Afghanistan: 2 ans de plus pour les soldats canadiens

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Afghanistan: 2 ans de plus pour les soldats canadiens

Messagede Berlueur le Mer Mai 17, 2006 11:26 pm

Les soldats canadiens vont continuer à guerroyer dans le cadre de l'opération "Enduring Freedom" (qui devait à l'origine s'appeler "Infinite Justice" — et non, ce n'est pas une blague).

La motion des conservateurs a reçu 149 appuis; 145 député(e)s s'y sont opposés. Si 3 libéraux avaient voté de l'autre bord, la motion aurait été rejetée. Par contre, faut préciser que si les "Nays!!" l'avaient emporté, Harper aurait prolongé la mission d'un an anyway...

Parmi les libéraux qui ont voté pour: Graham, Brison et Ignatieff. Notre André Arthur national a également appuyé.

Je n'ai que très peu d'estime pour lui, mais mon député (Jean Lapierre) a au moins eu le bon sens de voter contre.

Article de Reuters (le plus complet, je crois)
Article de Radio-Canada
Article de la Presse canadienne
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Messagede Mike le Jeu Mai 18, 2006 10:24 am

Pourquoi ? Pourquoi devont nous rappeler les soldats ?

J'aimerai bien que l'on m'explique le problème. Ce n'est pas l'Irak tout de même.
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Messagede NostraDanissime le Jeu Mai 18, 2006 11:01 am

Mike a écrit:Pourquoi ? Pourquoi devont nous rappeler les soldats ?

J'aimerai bien que l'on m'explique le problème. Ce n'est pas l'Irak tout de même.



Ben en gros, ya pas juste le problème idéologique mais le problème logistique dans le sens que l'armé canadienne ne serait pas prête à jouer un si grand rôle pendant tant de temps. Nos jeep sont poches, nos uniformes sont verts, personne veut rester dans l'armée pendant plus que 4 jours.... Sur les dernières 20 000 recrues, 700 sont restés de manière permanente, c'est pas le Pérou comme qu'on dit.


Tout ça, plus la confirmation que notre glorieuse armé va rester jusqu'en 2009 va ouvrir la porte à un magnifique boost de financement pour l'armé..... On va acheter des fusils, pis on va voir plein de pub vraiment nice!


" Vous voulez vous dépasser? ne pas faire un travail comme les autres? être gagnantE? avoir la possibilité de tuer des gens? se faire casser moralement par le capitaine? faire des psuh-up dans la bouette? avoir la possibilité d'humilier des femmes? Alors entrez dans l'Armé! c'est un ordre!"

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Messagede Mike le Jeu Mai 18, 2006 11:35 am

En fait, j'habite sur une base militaire.

Le fait d'avoir débat sur une mission pendant cette mission, brise réellement le moral des soldats, les gens partit croit qu'il n'y a plus de sens à leurs travail, qui est je le rappel aussi d'aider les populations locale et cause parfois des bavures qui peuvent être mortelles pour ces gens.

La mission à été lancé, il faut l'endurer jusqu'à ce qu'elle finnisse. et oui, je suis de ceux qui croit que le financement de l'Armée doit être meilleurs, mais pas par une augmentation du budget, mais bien par une meilleurs gestion des ressources.

Quand je vois revennir un de mes bons amis le soir ( qui est militaire ) et que je lui demmande, et puis, quoi de bon, et que la réponse est : Hé bien, on a tiré 3000 balle chaque aujourd'hui, car il fallait avoir les quota pour ne pas se faire couper si jamais on part en mission.

Je trouve cela assez déplorable. Le problème n'est pas ces militaires, mais bien la gestion qui est faites haut-dessus d'eux.

