LES FRAIS DE SCOLARITÉ
Par Antoine Bouchard
bouchardantoine@globetrotter.net Depuis l’élection du gouvernement libéral de John James Charest, le débat sur les frais de scolarité a repris le devant de la scène politique. En effet, sous la direction de Simon Bégin, les jeunes libéraux ont pris l’initiative de proposer le dégel des frais de scolarité sous prétexte que le système d’éducation postsecondaires est sous financés. Selon eux, il faudrait également rattraper la moyenne canadienne des frais de scolarité qui s’établit à près de 4214 $ selon Satistique Canada .
De plus, le manifeste pour un Québec lucide , présenté l’an dernier par Lucien Bouchard et ses sbires néo-libérales, reprend la proposition des jeunes libéraux du québec. Rejoindre la moyenne canadienne reviendrait à faire augmenter les frais de scolarité de 221% ou plus précisément de 2314 $ annuellement. Dans une étude sur l’éducation postsecondaire, Donald E. Heller a conclu qu’il existait un lien entre les frais de scolarité et l’accessibilité aux études postsecondaires. Selon cette étude, chaque hausse de 100 dollars des coûts de scolarité représente une baisse de fréquentation de 1%. Avec la proposition des jeunes libéraux. C’est aussi bien dire que la fréquentation de l’université diminuerait de 23 % ou bien de 57 500 étudiants annuellement sur une population universitaire d’environ 250 000 étudiants et étudiantes. Un quart d’entre-nous n’aurait plus accès à l’éducation universitaire…
Devant ces constats alarmants ainsi qu’une possible réélection des libéraux de John James Charest lors des prochaines élections, nous somme prêt d’une crise majeur en éducation. Les grandes organisations étudiantes en sont très consciente mais ne s’entendent pas sur la stratégie à adopter pour juguler l’hémorragie causée par le vent néo-libéral qui souffle actuellement sur la société québécoise. Tant la FECQ que la FEUQ prône, pour le moment, le gel des frais de scolarité tandis que l’ASSÉ a adopté une position beaucoup plus audacieuse et progressive, c'est-à-dire la gratuité scolaire.
Toujours selon l’étude de Donald E. Heller, la fréquentation de l’université augmenterait d’au moins de 18 % ou bien de 45000 étudiants et étudiantes si les frais le scolarité universitaires étaient abolis comme le prône l’ASSÉ. Dans le contexte mondial actuel, il est évident que le Québec ne peut plus rivaliser avec les dragons asiatiques à propos du «Cheap Labor». Plus que jamais, la société québécoise se doit d’être éduquée, formés et polyvalente pour faire face au défi que représente la mondialisation. L’accessibilité universelle aux études postsecondaires est bien plus profitable pour le Québec que de laisser aller les choses comme c’est le cas actuellement.
Dans ce contexte, la stratégie adoptée par les deux fédérations étudiantes est extrêmement risquée. L’histoire de la dernière grande grève étudiante du printemps 2005 nous a enseigné les principes de négociation politique. Lors de cette grande mobilisation, le gouvernement a accusé les fédérations étudiantes de mauvaise fois parce qu’elle ne voulait rien céder de leurs revendications et que ce n’était pas ça, de la négociation. Le gouvernement avait malheureusement raison et l’opinion publique l’a vite compris. La FECQ et la FEUQ ont donc été forcé de céder du terrain et c’est ce qui nous a donné la merveilleuse entête à rabais décriée par tant d’étudiants et d’étudiantes.
Il est donc trop évident de prévoir que dès que le gouvernement Charest adoptera le dégel des frais de scolarité, les étudiants et étudiantes sortiront en masse, avec raison, pour dénoncer cette attitude inamissible. Des négociations seront, alors entamées par nos chères fédérations étudiantes et celles cil devront céder du terrain sur la revendication du gel de frais de scolarité. Qu’est-ce que cela veut dire vous pensez ? Que nous devrons forcément adopter un compromis où les frais de scolarité augmenteront à coup sur. Plusieurs porte-parôles étudiants, dont moi-même, croyons que ce sera l’indexation des frais de scolarité à l’inflation. C'est-à-dire que les frais de scolarité vont augmenter de 2 à 3 % annuellement ou autrement dit de près de 60 $. Ça peu paraître peu mais après dix ans, ça représente près de 700 dollars de plus par année.
Alors que faire ? La réponse est bien évidente selon de nombreux leaders étudiants. Il s’agit d’en demander plus pour se donner une marge de manœuvre en cas de négociation avec le gouvernement québécois. C'est-à-dire de revendiquer haut et fort la gratuité scolaire ou autrement dit l’abolition des frais de scolarité ainsi que la gratuité du matériel didactique. En surplus, plusieurs études existent sur le sujet et prouvent hors de tout doute qu’adopter la gratuité scolaire serait rentable tant culturellement que financièrement pour l’état québécois. Nous disposons de tout les arguments nécessaire pour convaincre l’opinion publique du bien fondé de notre cause. Tout le monde sait que les politiciens et politiciennes ne marchent qu’aux sondages. Dans le pire des cas, le gouvernement se devra de réaffirmer sa volonté de garder les frais de scolarité gelés et dans le meilleur des cas, des avancées notables seront effectuées concernant la revendication historique qu’est la gratuité scolaire.
Depuis l’assemblée générale annuelle de septembre 2005, votre association étudiante s’est officiellement positionnée en faveur du principe de gratuité scolaire. Cependant, le débat sera remis à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale pour adopter une position plus précise et structurée face à la gratuité scolaire.