Lis donc ça. En passant, c'est pas parce que j'ai un avis différent du tien que je connaîs nécessairement mal le léninisme, hein! Un peu facile.
Qu'est-ce que tu as lu sur la question François, pour m'attaquer ainsi, en deux lignes??? Pour ma part, j'ai lu "Que faire?" et "L'État et la révolution" et plusieurs articles. Peux-tu me décrire comment tu vois le pouvoir dual?
http://www.voixdefaits.blogspot.com/
Une critique anarchiste du PCR (cinquième partie)
Texte soumis à la discussion («ce n'est qu'un début», refrain connu...)
Ils sont anticapitalistes et antinationalistes, boycottent les élections et l’État, se disent communistes et révolutionnaires. Ils sont très critiques de l’institutionalisation des mouvements sociaux et conspuent les leaders de la gauche réformiste. Dans les manifestations, ils sont souvent masqués et n’hésitent pas à recourir à l’action directe. À priori, les maoïstes du Parti communistes révolutionnaire (PCR) sont proche des anarchistes. Et pourtant… Un fossé sépare nos conceptions du monde et de la stratégie révolutionnaire.
5. Le parti et les masses
Une critique anarchiste du PCR
Déjà paru:
* 1. Conception du monde
* 2. Le patriarcat
* 3. L'État
* 4. La lutte armée
* 5. Le parti et les masses
Pour les maoïstes, «bâtir et édifier le nouveau Parti communiste révolutionnaire du prolétariat canadien est la tâche numéro un». Cette priorité induit une pratique sociale et politique arrogante, auto-référentielle et, à la limite, opportuniste. Que comprendre d’autre quand le PCR écrit lui-même dans son programme : «Tout ce qu'on fait, les positions qu'on défend, les actions qu'on mène et celles qu'on initie, doit concourir à l'objectif de la construction et du renforcement du parti»? Examinons ça de plus près.
Le PCR, comme nous l’avons vu, est persuadé d’avoir la science infuse prolétarienne : le marxisme-léninisme-maoïsme (MLM). Cela ne l’empêche pas d’être particulièrement arrogant avec les prolétaires, en effet, selon son Programme, «spontanément, la conscience prolétarienne, même dans sa forme la plus radicale, ne va jamais plus loin que la révolte» et «pour passer de la révolte à la révolution, il faut que la minorité de prolétaires qui ont déjà accédé à la conscience révolutionnaire, de par leur expérience mais surtout parce qu'ils et elles sont entréEs en contact avec la théorie révolutionnaire, soit organisée». Même là, que les prolétaires s’organisent ne suffit pas, selon les maoïstes ça prend surtout une idéologie, la leur. Une fois de plus les intellectuelLEs, étudiantEs et ex-étudiantEs, se donnent le beau rôle : directeur de conscience pour prolos révoltés en mal «d’idéologie strictement prolétarienne».
Selon les maoïstes, leur parti «assume à la fois des fonctions d’organisation et d’éducation». En matière d’éducation, le PCR défend une vision assez classique merci : «l'éducation, le parti la réalise principalement au moyen de l'agitation et de la propagande communistes, par la publication de journaux et de revues, la diffusion de tracts, l'intervention parmi les larges masses, l'organisation de cercles d'étude et de groupes de discussion, etc.» Bref, un ensemble de moyens d’intellos (y’ont jamais entendu parler d’éducation populaire?). Pour ce qui est du travail d’organisation, il s’agit, «en particulier», du «ralliement progressif et systématique des éléments les plus avancés au sein du prolétariat» (sur la base de l’adhésion aux idées du parti, je présume). Le plus drôle, surtout venant de marxistes, c’est que les maoïstes sont convaincu que «c'est ainsi, et seulement ainsi - par l'agitation, la propagande et l'éducation - que le parti en arrivera à orienter et à diriger le mouvement des masses». À croire que les idées (du PCR) mènent le monde, une position idéaliste s’il en est.
Le PCR reconnaît, heureusement, que la révolution «ne saurait se produire sans la participation des plus larges masses». «Les masses font l’histoire» écrivent les maoïstes et, si le parti dirige, oriente et propose, les masses, elles, disposent (je paraphrase). Quel est leur rôle au juste et quelle relation le parti veut-il entretenir avec elles? Et bien, le PCR «s'appuie sur elles pour mener à bien ses tâches et ses activités». Concrètement, «le Parti communiste révolutionnaire cherche en toutes circonstances à se lier aux masses», notamment en utilisant «les méthodes d'enquête, non seulement pour mieux connaître leur situation, mais aussi pour bien cerner leur état d'esprit». Les masses, comme les prolétaires, ont besoin d’un peu d’aide pour développer les bonnes idées, c’est pourquoi le PCR «recueille les idées des masses et retient et systématise celles qui sont les plus justes».
Quelle relation le PCR entretient-il avec les organisations de masse? La question se pose parce que le parti condamne à peu près toutes les organisations réellement existantes. Selon le Programme, «elles [les masses] sont majoritairement organisées (quand elles le sont) par tout un réseau d'organismes et d'instances qui sont pour la plupart, à un degré ou à un autre, intégrés à l'appareil d'État». Les maoïstes poursuivent en écrivant que «trop souvent, ces organisations contribuent soit à étouffer leur combat, soit à le détourner de la cible, empêchant ainsi le développement de la lutte prolétarienne contre la bourgeoisie et son État».
Selon les maoïstes, «trop souvent, les communistes au Canada se sont limités à vouloir prendre la tête des organisations de masse déjà existantes, notamment des syndicats, sans s'assurer que cela correspondait à une influence réelle à la base» alors que «le rôle du parti est plutôt d'aider les masses prolétariennes à diriger elles-mêmes leur propre mouvement, leurs propres organisations, de sorte à ce qu'elles soient éventuellement en mesure de diriger la société tout entière». Jusqu’ici, tout va bien. Le problème c’est que, «dans le cas où telles organisations ne sont pas entièrement inféodées à l'État», les maoïstes se proposent de «mener certaines luttes pour les démocratiser, pour écarter la ligne bourgeoise, faire triompher la ligne prolétarienne et éventuellement les conquérir». Et si jamais le parti juge que les organisations sont inféodé à l’État, le PCR se propose tout simplement «d’aider les masses à s'en débarrasser et à les détruire». Il faut croire que les maoïstes ne font pas le même bilan que nous des années 1970 où les ML ont paralysés pendant des mois certaines organisations populaires en forçant des débats sur le sexe des anges pour en prendre le contrôle et en ont liquidé des dizaines d’autres…
En dehors de ça, le PCR annonce qu’il «encouragera systématiquement les masses à se doter d'organisations authentiquement prolétariennes, entièrement autonomes de l'État et des multiples réseaux qu'il organise et contrôle». En plus de les fonder directement au besoin, les maoïstes savent déjà que «l’ensemble de ces organisations s'inscriront dans la construction et le développement de tout un réseau, autour du parti et de l'armée révolutionnaire, qui sera appelé à constituer l'embryon du nouveau pouvoir». Semble-t-il que «c'est au nom de ces nouvelles organisations, authentiquement prolétariennes, avec lesquelles elles auront appris à se défendre, à se battre et surtout à se diriger elles-mêmes avec l'aide du parti, que les masses se soulèveront». Ce qu’il faut donc comprendre c’est que quand les maoïstes parlent «des masses», ils et elles parlent en fait de leur réseau de clubs écoles (Front rouge des jeunes et cie) et de leur seulEs sympathisantEs. En d’autres mots, le parti veut se substituer aux masses.