Donc, laisser les faires leurs travail dans les meilleurs condition possible, car les militaire en mission tente vraiment de faire de leurs mieux pour aider les populations local. Allant d'apporter des dons dans les villages ( et oui, règle générale, quand je connais quelqu'un qui part en mission, je lui laisse de l'Argent, qu'il remet à un village dans lequel il traverse, moyen de donner plus rentable et plus fiable que les info-pub ). Car ils aident pour construire des écoles en afrique et des puits. En afghanistan, en ce moment ce qu'ils font est de donner des chèvres aux paysans.
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Messagede Pierre-Luc Daoust le Jeu Mai 18, 2006 2:03 pm

Il ne s'agit plus d'une mission humanitaire et de patrouille comme ce l'était: il s'agit maintenant carrément de la guerre aux Talibans. Le moral des soldats ne légitimise pas une guerre. Si les États-Unis ne veulent plus jouer aux cowboys avec les Talibans, on n'est pas obligé de les relayer pour envoyer nos soldats se faire tuer massivement à leur tour.

La population n'a jamais été consultée la-dessus et le pion de Bush qu'est Stephen Harper a pris son élection comme une carte blanche en ce domaine. Moi je m'oppose et je suis fier de le faire.
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Messagede BlacKGuarD le Jeu Mai 18, 2006 3:29 pm

Et quand se terminera cette mission dont on ignore les objectifs, Mike? Éliminer les Talibans?

L'on prend du chômage, des morts ça et là (et surtout là), des conditions de vie misérables (aucune amélioration pour le/la citoyenNE moyenNE depuis l'ère pré-Talibanne), des élections frauduleuses qui ont placé des pions américains à la tête du pays, des soldats étrangers sur LEUR sol et qu'obtient-on?

Dum de dum: une résistance accrue! Les rangs des Talibans se gonflent parce que l'afghanNE moyenNE n'y voit là que le seul endroit où ils et elles pourront être bien traitéEs, recevoir un petit salaire et combattre l'envahisseur. Jumèle le tout à un peu de propagande nationaliste et t'obtiens un portrait assez explosif. Les graines de la résistance germent avec la misère.

Alors pourquoi y envoie-t-on des soldats? Si nous voulions réellement reconstruire le pays, nous y enverrions des ingénieurEs, des maçons(NE?), des charpentiÈrEs, du matériel de construction, des fonds d'investissement pour susciter une certaine croissance économique, toute chose propre à permettre une (re)construction rapide et efficace. Et, soudainement, vous verriez la pseudo-résistance se réduire à ses quelques rares éléments les plus radicaux et vraiment dangereux, à sa frange la plus problématique. Mais alors, la nouvelle police afghanne pourrait sans problème se charger de tout cela. Des soldats pour faire la paix, ça ne fonctionne que lorsque l'un des deux camps manque de corps vivants à envoyer à l'abattoir.

Dire que l'on ne doit pas débattre de la mission des soldats qui y sont est non seulement ridicule car ce n'est certes pas leur rendre service à eux et elles qui sont là-bas mais c'est aussi faire preuve d'un aveuglement très dangereux, poussant carrément sur le fanatisme. Lorsque nous sommes en train de commettre une erreur, il est logique que nous nous arrêtions pour rectifier le tir et partir sur de nouvelles bases. C'est insensé que de continuer dans la même voie en espérant qu'un miracle fasse que cela aille mieux. SeulEs les cingléEs font deux fois la même chose en espérant un résultat différent.

Dans le cas présent, après plus de cinq années passées là-bas, les troupes coalisées ne contrôlent qu'à peine le tiers du pays, le reste étant principalement aux mains de seigneurs de guerre locaux ou des talibans. Ce n'est pas l'Irak principalement parce que nous préférons demeurer sur nos positions et les autres font de même, avec quelques escarmouches sporadiques aux limites des camps. Peu de morts donc.

Quelle est la mission, donc?
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Messagede Etienne S le Jeu Mai 18, 2006 4:31 pm

Voici deux articles qui résument plutôt bien le débat entourrant cette mission de l'armée canadienne en Afghanistan, l'un de Pierre Dubuc qui dresse un portrait des débats à la chambre des communes, l'autre de Gil Courtemanche qui explore les positions de l'opinion publique québécoise et qui fait un plaidoyer en faveurs de ces inteventions armées... Ils sont tous les deux un peu long, mais plutôt riches en contenus.

Bonne lecture!

