Alors que nous avons eu la chance extraordinaire d'entendre les révisions historiques de l'individu Laroche concernant le discours officiel de la FECQ au congrès de novembre 2004 ainsi qu'avoir lu les allusions d'Antoine, allusions fantasmagoriques qui laissent entendre que la FECQ a préparé la grève bien avant l'ASSÉ, il semble que la vérité n'est pas encore connue. C'est l'exercice que je tenterai de faire ici.
D'abord, nous sommes allés au congrès avec une gang d'amiEs qui voulaient bousculer les associations locales présentes pour qu'elles décident de prendre des mandats de grève le plus tôt possible. Nous au Vieux, nous avions eu notre mandat en faveur de la grève générale illimitée à la session hiver 2005 et adopté une version quasi intégrale de l'ultimatum de l'ASSÉ en AG datant d'octobre 2004 si mes souvenirs sont exacts. Conséquemment, nous voulions avoir une vision juste de la réalité des associations de région et pour cela, il fallait s'impliquer à l'externe.
Arrivé au congrès de la FECQ, au point plan d'action, il ne fut jamais adopté le principe de grève. En fait, absolument rien n'a été adopté et il y a une raison pour cela. Les idéologues du type Jonathan Plamondon croyaient que les pressions exercées sur le parti libéral via sa section jeunesse allaient donner l'impulsion nécessaire aux groupes étudiants crédibles pour convaincre le Ministre de l'éducation d'annuler sa réforme lui-même. Il y avait un congrès du parti libéral bientôt; la FECQ-FEUQ était confiante que les éléments modérés du parti, personnes qu'elles avaient sollicité directement avec ses techniques habituelles de drague, serait en mesure de convaincre le parti du bien fondé d'un retour en arrière.
Pendant ce temps, les têtes merveilleuses de la FECQ-FEUQ rencontraient une à une les élites politiques, en catimini, comme d'habitude. Beaucoup d'énergies ont été gaspillé dans cette délicate opération de lichage de culs que seules les fédérations ont le secret.
Revenons au congrès. Alors que la FECQ était au point plan d'action, personne n'allait rien à proposer. Personne n'avait de mandats, ni sur la grève ni sur des actions en particulier à entreprendre. Nous avons essayé sans succès d'aborder la cruciale question de l'organisation de la grève et de l'importance d'adopter en AG promptement des mandats de grève générale illimitée.
À part Édouard-Montpetit, aucune association membre de la FECQ n'avait encore envisagé la grève, mais certaines semblaient intéressées tout de même. La stratégie de l'exécutif de la FECQ pour éteindre l'incendie et ainsi s'assurer l'hégémonie politique a été de dire qu'elle n'était pas rendu à organiser la grève, mais davantage des actions d'éclat, comme Montebello j'imagine. Constamment, Jonathan Plamondon est revenu sur l'importance des actions et il a occulté volontairement l'organisation de la grève. C'est dire que la FECQ de l'exécutif désirait cacher son plan aux membres en vue de mieux contrôler les actions et la possible grève.
Édouard n'aimait pas la grève générale illimitée, il utilisait donc un mot codé pour mieux cacher aux populations réactionnaires de certains cégeps, à commencer par le sien, la véritable notion de grève générale illimitée. Un procédé typiquement politichien. Je ne me souviens pas de la terminologie, mais c'était certes ridicule.
Le discours d'Édouard-Montpetit était farfelu et n'avait aucune base historique. L'exécutif voulait attendre à la mi-mars pour commencer la grève si elle était nécessaire, parce que sinon, disaient-ils, nous n'aurions plus de force au moment où le budget annuel serait déposé fin mars. Il négligeait volontairement des problèmes reliés à l'asymétrie des semaines de relâche au niveau national et les retards survenus quant à la préparation de la grève. De plus, il est clair que la population étudiante en voie de compléter la session aurait été moins portée vers la grève pour des raisons professionnelles. En fait, inconsciemment peut-être, les chefs d'Édouard-Montpetit se faisaient le relais des discours officiels des politiciens, rassurants et mous, qui prévoyaient que le ministre Séguin allait aller à l'encontre des valeurs préalablement exprimé par Charest. Malheureusement, c'est Séguin qui a prit le bord du cabinet et non Charest!
