Le groupe de travail sur la tarification, mis sur pied par le gouvernement de Jean Charest et dirigé par l'économiste Claude Montmarquette, a remis son rapport jeudi matin.
Selon ce rapport, les Québécois doivent comprendre qu'il est urgent d'augmenter l'ensemble des tarifs qu'on leur impose afin de refléter davantage les coûts réels des services.
Si les Québécois s'alignaient sur la moyenne canadienne, estime Claude Montmarquette, chaque citoyen devrait débourser en moyenne 650 $ de plus par année, ce qui injecterait 5 milliards de dollars de plus dans les coffres de l'État.
Prenant comme exemple les coûts de l'électricité, l'économiste évalue que la moyenne canadienne de la valeur d'un kilowattheure est estimée à 10,10 ¢, alors qu'au Québec, il ne vaut que 6,68 ¢. Si on « normalisait » la situation, M. Marquette croit qu'au seul chapitre de l'électricité, le gouvernement pourrait récupérer deux milliards de dollars.
Le groupe recommande au gouvernement de se doter d'une loi-cadre qui fixerait les paramètres en vertu desquels des augmentations de tarifs seraient imposées.
Une application du principe utilisateur-payeur aurait pour effet de réduire la surconsommation, fait valoir le groupe, en prenant l'exemple de l'installation obligatoire de compteurs d'eau pour l'ensemble des résidences, des industries et des commerces.
Avec le principe de l'utilisateur-payeur, le président du Groupe de travail sur la tarification des services publics croit qu'en haussant les tarifs et en augmentant donc les revenus de l'État, cela réduirait la pression fiscale.
« Rappelons que la tarification n'est pas un impôt déguisé. Elle représente un instrument irremplaçable. Par exemple, lorsqu'elle s'applique à nos ressources, elle évite la surconsommation et le gaspillage et permet une gestion responsable de notre patrimoine. Globalement, elle permet de mieux financer les services publics tout en permettant une réduction à terme de la gestion fiscal », affirme Claude Montmarquette.
Monique Jérome-Forget
Mais la résistance est forte du côté gouvernemental, du moins si l'on se fie à la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.
« Je n'ai jamais dit que j'allais augmenter les tarifs, au contraire. J'ai toujours dit que je ne voulais pas augmenter les tarifs. Il n'y a rien sur l'écran radar pour augmenter les tarifs. M. le président, c'est clair, je l'ai dit hier, je l'ai répété plusieurs fois », a déclaré la ministre à l'Assemblée législative.
Le rapport Montmarquette vient à peine d'être dévoilé que déjà il suscite des réactions.
À l'union des consommateurs, on se dit très préoccupé à propos de la recommandation qui consiste à réviser la Loi sur la Régie de l'énergie, qui encadre les coûts de l'électricité, pour ainsi ultimement revoir à la hausse les tarifs.
On dit que ce sont les pauvres et la classe moyenne qui vont écoper et que ces hausses tarifaires constituent une façon de compenser les baisses d'impôt.
La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), qui représente 120 000 membres, est déçue de cette recommandation d'augmenter les droits de scolarités universitaires afin de se rapprocher progressivement de la moyenne canadienne.
Pour son président, Jean-Patrick Brady, l'application d'une telle recommandation nuirait à l'accessibilité aux études universitaires.
http://www.radio-canada.ca/regions/Mont ... rt_n.shtml