Le débat à la Chambre des Communes sur l’Afghanistan
L'Aut'journal
13 avril 2006
Pierre Dubuc


Il s’était écoulé à peine douze heures depuis le débat à la Chambre des Communes sur la présence militaire canadienne en Afghanistan que déjà le chef d’état-major de la Défense, le général Rick Hillier, déclarait le « débat clos » devant des gens d’affaires de Toronto et réclamait « des hélicoptères et des recrues ». Pourtant, le débat au Parlement a laissé plusieurs questions en suspens.

Il est d’abord étonnant – et éloquent ! – que ce soit le ministre de la Défense, Gordon O’Connor, qui ait le premier pris la parole et non le premier ministre ou le ministre des Affaires étrangères. Le premier ministre n’est même pas intervenu.

Les terroristes ne sont pas là où l’on dit

Le ministre O’Connor a précisé les trois objectifs du déploiement militaire canadien en Afghanistan : la lutte contre les terroristes qui menacent notre sécurité, l’exportation de la démocratie et le relèvement économique du pays.

Le ministre a rappelé « les terribles attentats du 11 septembre 2001 » et ceux survenus par la suite à Bali, Madrid et Londres. « Aller livrer la lutte à un adversaire sur son propre territoire est une méthode efficace pour contrer la menace qu’il représente », a déclaré le ministre.

Le problème est que la veille le journal The Observer révélait que les attentats de Londres n’étaient pas liés au réseau al-Qaïda. L’enquête policière révèle, selon le journal britannique, que les attentats sont le fruit d’un « complot simple et peu onéreux » imaginé par quatre kamikaze martyrs, élaboré à partir d’informations trouvées sur Internet.

L’étude la plus complète sur les terroristes, menée par Marc Sageman, un ancien agent de la CIA, et publiée sous le titre Understanding Terror Networks, démontre que les deux-tiers des 172 terroristes analysés étaient, non pas de pauvres paysans illettrés comme ceux que combattent les forces d’occupation en Afghanistan, mais des petits-bourgeois des villes européennes ayant une formation universitaire, souvent dans les nouvelles technologies.

La constitution afghane n’est pas ce qu’on en dit

Le ministre des Affaires étrangères, Peter Mackay, est longuement intervenu pour préciser le second objectif . « Les Afghans partagent nos valeurs. Ils y ont adhéré dans leur nouvelle constitution », a-t-il dit en ajoutant : « Nous avons parlé clairement en faveur de la liberté de parole et de religion, et nous avons un rôle important à jouer dans le développement du système judiciaire en Afghanistan. »

Évidemment, comme on était en droit de s’y attendre, un député – en l’occurrence le néo-démocrate Bill Siksay – a posé des questions sur le cas de cet « ancien musulman qui devait répondre devant les tribunaux de sa conversion au christianisme ». La réponse est venue du ministre de la Sécurité publique, Stockwell Day, qui a soigneusement évité de parler de la constitution et du système judiciaire afghan qui ont légalisé cette condamnation. « Le fait que nous soyons présents sur le terrain a donné à notre premier ministre l’autorité morale suffisante pour prendre position lorsqu’il a téléphoné aux autorités afghanes et pour dire qu’elles ne pouvaient agir ainsi », a-t-il fièrement déclaré sans y voir un aveu d’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays étranger.

La députée bloquiste Francine Lalonde en a remis en citant le rapport accablant de Kofi Annan du 6 mars dernier sur l’Afghanistan. Le secrétaire-général de l’ONU y dénonce « l’impunité dont jouissent les commandants de faction et les anciens chefs de guerre » et qui « contribue à compromettre toute amélioration même légère ».