Et que dire du fait qu'il y a eu des retards quant à l'adoption du budget à l'Assemblée nationale. Pouvons-nous insinuer que les autorités libérales avec tout intérêt d'essayer de retarder une possible grève étudiante dans la perspective que le budget ne verrait pas le jour au moment prévu par les fédérations et donc, briser leur naïf momentum?
Les conclusions de ce congrès étaient que les associations membres de la FECQ ne voulaient vraiment pas toutes une grève d’une part et d’autre part, aucune association n’avait de plan d’action satisfaisant. Personne n’avait commencé le travail de terrain, contrairement à bien des associations de l’ASSÉ ou proche de celle-ci. Pas de plancher, pas de date, pas d’organisation qui permettrait le ralliement démocratique des indépendants, rien! Juste des rencontres avec les ministres et des intrigues interne de piètre niveau.
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À l’AEQ, le néant organisationnel s’est avéré monstrueux. Nous étions présents pour faire avancer un plan d’action ouvertement gréviste. La FECQ-FEUQ se prononce pour la grève, mais sans plan d’action à proposer, ni date, ni discours, ni revendication. Encore une fois, rien.
Après un tour de table, il est évident qu’il n’y a pas de force vive pour la grève générale illimitée ni à la FEUQ (qui admet d’emblée son incapacité à démarrer quoique se soit et s’avoue à la merci des cégeps), ni à la FECQ qui ne veut pas prendre de décisions parce qu’elle n’a pas de mandat! Mais les deux organisations commencent à y croire à cette grève, attendu mystérieusement pour la mi-mars. Est-ce parce qu’elles commencent à sentir les douces odeurs de mobilisation et l’ampleur du travail déjà amorcé à l’ASSÉ et chez quelques indépendants?
Une proposition est amenée par l’AFESH pour que l’AEQ se positionne en faveur de la grève générale.
On décide d’amender pour rajouter un plancher de mandats de grève à atteindre avant de commencer la fameuse grève. On propose 7. Les associations locales ne savent pas trop; elles semblent perplexes. Sans mandat, on peut rien décider disent-elles. Et d’autres disent que ce n’est pas assez. L’ASSÉ fait toujours bande à part. Une pause est demandée. Tous les sbires de la FECQ-FEUQ engagent des manœuvres de corridors concertées en vue de proposer autre chose.
Retour à la table. Un amendement pour un plancher de 15 associations est déposé. Une discussion suit : l’AEQ adopte finalement un plancher de 15 associations pour ensuite voter contre la principale! Donc, on casse le plancher de l’ASSÉ pour la laisser seule dans son coin et, ensuite, l’AEQ se positionne contre la grève.
Nous, à ce moment, on a compris que nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes et c’est là que la CASSÉÉ s’est imposée par défaut comme mode d’organisation. On est parti avec les réponses que l’on cherchait. Chaque exécutif présent a pu être catégorisé. À partir de là, il n’y avait plus de compromis à faire. On se concentre donc à l’interne et l’ASSÉ commence sa job à l’externe.
Silence de la FECQ-FEUQ qui se préparent pour Montebello en cachette. Pendant ce temps, janvier et février, on prépare le terrain. Aucune association de la FECQ à ce moment n’a commencé sa campagne locale pour la grève. On part le 24 février. Toutes les associations qui ont amorcées la grève la semaine du 24 et la suivante sont la base sur laquelle toute la mobilisation de salon des fédérations va s’organiser. Il est de notoriété publique que la difficulté pour faire une grève générale, c’est un départ concerté et massif. La CASSÉE a fait ce travail seul. Les médias ont été les principaux agents de mobilisation de la FECQ-FEUQ et non des personnalités du genre de Simon Lafrance. L’effet boule de neige, c’est l’effet média plus l’effet terrain qui a tendance à exploser. Les pourcentages élevés dans certains campus de la FECQ sont dus directement au travail local de la CASSÉÉ, qui, ultérieurement, s’est transformé en force mobilisatrice médiatiquement parlant.
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Je ne m’éterniserai pas. J’aurais deux questions à poser aux gens de la FECQ : quelles associations membres de la FECQ avaient un mandat de grève avant l’entrée officielle de la fédération au sein du mouvement et où puis-je avoir la preuve que vous aviez un mandat pour faire cette grève?