La plupart des gens ici écrivent plutôt bien.
Lisons-nous le même forum...?

Aux simples plans orthographique et grammatical, le tableau est plutôt sombre... La plupart des messages sont gangrenés de fautes. Une maîtrise déficiente de la syntaxe rend souvent le propos confus. Les mots employés à tort et à travers sont légion. Etc. Je ne crois pas qu'il y ait ici plus de
trois ou quatre personnes qui soient en mesure de produire des messages exempts d'erreur sur une base régulière.
Je n'espère pas trouver ici des paragraphes façonnés avec la maestria des labyrinthes proustiens; je ne m'attends pas non plus à ce que la dernière diatribe sur les fédérations contienne des fulgurances dignes de Ducharme. Simplement, j'aimerais pouvoir lire des messages rédigés correctement, avec le soin minimal que devrait supposer le partage d'idées et de commentaires au sein d'une communauté.
Le massacre linguistique que l'on perpètre quotidiennement sur ce forum m'attriste au plus haut point. D'abord à cause de mon attachement à la langue en tant qu'objet esthétique — ma Délicate Sensibilité se trouve heurtée, vous voyez... (Je déconne, je dis ça facétieusement, mais il n'en demeure pas moins que c'est la réalité.)
Par ailleurs, une maitrise déficiente du français est souvent annonciatrice de carences d'une nature «plus fondamentale» — c'est l'autre objet de mon désarroi. J'ai constaté la chose à maintes reprises lorsque je corrigeais les travaux d'étudiants au baccalauréat. Les textes qui affichaient une syntaxe approximative présentaient souvent une argumentation plutôt faible, des liens logiques confus et une structure générale quelque peu chaotique. À l'inverse, ce type de défaut était beaucoup plus rare dans les textes bien écrits.
Je n'ai malheureusement pas le temps de m'étendre sur le sujet (fascinant) des corrélations qu'on peut établir entre une pensée analytique solide et l'habileté à manier la langue...
Je passe donc...
... au sujet de la féminisation: je recommande la lecture de
ce guide produit par l'UQAM. (Je viens tout juste de le découvrir... Ça semble bien foutu.)
Maintenant on est redu à abaisser la langue française pour ceux et celles qui ne savent pas l'écrire.
Clé = Clef (ça fait un bail)
Les chevals = Les chevaux (voulez-vous bien m'expliquer pourquoi doit-on alors encore dire "les jounaux" ???)
onion = oignon
Etc.
Je présume que tu fais référence aux rectifications orthographiques proposées en 1990 par le Conseil supérieur de la langue française (toujours très peu connues du grand public). Comme la plupart des gens qui critiquent cette réforme proposée, j'ai bien peur que ta prise de position ne soit considérablement affaiblie par — d'une part — l'oubli du caractère vivant de la langue (et donc de la grammaire), du fait qu'elle est en constante évolution et, d'autre part, par une méconnaissance des changements proposés par la réforme.
Ce site contient toutes les infos.
Je commence par corriger les exemples que tu fournis...
- Comme tu dis, ça fait un bail que «clé» est utilisé (on parle ici du XIXe siècle...)
- «Chevals» n'existe ni dans l'orthographe traditionnelle, ni dans l'orthographe rectifiée. Le pluriel des mots en «-al» n'est pas touché par la réforme. Bref, les «chevals» ne sont rien d'autre qu'une
légende bien tenace...
- On recommande effectivement de modifier l'orthographe du mot «oignon»... mais
la nouvelle graphie, c'est «ognon».
Je suis un
fervent partisan des rectifications orthographiques; elles constituent un nécessaire effort de modernisation de la langue. Je cite André Goose:
Les rectifications avaient dès le départ une ambition limitée : corriger quelques anomalies, entériner dans l'orthographe des changements récents de la prononciation, introduire des règles là où régnaient l'arbitraire et le désordre.
Je trouve qu'on devrait déployer plus d'énergie pour aider à la propagation de cette nouvelle orthographe. Les gens n'adopteront pas
spontanément ces nouvelles graphies, comme le suggèrent à tort certains linguistes attentistes... Il est donc important de poser des gestes dès maintenant. Il faut faire preuve d'initiative. Le personnel enseignant, les éditeurs, le gouvernement — tous devraient embarquer dans le bateau.
(J'ai écrit ma thèse de doctorat (et ce message) en nouvelle orthographe...)
"Things are more like they are now than they ever were before." (Dwight Eisenhower)