Kofi Annan fait état « de nombreuses violations graves des droits de l’Homme commises par des représentants des organismes nationaux de sécurité, en particulier des arrestations arbitraires, des détentions illégales et des actes de torture. »

La question du sort des combattants afghans faits prisonniers par les troupes canadiennes s’imposait. Francine Lalonde s’en est prise à l’entente sur le transfert des détenus aux autorités afghanes. Une entente, a-t-elle souligné, « que le général Hillier a négocié tout seul, sans l’aide de l’ex-ministre des Affaires étrangères ou de celui de la Défense nationale ». Une entente qui, selon elle, « ne protège ni les soldats ni les prisonniers », une entente qui « doit être négociée à nouveau en entier, voire rejetée. »

Le troisième objectif, soit celui de restaurer l’économie afghane, n’est pas non plus couronné de succès. Le journaliste Jeffrey Simpson du Globe and Mail (11 avril 2006) cite un rapport des Nations unies sur les drogues et le crime selon lequel l’opium représente 52% du produit intérieur brut de l’Afghanistan. D’après le rapport, l’Afghanistan fournit 87% de la production mondiale d’opium. On se rappellera que les talibans avaient complètement éradiqué la production d’opium en 1996.

La mission n’est plus ce qu’elle était à l’origine

Le débat à la Chambre des Communes a été demandé par le Bloc Québécois et le NPD à cause du changement de mission de l’armée canadienne. Les troupes ont quitté Kaboul pour Kandahar et combattent directement les rebelles afghans. Elles étaient sous le commandement de l’OTAN et elles passent sous commandement américain dans le cadre de l’Opération Enduring Freedom. La députée néo-démocrate Mme Dawn Black a bien résumé la question : « On nous avait dit qu’il s’agissait essentiellement d’une mission de reconstruction. Il est clair qu’il s’agit aujourd’hui d’une mission anti-insurrectionnelle. » Elle s’est inquiétée du fait « que des soldats canadiens arborent des insignes de l’armée des États-Unis sur leur uniforme. »

La députée néo-démocrate Alexa McDonough a souligné que les travailleurs communautaires canadiens sur le terrain ont vite réalisé le changement de mission et en ont tiré la conclusion qui s’imposait. Plusieurs ONG, explique-t-elle, « ont lancé un avertissement sans équivoque, à savoir que le fait de confondre les objectifs militaires et humanitaires à Kandahar faisait courir inutilement des risques aux travailleurs humanitaires et aux civils afghans. En conséquence, de nombreuses ONG internationales ont en fait quitté Kandahar, y compris d’importantes ONG canadiennes. »

Francine Lalonde a, elle aussi, mis en doute le fait qu’un soldat puisse « être capable d’agir en tant que diplomate le matin, de faire de l’aide humanitaire le midi et de jouer les Rambo à 16 heures.»

Les membres du gouvernement nient qu’il y ait changement de mission. Mais dans une entrevue au Globe and Mail, le 7 mars dernier, le secrétaire général de l’OTAN Jassp de Hoop Scheffet insistait sur le fait que la mission de l’OTAN était différente de l’Opération américaine Enduring Freedom. Selon le Globe, des officiels de l’OTAN racontent que ce sont les militaires canadiens qui ont insisté pour envoyer des troupes dans la zone la plus dangereuse de l’Afghanistan pour « contrer l’image du Canada comme pays faible militairement ». Malheureusement, aucun député n’a rapporté ces propos dans le débat à la Chambre des Communes.

Les objectifs de la guerre ne sont pas ceux qu’on nous a dit

Le gouvernement et les partis d’opposition se retranchent derrière les résolutions de l’ONU et de l’OTAN justifiant l’intervention militaire en Afghanistan et évitent de poser les questions de fond. Le grand stratège militaire Clausewitz disait que « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». La politique américaine en Afghanistan n’en est pas une de lutte contre le terrorisme, de restauration de la démocratie ou d’éradication de la drogue. Son but est le contrôle des champs pétrolifères de la région. La politique canadienne en est une d’alignement sur la politique américaine.

Plusieurs députés ont fait écho à l’opposition de larges secteurs de la population canadienne à cette guerre. Au Québec, un sondage CROP-La Presse nous apprenait que 69% de la population québécoise est contre le changement de mission et 57% contre la présence de troupes canadiennes en Afghanistan.

