques mois.

phil, quand jétais au camp de formation de la fecq, loratrice (genevieve baril) a dit que laneeq avait démontré que les cégep + universités ne font pas bon ménage dans une structure nationale. Je dirais que ma relative expérience à l'assé m'a démontré le contraire et qu'on peut s'arranger pour coordonner les 2 (comme avec les caucus cégep/université pour formuler des propositions en congrès, ou les cram, et je dirais que sa accentue la solidarité cégep/université) mais je voudrais savoir ce que tu (toi ou quelqu'un dautre) en penses...


Je crois que oui, ça accroît la solidarité et que pour obtenir des gains réels dans l'éducation post-secondaire. Pour ce qui est "de ne pas faire bon ménage", je crois que ce n'est ni complètement faux ni complètement vrai. Je crois que des associations universitaires d'envergure facultaire, modulaire ou de petites UQ et des cégeps peuvent s'entendre mais que ça devient sûrement difficile avec des grosses associations comme la FAECUM ou la CADEUL par exemple. Pour le reste, je crois qu'Andrew a raison..
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Messagede exocortex le Jeu Fév 16, 2006 3:21 pm

Je ne crois pas qu'il faut être plus de 70 000 membres pour "fonctionner sans l'aide de d'autres regroupements." Comme l'exemple des grèves de 1978 et 1986 l'a démontré alors que le RAEU n'était plus de l'ANEEQ, ce qui ramène son membership à environ ça, 70 000. Notons que ces grèves permettent notamment des améliorations et des engagements clairs pour le maintien du gel (avant le premier dégel de 1990). De plus, les gouvernements ne mène pas d'attaque sérieuse contre le mouvement étudiant, autre signe de sa force. Évidemment, l'aide des autres association étudiante est toujours nécessaire dans de telles mobilisations, la CASSÉÉ et les associations qui ont gravité autour par exemple. Il ne faut toutefois pas s'attendre à ce que des associations qui qui n'ont que peu d'expériences de travail communes et qui se regroupent en coalition en un mois puisse avoir le retentissement d'une association nationale aux reins solides.


Questions : Pendant la grève de 1978, quelles étaient les implications du RAEU? sa métonnerait quil soit rester assis sur leur cul pendant une GGI et de plus, ils étaient encore au sein de l'ANEEQ (ils se sont définitevement séparé en 1981) et on sait quils pronaient le concertationnisme avec les péquistes, qui étaient au pouvoir en '78. Ils ont du, à tout le moins, faire des grosses pressions interne au sein du PQ...? Ont-ils été un facteur dans lobtention des gains?
Et lors de 1986, quelles étaient les implications de la FAECQ et du RAEU?
(note que jai fait quelques recheches sur internet mais je nai pas trouvé grand chose)
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Messagede BlacKGuarD le Jeu Fév 16, 2006 3:59 pm

Le camarade Phil semble posséder une meilleure connaissance de l'histoire du mouvement étudiant que moi, aussi lui laisserais-je le soin de te répondre, Anne-Marie.

Si je me permets ce commentaire, c'est que j'ai envie de pousser une petite réflexion.

Depuis toutes les années que je suis le mouvement étudiant, j'ai remarqué que les associations concertationnistes, lobbyistes et/ou fédératives ont toujours tenté de récupérer chaque investissement et de s'en attribuer le mérite.

Ma réflexion va en ce sens:

-Comment peut-on savoir que c'est en effet dû aux efforts dudit regroupement concertationniste qu'il y a eu un investissement/des coupures moins importantes?
-Comment partager la part de "mérite" qui peut en somme revenir à bon nombre de regroupements, ne serait-ce qu'à ceux et celles qui pratiquent la véritable grève générale et l'appliquent dans la rue dans les assemblées?
-Comment savoir que les efforts de certains groupes concertationnistes furent réellement les géniteurs de gains/coupures moins importantes/promesses?

Selon mon expérience directe, c'est les moyens d'action directs qui font fléchir le gouvernement et non des petites réunions ou l'on trahit l'étudiantE moyenNE le temps de crier "entente". L'exemple des syndiquéEs de la CSN et de la FTQ est d'ailleurs éloquent quant aux limites du concertationnisme, du lobbyisme et de la "non-grève générale". Les grèves rotatives comme la FECQ et la FEUQ voulaient la faire? On a qu'à regarder ou en sont les syndiquéEs de la CSN et de la FTQ aujourd'hui pour se rendre compte de l'absurdité d'une telle tactique. L'absence de réel mouvement combattif (la CASSÉE, par exemple :roll: ) chez les milieux syndicaux (CSN, FTQ, CSQ, etc.) aura donné les résultats que l'on connait aujourd'hui (pire décret de l'Histoire du Québec).

