La langue française

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La langue française

Messagede Aurélie le Mar Avr 18, 2006 12:30 am

Je ne veux pas obligatoirement un débat, mais plutôt tendre une réflexion. Si vous voulez débattre, je serai heureuse de le faire avec vous !

Commençons donc. Je suis présentement en train d'avoir un joli débat avec mon président (bonjour Tommy ! :lol: ) au sujet de la langue française. Surtout au sujet de la féminisation à l'écrit et à l'oral.

Un truc : Je suis hyper conservatrice par rapport à la langue française. J'ai la fâcheuse (l'heureuse) habitude de corriger les gens à l'oral et à l'écrit même si ça fait chier. Cependant, je suis pour la féminisation tant à l'oral qu'à l'écrit... chose que je pratique excessivement depuis quelques mois seulement (depuis le dernier congrès de l'ASSÉ à vrai dire :roll: )

Mais revenons à la langue... écrite surtout. C'est-s'est-ces-ses... ça ne veut pas dire la même chose. Pareil pour Ça-sa ou ce-se... La plupart des gens ici écrivent plutôt bien. Mais quand je me téléporte (!) ailleurs, c'est affreux !

Et en cours... des étudiants et étudiantes qui sont dans mes cours et qui ne savent tout simplement écrire et qui viennent me voir, désespéré-e-s et ne sachant que faire, requiérer une ou deux explications et me laisse finalement le travail pour que je le corrige entièrement.

Je trouve cela dommage et ça me fait même chier...
Maintenant on est redu à abaisser la langue française pour ceux et celles qui ne savent pas l'écrire.
Clé = Clef (ça fait un bail)
Les chevals = Les chevaux (voulez-vous bien m'expliquer pourquoi doit-on alors encore dire "les jounaux" ???)
onion = oignon
Etc.

Ensuite je me dis que si on exige la féminisation dès la petite école... oubliez ça, plus personne ne saura écrire ! La langue française contient tellement d'exceptions, de petites pognes ici et là que la féminisation ce serait trop compliqué...

Ahlala, que c'est compliqué quand pour nous c'est si simple !!!!

Enfin, voi`là !! je vous ai pris et prises pour un journal intime !
Aurélie Paquet, non étudiante.
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Messagede Francis-ASSÉ le Mar Avr 18, 2006 1:00 am

Allo,
je t'invites gentillement à prendre un cours de paléographie le jours où tu seras à l'Université (ou comme étudiante libre) tu y décuvrira les plus grands esprits des siècles passés ou des copistes (qui avait comme profession de bien écrire) qui écrivais sans vraiment avoir de grammaire, des conjugaisons ou des orthographes qui au sein du même texte varient beaucoup, tout une culture de raccourcis othographique (improvisé ou répandu largement) pour éviter d'écrire au long les mots (comme les SMS oui oui). Bref, une langue vivante, un outil qui se modèle à son auteur et non l'inverse...

Et puis un jours, pour la france, Louis XIV avec Un roi, un royaume, une loi et une langue. C'est le début de l'unification du francais une grammaire (pas deux) et au diable les dialectes régionaux (avant il y avait 2 grand courant de français, la langue d'Oc était une version qui est maintenant morte de même que tout ses variations) Pour être intelligent on parle dorénavant comme à Paris, les langues régionales sont abaissées au rang de dialecte juste bon pour le paysan illetré.

Bref, l'idée d'avoir qu'une seule langue uniforme, viens de l'absolutisme monarchique, et continue encore aujourd'hui. Le but n'est plus de faire passer une idée mais de se conformer à une grammaire qui se pose comme immuable (alors que comme tu l'as montré elle change, et c'est tant mieux) On ne féminise pas à l'écrit parce qu'on aime le français et sa grammaire, en oubliant que si une langue n'évolue pas c'est pcq elle est morte.

Comme le dictionnaire. Un dictionnaire référencie l'usage que l'on fait des mots, trop de gens font l'inverse et se réfère au dictionnaire pour utiliser des mots correctement (selon le dictionnaire), tuant du coup tout néologisme ou possibilité d'évolution du sens des mots. Bref, j'ai toujours trouvé que les amoureux de la langue française l'asphixiaient plus que d'autres choses.