C’est la jeune députée bloquiste Maria Mourani qui a le mieux exprimé, sous forme de questions, cette opposition à la guerre. « J’ai rencontré beaucoup de gens très inquiets relativement à la présence des soldats canadiens en Afghanistan. J’ai entendu beaucoup de questions de citoyens comme celles-ci : Qui sommes-nous pour parler de démocratie et pour penser apporter la démocratie dans des pays du Moyen-Orient? Donnons-nous la démocratie par les armes? Est-ce le peuple qui prend la démocratie ou d’autres peuples qui l’imposent à d’autres peuples? »

Puis, elle a soulevé une question fondamentale : « Est-ce un moyen d’appuyer la guerre en Irak? » Au moment où les États-Unis s’apprêtent, selon plusieurs sources, à lancer une attaque contre l’Iran, il faut effectivement se demander si le Canada ne risque pas d’être entraîné dans un bourbier.

La résistance afghane ne se limite pas aux talibans

Plusieurs députés ont évoqué le danger de l’enlisement. « Les forces armées américaines ont passé quatre ans à contrer l’insurrection dans le sud de l’Afghanistan et la situation est loin de s’être améliorée », a déclaré la néo-démocrate Dawn Black. « Qu’arriverait-il si la mission ne tournait pas bien? Y a-t-il un plan de retrait », a demandé le bloquiste Claude Bachand sans, bien sûr, obtenir de réponse. Son collègue du Bloc, Paul Crête, a dit qu’il fallait « éviter de s’enliser, comme cela s’est produit dans d’autres cas, pour ne citer que le cas des États-Unis au Vietnam. »

Enfin, le député libéral John McKay a conclu en appuyant ses propos de références à des ouvrages militaires : « L’Afghanistan a toujours été assez facile à conquérir; presque tous les envahisseurs ont atteint Kaboul. Ce qui est difficile, c’est d’y rester pendant une longue période, parce que les tribus n’arrivent tout simplement pas à s’entendre et à tolérer la présence dans leur pays d’étrangers qui leur disent quoi faire, et parce que tous les hommes âgés de plus de 14 ans portent un fusil. Voilà qu’on remet ça. L’Histoire n’est pas du côté des forces d’occupation. »


Le Devoir
LES ACTUALITÉS, samedi 13 mai 2006, p. a6
Kaboul-Québec
Courtemanche, Gil


Dans un texte qu'ils consacraient à l'hypothétique tandem Bouchard-Dumont, Marc Laviolette et Pierre Dubuc concluaient, pour évoquer une certaine persistance historique de la différence québécoise, en rappelant que 70 % des Québécois s'opposent à la présence canadienne en Afghanistan; ils soulignaient aussi que c'était sensiblement la même proportion que celle qui avait rejeté la conscription lors des deux guerres mondiales.

Je veux bien que, dans les trois cas cités, les Québécois aient exprimé des points de vue différents, mais je n'y vois aucune raison pour en ressentir un quelconque sentiment de fierté historique. Il faut se méfier des amalgames historiques. Je veux bien que la guerre de 1914 ait été perçue comme la guerre de la Grande-Bretagne, encore que la réalité fut plus complexe. Quant au refus de la conscription pour contribuer à freiner l'avancée nazie en Europe, il fut autant le fait du rejet de la duplicité des libéraux québécois que celui de la présence d'un fort courant de droite, ainsi que celui d'un isolationnisme et d'un rejet du Vieux Continent, dont on peut certes tirer des leçons mais pas nécessairement une fierté identitaire.

