À la direction de l'UQAM,
Il faudrait être aveugle pour ne pas constater l'escalade démesurée des moyens pris par la direction de l'UQAM pour gérer la grève étudiante qui a présentement lieu. Cette escalade démontre de votre part une attitude déplorable, qui va à l'encontre des principes qui doivent guider la vie en Université. Les mesures anti-démocratiques et la répression honteuse dont vous avez usé n'ont pas de place en ces murs, en nos murs.
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Accès aux locaux
Tout a commencé par un nouvel horaire d'ouverture et l'application d'une règle qui en est à sa première session d'existence. Celle-ci vise à exiger des étudiants qui veulent rester à l'UQAM après les heures d'ouverture, y compris les associations étudiantes, qu'ils se procurent une autorisation. En soi, cette règle vient changer, après des années de tranquilles compromis tout à fait cohérents avec l'esprit d'ouverture de l'UQAM, les rapports qui devraient unir les étudiants avec leur institution.
« Les nouvelles heures n’ont rien à voir avec la possibilité d’une grève des étudiants », disait en votre nom, dans le journal Campus du 26 septembre, la directrice de l’Accueil et soutien aux projets étudiants des SVE, France Turbide. Hasard, alignement des astres? Il se trouve que cette règle a été appliquée pour la première fois le mercredi 7 novembre, après que le premier mandat de grève fût voté.
La première conséquence de son application fut d'handicaper la capacité d'organisation des différentes associations étudiantes. Les étudiants vous ont demandé de façon soutenue de réviser ce règlement. Cela semble ne pas avoir été entendu, ni même considéré. Nous continuons et continuerons de l'exiger. Devant le maintien de votre position, nous croirons légitime d'affirmer que votre intention était bel et bien d'étouffer le mouvement de grève.
Il serait difficile pourtant de vous prêter de telles intentions, sachant que vous considérez qu'il n'y a pas de grève à l'UQAM, mais plutôt un « boycott ». En témoignent vos courriels à l'attention des étudiants et du personnel enseignant des 7 et 8 novembre respectivement. D'où vient cette étrange position, contre laquelle nous nous posons en faux?
Idéologie des communications internes.
En 2005, vos documents internes parlaient bel et bien d'une grève étudiante. Aujourd'hui, dans une situation semblable, tout laisse croire que vous avez perdu votre sens de la démocratie et de la liberté d'association, niant aux étudiants le droit d'appliquer les moyens de pression qu'ils jugent légitimes afin de faire changer une situation à laquelle ils s'opposent massivement. Vous allez jusqu'à faire du révisionnisme historique en parlant du « boycottage des cours, au trimestre d'hiver 2005 ».
Les étudiants des diverses associations en science politique et l'AFESPED ont par ailleurs fait la démonstration de l'inopportun de cette lettre, tant sur le plan de la forme que sur le choix du moment de son envoi. Ils soutiennent, dans un message adressé à Mme Lamoureux, que de « parler de boycottage au lieu de grève dans un moment aussi délicat (rappelons que toutes les associations facultaires ne s’étaient pas encore prononcées au moment de l’envoi du message) apparaît particulièrement provocateur voire méprisant devant l’ampleur du phénomène et l’appui étudiant qui s’en suit (cinq des sept facultés ont un mandat de grève). ». Nous partageons cet avis.
Dans les énoncés de principe de la charte des droits et libertés des étudiants de l'UQAM, il est clairement question des libertés fondamentales reconnues par l'université nommément « la liberté d'opinion, la liberté d'expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d'association. » Or dans le liminaire de vos positions récemment communiqué en septembre 2007, vous faites une grave omission. Où se trouve le droit à l'association aux côtés de ceux à la manifestation et à la liberté d'expression que vous nous reconnaissez?
C'est pourtant en vertu du droit à l'association que nous pouvons décider démocratiquement d'actions comme cette grève que vous niez. Cette omission peu reluisante nous permet de comprendre ce sur quoi vous appuyez votre discours de délégitimation de la grève et, à sa suite, de tout le mouvement étudiant. Les décisions qui sont prises en assemblée générale concernent, nous le savons, nous l'avons toujours su, tous les étudiants qu'une association facultaire représente. Il serait pervers de tenter de nous en faire croire le contraire.
La police dans les murs de l'UQAM?
Les premiers à s'être fait expulser par les gardes de sécurité depuis que le nouvel horaire est appliqué ont entendu rapidement, très rapidement même, des menaces d'intervention policière. Ils n'osaient croire que l'administration pouvait s'abaisser à entrer de la sorte en guerre contre ses étudiants. Pourtant, vous l'avez fait, et plus promptement que ne le demandaient la raison et le sens démocratique.
Une trentaine de voitures de police postées devant l'UQAM en temps de manifestation pacifique, cela laisse planer l'impression d'un danger imminent et d'une hostilité que vous semblez nous prêter depuis vos premiers courriels. Vous avez fait entrer la police massivement en ces murs, pour expulser des étudiants posant une action de résistance pacifique. Pour qui prenez-vous les étudiants de votre université?
Nous refusons de croire qu'il s'agit d'une façon acceptable de traiter les étudiants. Il est étonnant qu'on oppose à la présence étudiante et à ses revendications la force physique. Nous n'avons pas d'armes de mort, mais des questions utiles. Nous voulons des réponses, pas des policiers. Ce refus de dialoguer est indigne des valeurs de diversité d'opinions et d'idées qui doivent régner dans une université. L'UQAM développe et promeut des disciplines aussi diverses que la gestion, les arts visuels, l’histoire, les sciences politiques et l’environnement. Que la diversité des perspectives qui en découle soit si drastiquement réprimée aujourd'hui est indigne de votre part.
Nous sommes, et nos protestations contre l'érection de l'Îlot voyageur l'ont montré, lucides quant à la condition de l'UQAM. Ne vous en déplaise, ces positions sont parfois contraires aux vôtres, mais il est du devoir d'une institution universitaire comme l'UQAM, de ne pas en entraver l'expression.
Vos agissements des derniers jours sont une honte et nuisent de façon durable à l'image et surtout à l'esprit de l'UQAM. Nous vous demandons de répondre publiquement de ces agissements et de nous prouver que nous pouvons toujours avoir foi en l'administration de l'UQAM pour défendre les valeurs qui doivent y prévaloir.
Guillaume Martel LaSalle, président de l’Association des étudiants de cycles supérieur en études littéraires
Dominique Charron, étudiante en études littéraires
Mathieu Charbonneau, étudiant en journalisme
En notre nom et en celui du Rassemblement des Artistes Très Sensibilisés (R.A.T.S.)
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Les RATS
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