S'est ça qui ait sa

Vive les ognons! (ou alor escrivez comme nostres ansetre)

Francis
Dernière édition par Francis-ASSÉ le Mer Avr 19, 2006 1:44 am, édité 1 fois.
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Messagede Greg le Mar Avr 18, 2006 2:11 am

Francis-ASSÉ a écrit:
Bref, l'idée d'avoir qu'une seule langue uniforme, viens de l'absolutisme monarchique, et continue encore aujourd'hui. Le but n'est plus de faire passer une idée mais de se conformer à une grammaire qui se pose comme immuable (alors que comme tu l'as montré elle change, et c'est tant mieux) On ne féminise pas à l'écrit parce qu'on aime le français et sa grammaire, en oubliant que si une langue n'évolue pas c'est pcq elle est morte.

Oui, je crois qu'il ne faut pas tomber dans ce piège, mais je crois aussi qu'il est possible de se donner des conventions qui nous permettent d'exprimer nos idées de manière plus exacte, plus claire, plus véritable.

Le problème, c'est que nos conventions sont parfois trop complexes et sans logique (la fameuse règle du COD, si ça se trouve, c'est sûrement François 1er qui l'a inventée pour son bon plaisir...), à ce point que notre langue en devient moins accessible: renduEs là, à moins d'études plus approfondies sur le sujet (comme le langage mathématique, au fond...), on a de plus en plus de difficultés à transposer avec exactitude nos idées en des mots. Des règles grammaticales et des conventions, oui, mais pas à l'extrême, et c'est là que l'évolution de la langue entre en ligne de compte. La féminisation fait partie, à mon humble avis d'écrivain, de cette évolution de la langue, ce qui ne plait pas toujours au gens plus académiques. N'oublions pas que l'évolution d'une langue, c'est aussi liée à l'évolution de ceux et celles qui l'emploient.

Francis-ASSÉ a écrit:Comme le dictionnaire. Un dictionnaire référencie l'usage que l'on fait des mots, trop de gens font l'inverse et se réfère au dictionnaire pour utiliser des mots correctement (selon le dictionnaire), tuant du coup tout néologisme ou possibilité d'évolution du sens des mots. Bref, j'ai toujours trouvé que les amoureux de la langue française l'asphixiaient plus que d'autres choses.


Au contraire, je crois qu'on a tout à gagner à ce que le dictionnaire soit la référence pour utiliser les mots correctement. Cela encourage le néologisme de forme, soit l'invention de mots distincts pour exprimer une idée distincte, mais tue en effet les néologismes de sens, ce qui, à mon sens, permet de clarifier la signification d'un discours où les mots sont employés. Le féminisme est un exemple frappant d'un néologisme de sens. Qui, aujourd'hui, sait vraiment ce que veut dire le mot «féminisme»? Il y a tellement de discours possibles sur ce sujet. On peut parfois entendre que c'est l'attitude du vieux stéréotype cliché de «femme enragée» qui veut le contrôle sur les hommes; on peut aussi entendre que c'est l'attitude de gens qui veulent défendre et améliorer les droits et la condition des femmes; ou on peut également entendre que c'est l'attitude de ceux et celles qui souhaitent que les droits des femmes soient les même que ceux des hommes, et il existe sûrement d'autres nuances et interprétations. Comment s'y retrouver et avoir un discours clair, sinon par une certaine convention sur le sens des mots? Au pire, si le sens d'un mot évolue et change de sens, on a qu'à inventer un mot distinct (d'où le néologisme de forme) et reléguer le mot qui changeait lentement de sens au vocabulaire passif, ou vocabulaire d'histoire, le vocabulaire qu'on emploie pu...

Bon, c'est pas mal ça que j'voulais dire, là...

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Messagede Berlueur le Mar Avr 18, 2006 6:48 pm

La plupart des gens ici écrivent plutôt bien.

Lisons-nous le même forum...? :roll:

Aux simples plans orthographique et grammatical, le tableau est plutôt sombre... La plupart des messages sont gangrenés de fautes. Une maîtrise déficiente de la syntaxe rend souvent le propos confus. Les mots employés à tort et à travers sont légion. Etc. Je ne crois pas qu'il y ait ici plus de trois ou quatre personnes qui soient en mesure de produire des messages exempts d'erreur sur une base régulière.