Je suis encore plus perplexe quand je constate le rejet de la présence canadienne en Afghanistan. Une partie de l'explication réside peut-être dans le fait qu'il s'est produit un amalgame antiaméricain entre le renversement des talibans, la chasse à Ben Laden et l'invasion de l'Irak. Certes, les deux opérations ont été lancées et menées par les Américains, mais elles sont radicalement différentes. L'invasion de l'Irak fut l'expression la plus brutale de la politique impériale américaine. Elle était fondée sur des mensonges honteux et ne visait à contrer aucune menace à l'ensemble de la communauté internationale, sinon à assurer le rôle déterminant de Washington dans la région. C'était une guerre américaine. Ce ne fut pas le cas en Afghanistan, puisque des pays fortement opposés à l'invasion de l'Irak, comme le Canada et la France, y jouent un rôle déterminant. S'il existait une menace terroriste internationale, elle venait bien de Kaboul, qui abritait Ben Laden, et non pas de Bagdad. Dans la foulée de cette traque, la communauté internationale a renversé un des régimes les plus barbares et les plus sanguinaires que la planète ait connus. La musique est réapparue dans les rues de Kaboul, un semblant de démocratie a pointé le bout du nez, les jeunes filles dans les villes sont retournées à l'école. Et que faisons-nous aujourd'hui au prix de plusieurs vies perdues dans la région de Kandahar? Nous tentons de protéger ces minces acquis et de créer les conditions nécessaires à l'établissement d'une société de droit. Nous maintenons un minimum de sécurité pour une population civile démunie et nous tentons de faire du «nation building». Tout cela cadre parfaitement avec la mission historique tracée par Lester B. Pearson lors de la création des Casques bleus, dans la foulée de l'invasion du canal de Suez par les Français et les Anglais, une tradition à laquelle les Québécois qui proclament leur ouverture sur le monde devraient être fiers de participer.

On pose souvent le problème de l'intervention humanitaire ou armée sous l'angle de la solidarité ou de la générosité. Ce sont les réflexes qui s'expriment périodiquement à l'occasion de graves catastrophes naturelles, comme le tsunami ou la famine en Éthiopie. Mais lorsque l'intervention nécessite une action armée, qu'il y a risque de perdre des vies et surtout risque d'une implication à long terme qui sera coûteuse, alors générosité et solidarité disparaissent. La première question que se pose la population est: quel est l'intérêt pour le Canada de s'embarquer dans une telle galère?

Chez nos voisins, la réponse vient facilement. Les Américains ont des intérêts concrets à protéger dans tous les coins de la planète, intérêts économiques et géopolitiques. Ce n'est pas notre cas. Notre sécurité et notre prospérité économique ne paraissent jamais, à première vue, menacées par tous ces conflits africains ou asiatiques. Pourtant, elles le sont. L'incertitude provoquée par la guerre civile en Irak, le programme nucléaire iranien et l'arrivée au pouvoir du Hamas ont alimenté la spéculation et augmenté de 25 % depuis un an la facture pétrolière de tous les citoyens québécois. Quand nous pensons à notre contribution à la paix mondiale, à la création d'espaces démocratiques et au développement économique, nous devrions être guidés par un égoïsme de bon aloi. Chaque fois qu'un coin de la planète s'améliore, nous touchons des dividendes à long terme.

L'Union européenne fait face à une grave crise d'immigration clandestine. On a beau multiplier les patrouilles, serrer la vis aux frontières, durcir les lois, rien n'y fait. Les illégaux viennent du Mali, du Burkina Faso, du Niger. Ils fuient une misère en partie créée chez nous par notre refus d'ouvrir nos marchés au coton africain. Dans les «piqueries» de Montréal, l'héroïne ne manque pas et se vend à des prix remarquablement bas. C'est de l'héroïne brune de l'Afghanistan; 80 % de l'héroïne qu'on trouve à Montréal provient de ce pays.

La présence canadienne en Afghanistan, malgré le lourd prix qu'on paye déjà, ne doit pas être vue comme une contribution altruiste et gratuite: elle est un investissement à long terme dans le mieux-être de notre monde. Ce raisonnement, les Québécois l'ont fort bien compris à propos de l'environnement et du protocole de Kyoto, qu'ils appuient beaucoup plus majoritairement que le reste du Canada. On a compris que le réchauffement climatique est un enjeu mondial dont nous sommes tous partie prenante. La paix mondiale, c'est notre environnement moral, tout aussi essentiel aux Québécois pour leur bien-être que la lutte pour une planète plus verte.
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Messagede Superdude le Jeu Mai 18, 2006 5:47 pm

NostraDanissime a écrit:
Mike a écrit:Pourquoi ? Pourquoi devont nous rappeler les soldats ?

J'aimerai bien que l'on m'explique le problème. Ce n'est pas l'Irak tout de même.