J'y vois là le meilleur exemple d'un scénario sans réel mouvement combatif et des limitations (de l'inefficacité) du lobbyisme et du concertationnisme.

Le jour ou les mouvements de masse ne se feront plus récupérer, les gouvernantEs trembleront.
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Messagede othozel le Jeu Fév 16, 2006 10:30 pm

J'ai fouillé un peu dans le document suivant:

http://www.asse-solidarite.qc.ca/docume ... 202005.pdf

Voici ce que j'ai trouvé sur 1978. Concernant les élections

Mais la tendance "radicale" (majoritaire dans les cégeps) l'emportera de justesse, tandis que les "modérés" (basés surtout sur la CADEUL) se replient sur le RAEU.


Puis,

LANEEQ restera un symbole de radicalisme politique et de mobilisation de masse jusqu'à la fin. Les adeptes de la modération et de la concertation devront donc constituer leurs propres organisations. Ce qui sera fait en 1981 avec la rupture entre le RAEU et l'ANEEQ et la fondation de la FAECQ (Fédération des associations étudiantes collégiales du Québec).


Pour ce qui est de 1986:

Pendant la campagne électorale, sous la pression de son aile jeunesse, le PLQ promet de maintenir le gel des frais de scolarité. Ce changement de régime annonce le déclin rapide du RAEU et de la FAECQ, des organisations complètement contrôlées par des jeunes du PQ dont la principale motivation était de se faire valoir auprès de "leur" gouvernement.


et:

En même temps, le succès de l'ANEEQ contre le gouvernement libéral sonne le glas pour le RAEU et la FAECQ qui disparaissent dans les mois suivants.


sur cette base, je crois juste de dire, pour répondre à ta question, que les gains ont été fait par le syndicalisme de combat que pratiquait l'ANEEQ et non par le travail de concertation de ces organisations qui meurent après ces mobilisation victorieuses. C'est un peu comme si les fédérations n'avaient pas fait le choix politique d'encourager la grève une fois clairement dépassées par leur gauche... Pourraient-elles clâmer aujourd'hui que le retour des 103 millions était le fruit de leur seul travail (du moins elles ne nomment qu'elles-mêmes). Existeraient-elles encore?
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Messagede othozel le Mer Fév 22, 2006 8:22 pm

Je me permets de répondre brièvement ici à une partie de réponse de M. Laroche dans un autre sujet afin de ne pas faire dévier ce dernier et, qui sait, relancer (ou plutôt simplement lancer) un débat sur celui-ci:

La FECQ a convenu lors de ce Congrès, en novembre 2004, d'entamer la mobilisation pour la grève à compter de février 2005 s'il n'y avait pas de développement d'ici là, avec comme objectif d'avoir une grève et un rapport de force maximal à la mi-mars, soit à quelques jours du dépôt prévu du budget provincial. J'ai été au premier chef de la mobilisation pour la grève à l'AGEECJ. Et la FECQ a parfaitement respecté les échéanciers qu'elle s'était fixés, avec la tenue de la plus grande manifestation de l'histoire du mouvement étudiant le 16 mars 2005. L'AGEECJ a fait trois semaines de grève (15 jours de classe manqués), autant que la majorité des associations au Québec,


1- Aucune preuve n'existe de ce qui est avancé ici
2- Selon les gens de l'AGECVM qui étaient à ce Congrès, la grève a été adopté de concert avec une myriade d'autres moyens d'action sans élaboration
3- À l'AÉQ de janvier 2005, le plan en question (pression pour le dépôt du budeget) était surtout présenté par la FEUQ et, mieux encore, plusieurs associations membres de la FECQ questionnaient ce plan, qui prévoyait le début de la grève à la mi-mars, puisque leurs dates d'AGs étaient déjà fixées et, dans certains cas, avant la mi-mars et parce qu'il semblait venir de la FEUQ
4- Le budget provincial a été repoussé à plus tard, souvenons-nous
5- À mon avis, le plan a somme toute foiré
6- Pour sauver la face selon moi, les négociations ont tout de même eu lieu dans la dernière fin de semaine de mars

Je vous laisse tirer vos conclusions mais j'aimerais souligner ceci, qui, bien qu'hors contexte, reflète bien la réalité qui s'est produite:

d'entamer la mobilisation pour la grève à compter de février 2005 s'il n'y avait pas de développement d'ici là


Et aujourd'hui, on nous dit que la grève a été travaillé pendant des mois, hum...

Merci Laroche d'écrire sur ce forum, je t'adore vraiment!
Phil
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othozel
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