Je n'espère pas trouver ici des paragraphes façonnés avec la maestria des labyrinthes proustiens; je ne m'attends pas non plus à ce que la dernière diatribe sur les fédérations contienne des fulgurances dignes de Ducharme. Simplement, j'aimerais pouvoir lire des messages rédigés correctement, avec le soin minimal que devrait supposer le partage d'idées et de commentaires au sein d'une communauté.

Le massacre linguistique que l'on perpètre quotidiennement sur ce forum m'attriste au plus haut point. D'abord à cause de mon attachement à la langue en tant qu'objet esthétique — ma Délicate Sensibilité se trouve heurtée, vous voyez... (Je déconne, je dis ça facétieusement, mais il n'en demeure pas moins que c'est la réalité.)

Par ailleurs, une maitrise déficiente du français est souvent annonciatrice de carences d'une nature «plus fondamentale» — c'est l'autre objet de mon désarroi. J'ai constaté la chose à maintes reprises lorsque je corrigeais les travaux d'étudiants au baccalauréat. Les textes qui affichaient une syntaxe approximative présentaient souvent une argumentation plutôt faible, des liens logiques confus et une structure générale quelque peu chaotique. À l'inverse, ce type de défaut était beaucoup plus rare dans les textes bien écrits.

Je n'ai malheureusement pas le temps de m'étendre sur le sujet (fascinant) des corrélations qu'on peut établir entre une pensée analytique solide et l'habileté à manier la langue...

Je passe donc...

... au sujet de la féminisation: je recommande la lecture de ce guide produit par l'UQAM. (Je viens tout juste de le découvrir... Ça semble bien foutu.)

Maintenant on est redu à abaisser la langue française pour ceux et celles qui ne savent pas l'écrire.
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onion = oignon
Etc.


Je présume que tu fais référence aux rectifications orthographiques proposées en 1990 par le Conseil supérieur de la langue française (toujours très peu connues du grand public). Comme la plupart des gens qui critiquent cette réforme proposée, j'ai bien peur que ta prise de position ne soit considérablement affaiblie par — d'une part — l'oubli du caractère vivant de la langue (et donc de la grammaire), du fait qu'elle est en constante évolution et, d'autre part, par une méconnaissance des changements proposés par la réforme.

Ce site contient toutes les infos.

Je commence par corriger les exemples que tu fournis...

- Comme tu dis, ça fait un bail que «clé» est utilisé (on parle ici du XIXe siècle...)
- «Chevals» n'existe ni dans l'orthographe traditionnelle, ni dans l'orthographe rectifiée. Le pluriel des mots en «-al» n'est pas touché par la réforme. Bref, les «chevals» ne sont rien d'autre qu'une légende bien tenace...
- On recommande effectivement de modifier l'orthographe du mot «oignon»... mais la nouvelle graphie, c'est «ognon».

Je suis un fervent partisan des rectifications orthographiques; elles constituent un nécessaire effort de modernisation de la langue. Je cite André Goose:

Les rectifications avaient dès le départ une ambition limitée : corriger quelques anomalies, entériner dans l'orthographe des changements récents de la prononciation, introduire des règles là où régnaient l'arbitraire et le désordre.


Je trouve qu'on devrait déployer plus d'énergie pour aider à la propagation de cette nouvelle orthographe. Les gens n'adopteront pas spontanément ces nouvelles graphies, comme le suggèrent à tort certains linguistes attentistes... Il est donc important de poser des gestes dès maintenant. Il faut faire preuve d'initiative. Le personnel enseignant, les éditeurs, le gouvernement — tous devraient embarquer dans le bateau.

(J'ai écrit ma thèse de doctorat (et ce message) en nouvelle orthographe...)
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Messagede Miawe le Mar Avr 18, 2006 7:12 pm

Je pense qu'il ne faut pas oublier le fait que le langage, avant d'être un art, sert à communiquer. Et si j'ai tendance à remarquer les erreurs et de vouloir les faire connaître à leurs auteurEs.. je dois avouer que je me sens toujours un peu élitiste de les reprendre à ce sujet...