Ben en gros, ya pas juste le problème idéologique mais le problème logistique dans le sens que l'armé canadienne ne serait pas prête à jouer un si grand rôle pendant tant de temps. Nos jeep sont poches, nos uniformes sont verts, personne veut rester dans l'armée pendant plus que 4 jours.... Sur les dernières 20 000 recrues, 700 sont restés de manière permanente, c'est pas le Pérou comme qu'on dit.


Tout ça, plus la confirmation que notre glorieuse armé va rester jusqu'en 2009 va ouvrir la porte à un magnifique boost de financement pour l'armé..... On va acheter des fusils, pis on va voir plein de pub vraiment nice!


" Vous voulez vous dépasser? ne pas faire un travail comme les autres? être gagnantE? avoir la possibilité de tuer des gens? se faire casser moralement par le capitaine? faire des psuh-up dans la bouette? avoir la possibilité d'humilier des femmes? Alors entrez dans l'Armé! c'est un ordre!"

désolé, je m'emporte.


Ayant des amiES dans les forces, j'aime dire ceci:
1)les jeeps (G-Wagen) sont neuves
2)Ils ont des uniformes dcamc désert
3)Les femmes ne sont pas humilliées
4)les push-up dans la bouette, c pour former le soldat
ou vas-tu chercher ses préjugés?
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Messagede Superdude le Jeu Mai 18, 2006 5:52 pm

BlacKGuarD a écrit:


Alors pourquoi y envoie-t-on des soldats? Si nous voulions réellement reconstruire le pays, nous y enverrions des ingénieurEs, des maçons(NE?), des charpentiÈrEs, du matériel de construction

les militaires envoient des ingénieurs, des matériaux de construction, etc.
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Messagede BlacKGuarD le Jeu Mai 18, 2006 5:59 pm

Les corps de génie n'ont pas, à proprement parler, une formation aussi poussée que des ingénieurs civils et tu le sais comme moi.

Par ailleurs, ils sont peu en nombre comparativement aux soldats réguliers et ne sont pas réellement affectés à la reconstruction ou à la construction d'écoles, de bâtiments publics, etc. mais plus à la construction de bâtiments militaires permanents. Si vous croyez que ce sera terminé d'ici 2009...

:roll:

Dans un ordre plus large, je ne suis pas seulement anti-impérialisme (pourquoi est-ce que les interventions canadiennes ne sont pas impérialistes alors que les interventions américaines oui? On occupe bien Haïti et l'Afghanistan après tout...) mais aussi anti-militarisme tout court. L'armée devrait être abolie. C'est un des lieux avec le plus haut taux de fascistes au km²...
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Messagede Superdude le Jeu Mai 18, 2006 7:52 pm

le corps du génie dispose d'ingénieurs très qualifiés...
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Messagede BlacKGuarD le Jeu Mai 18, 2006 8:08 pm

Certes et je n'en doute pas puisque plusieurs des membres de ces mêmes corps mènent une vie civile justement dans des domaines liés à l'ingénierie.

Cependant, l'accent de leur formation est mis sur l'ingénierie militaire et celle-ci diffère grandement de l'ingénierie civile. Qui plus est, ces corps sont trop petits en nombre vu les détails "de la mission canadienne" en Afghanistan. Nous occupons le pays (enfin, le tiers que l'on contrôle) et nous y avons donc envoyé des troupes conséquentes. Quand on occupe, le principal est d'envoyer des forces régulières capables de mater toute tentative de soulèvement et d'instaurer une occupation efficace.

Si réellement nous voulions pacifier le pays et rehausser le niveau de vie des gens y vivant, nous retirerions nos troupes pour les remplacer par une mission de reconstruction civile, avec des gens capables et formés pour bâtir et non détruire, avec un budget conséquent capable de remettre l'économie de l'Afghanistan sur les roues. Nous nous indignerions des élections frauduleuses qui y ont eu lieu et insisterions pour qu'elles soient reprises. Nous demanderions au gouvernement actuel pourquoi il ne fait rien pour le peuple mais utilise tout le budget pour réduire davantage les taxes et impôts des riches, pour construire un mega pipeline à l'usage des ricains, russes et français et pourquoi y a-t-il un taux de chômage encore trois fois plus grand et important que sous l'ère talibanne? Ça c'est des questions d'intérêt. Je refuse de croire que le gouvernement est assez stupide pour couper les impôts aux riches pendant cinq ans en voulant rehausser l'économie (plus d'argent donc plus d'investissements) et, voyant que ça ne fonctionne pas, se dit que le mieux serait de continuer de couper là-dedans. C'est débile et je refuse de croire que les gouvernantEs sont débilEs. Le problème, c'est que s'ils et elles ne sont pas débilEs, ils et elles sont au service des plus riches, des patronNEs et des bourgeoisES.

