http://www.cyberpresse.ca/article/20080 ... ACTUALITESLe samedi 12 avril 2008
Une invention qui fait fuir les adolescents
Laura-Julie Perreault
La Presse
Adolescents: ne vous pincez pas si vous entendez un bruit strident cet été. Pour combattre la délinquance juvénile dans certains quartiers de la métropole, la Ville de Montréal compte mettre à l'essai un appareil controversé en Europe et qui a comme seule cible les oreilles des jeunes âgés de 13 à 25 ans.
Inventé en Angleterre en 2005, le dispositif Mosquito (moustique en français) émet des ultrasons à une fréquence de plus de 16 000 hertz que les enfants en bas âge et la grande majorité des adultes ne peuvent pas entendre. Cependant, le son de l'appareil, qui a une portée d'environ 20 mètres, indispose et fait fuir les adolescents et les jeunes adultes qui y sont exposés plus de deux ou trois minutes. «Comme un moustique qui bourdonne à l'oreille, ceux qui l'entendent veulent s'en débarrasser au plus vite», soutient Mike Gibson, président de la compagnie Moving Sound Technologies, qui vend le Mosquito au Canada et aux États-Unis.
D'abord mise à l'épreuve en Europe, où elle a soulevé l'ire de plusieurs parents et de groupes de défense des droits, l'invention est utilisée depuis l'an dernier dans plusieurs commerces de la Colombie-Britannique, porte par laquelle le Mosquito a fait son entrée au Canada.
Dans la province de l'Ouest, quatre dépanneurs Mac's (une division d'Alimentation Couche-Tard) l'utilisent pour disperser les groupes de jeunes flâneurs qui intimident les clients. Des écoles l'ont aussi adopté et le mettent en marche après les heures de cours pour éloigner les malfrats. Des appareils ont aussi été vendus en Saskatchewan et au Manitoba. En tout, au pays, plus de 130 sont en activité.
Moustique antigraffitis
Montréal lorgne cette récente invention du coin de l'oeil. En décembre dernier, plus de 40 personnes ont assisté à une séance d'information organisée par la Ville de Montréal, dans les locaux de l'école Jeanne-Mance. Des représentants de l'administration municipale, d'arrondissements, d'Hydro-Québec, du ministère des Transports et de commissions scolaires ont alors pu voir le Mosquito en action.
Conseiller en planification de l'unité de propreté de la Ville de Montréal, Raymond Carrier ne cache pas que l'utilisation de l'appareil soulève de nombreuses interrogations. «On a demandé à la compagnie des preuves médicales démontrant que ça ne cause pas de torts. Et il y a des questions morales qui se posent. Est-ce cette technologie est moralement acceptable? On est dans l'inconnu», a dit hier M. Carrier.
Malgré ces réserves, la Ville veut savoir si le Mosquito pourrait lui être utile dans sa lutte contre les graffitis. M. Carrier aimerait installer le dispositif dans un tunnel prisé par les graffiteurs, mais déserté par l'ensemble de la population qui ne s'y sent pas en sécurité. Il ne veut pas divulguer l'endroit exact du projet-pilote. «Il faut faire l'expérience avant de donner un verdict final», soutient le conseiller en planification.
Des droits attaqués
À la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, le dispositif fabriqué en Grande-Bretagne soulève déjà des inquiétudes et ce, même si l'organisme n'a pas encore étudié de près son utilisation ou reçu de plainte à son sujet. «À première vue, il semble que le Mosquito porte atteinte à plusieurs droits. La Charte protège l'accès aux lieux publics pour tous, la liberté de réunion pacifique et l'égalité des individus sans discrimination fondée sur l'âge», avance Diep Truong, agente d'information à la Commission.
Le vendeur du dispositif rétorque de son côté que sa société a mis en place des règles pour éviter les abus. «Nous ne vendons le Mosquito qu'aux commerces, aux corps de police et aux établissements gouvernementaux», soutient Mike Gibson. Selon lui, les jeunes qui circulent normalement ou font des achats dans les magasins munis du dispositif à ultrasons subissent peu ou pas d'inconvénients. «C'est quand on n'est pas là pour les bonnes raisons que ça nous dérange.»
La Presse a testé la fréquence à ultrasons sur trois adolescents hier. Les deux filles, toutes deux âgées de 15 ans, ont trouvé le bruit intolérable après une quinzaine de secondes. «Ça me donne mal à la tête, ça me tape sur les nerfs», a dit Tamara Rose après avoir entendu un enregistrement. Le garçon, à l'aube de la majorité, entendait bien le bourdonnement, sans le trouver horripilant.
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