Quand bien même une personne m'écrivant une lettre me souhaiterait "de passé une bonne journer".. Est-ce que je n'ai pas compris son message? Ainsi, de façon générale, je tends à éviter d'utiliser le dictionnaire comme étant une règle divine..

Berlueur, c'est bien élégant de pouvoir t'exprimer avec un langage aussi soutenu, mais le but premier de la communication reste, à mon sens, de faire passer ton message. Et si au doctorat ça devait bien plaire à ton entourage, j'en connais plusieurs qui se verraient probablement très rapidement désintéresséEs par tes beaux discours, aussi pertinents puissent-ils être.. Et donc, au-delà d'avoir une maîtrise impeccable de la langue française, je crois que le plus important est de savoir s'adapter à l'interlocutrice ou l'interlocuteur.. pour que le message passe..
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Messagede Berlueur le Mar Avr 18, 2006 8:32 pm

Et si j'ai tendance à remarquer les erreurs et de vouloir les faire connaître à leurs auteurEs.. je dois avouer que je me sens toujours un peu élitiste de les reprendre à ce sujet...


Je le fais assez rarement (souligner les erreurs des autres)... Ça peut facilement être très chiant. Je me le permets principalement avec les gens que je connais bien.

Quand bien même une personne m'écrivant une lettre me souhaiterait "de passé une bonne journer".. Est-ce que je n'ai pas compris son message?


Je vais y aller avec une téméraire prédiction: je présume que dans ce cas, tu aurais compris son message.... :wink:

Évidemment, une bonne maitrise (en passant, c'est volontaire, l'absence d'accent circonflexe — c'est une des rectifications proposées...) de la langue écrite n'est pas requise pour communiquer des idées simples de ce genre. Mon message se rapportait surtout aux situations qui mettent en oeuvre des processus de réflexion — et une communication — d'une nature plus complexe.

Aussi —

Je n'en ai pas vraiment parlé dans mon message, mais les problèmes qui peuvent découler de difficultés langagières sont d'une double nature.

a) Difficultés de transmission du message

La maitrise imparfaite de la langue cause des problèmes lorsque vient le temps de transférer le concept mental à l'écrit; il y a une «perte de signal» en cours de route.

b) Carences dans la pensée analytique

La maitrise imparfaite de la langue a pour corolaire (un «l» en nouvelle orthographe...) une maitrise imparfaite des processus analytiques qui donnent forme au message; pour reprendre la métaphore précédente, le «signal» — même au départ — n'est pas aussi «fort» qu'il pourrait l'être.

Les deux types de problèmes sont très préoccupants... Lorsque je corrigeais les travaux d'étudiants, j'en voyais constamment des manifestations très claires. Ça m'a donné la pleine mesure de l'importance cruciale de la maitrise de la langue. (Si la démonstration restait à faire...)

Pour conclure: comme tout le monde, ma façon de communiquer varie en fonction du mode de communication utilisé, de l'auditoire, des objectifs poursuivis, de mon état d'esprit, de la pression atmosphérique, etc.
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Messagede Etienne S le Jeu Avr 20, 2006 11:57 am

Je suis en accord avec le fait qu'on utilise à l'écrit une grammaire immuable, bien que je conteste en général le caractère impérialiste de l'Académie française qui impose un certain dicta en la matière.

Par contre, à l'oral, dans la littérature et dans la chanson, je crois qu'il est beaucoup plus intéressant et dynamique d'utiliser un languance régional et coloré. Les textes interprété par Charlebois ou écrit par Raoul Duguay sont parmi les plus colorés et les plus intéressants de par la liberté qu'ils incarnent.

Chez nous en Outaouais, on utilise plusieurs termes que certains qualifient d'anglicismes, mais que je qualifie plutôt de réappropriation linguistique. Par exemple, on utilise le terme «relligne» pour désigner des espadrilles, c'est cute nom?

Étant très près géographiquement parlant de l'Ontario, les échanges culturels sont ici inévitables. Sommes-nous plus colonisé-e-s pour autant ? Je ne le crois pas.
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Messagede Greg le Jeu Avr 20, 2006 12:31 pm

ouan...
cé po mal hot toute sa.
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