20 000 kilomètres plus loin: même problème.

P.S: Te serait-il possible, cher superdude, de faire des messages de plus d'une ligne?
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Messagede NostraDanissime le Jeu Mai 18, 2006 8:37 pm

Superdude a écrit:
Ayant des amiES dans les forces, j'aime dire ceci:
1)les jeeps (G-Wagen) sont neuves
2)Ils ont des uniformes dcamc désert
3)Les femmes ne sont pas humilliées
4)les push-up dans la bouette, c pour former le soldat
ou vas-tu chercher ses préjugés?



à la même place que les tiens sur la gauche cher ami.
La paix sociale s'est terminée le 18 octobre 2006 à l'UQAM à 12:45 pm. Elle a recommencé à 14:00 pm.
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Messagede Berlueur le Jeu Mai 18, 2006 10:10 pm

Pourquoi ? Pourquoi devont nous rappeler les soldats ?

J'aimerai bien que l'on m'explique le problème. Ce n'est pas l'Irak tout de même.


Je ne dis pas qu'il faut rappeler d'un coup (et immédiatement) tous les soldats canadiens déployés en Afghanistan.

Cependant, il y a 2 bogues majeurs avec la motion / le plan du gouvernement.

1) Un processus démocratique bidon

La motion est très avare de détails — et le gouvernement ne tente pas de rectifier le tir (s'cusez le jeu de mots aucunement prémédité...) en en fournissant davantage. Harper demande à la Chambre des communes de se prononcer sur cet obscur plan après un très mince 6 heures de débat (à titre de comparaison, le budget a donné lieu à 8 jours de débats). Évidemment, de ce temps restreint doivent être retranchées les nombreuses occasions où les députés conservateurs, en faisant les gnochons, empêchaient les intervenants de présenter leur point de vue / de poser des questions. Comble de mauvaise foi, Harper affirmait lors du débat qu'il prolongerait anyway la mission d'un an, peu importe le résultat du vote.

2) Un effort de guerre plutôt que de maintien de la paix

Les informations que l'on détient présentement sur l'effort militaire en Afghanistan indiquent qu'on s'est largement écarté des objectifs de maintien de la paix pour embrasser ceux qui se rattachent purement et simplement à la guerre (missions "search and kill", etc.).

Dans un contexte où s'opère ce glissement vers des opérations de plus en plus offensives, vers la guerre pure et simple, dans un contexte où le gouvernement refuse de divulguer des informations cruciales, une seule réponse à la motion s'imposait: non!

Je considère que ceux qui ont voté pour la motion ont agi d'une façon complètement irresponsable; de plus, ils ont fait fi de la volonté populaire clairement exprimée de ne pas prolonger la présence canadienne dans les circonstances qui prévalent actuellement.

Je t'invite enfin à lire le discours prononcé par Jack Layton.

Une phrase cruciale dudit discours:
And we fully support an ongoing development and diplomatic role for Canada in Afghanistan, but the government has tied war-making and aid together in this motion and we oppose that.


Le député néo-démocrate Peter Dewar, aussi, a fait de très bonnes interventions, hier — pleines de faits pertinents et d'impérieuses questions. Je ne sais pas si c'est accessible quelque part...
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Messagede Berlueur le Jeu Mai 18, 2006 10:21 pm

Ajout:

Et pendant ce temps, le génocide au Darfour se poursuit dans l'indifférence générale. Mais ça, c'est beaucoup moins urgent que de prolonger une mission qui arrive à terme en 2007...
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