Il y a bien des choses qui se disent sur l'histoire du mouvement étudiant et il arrive parfois que le mensonge ou des interprétations erronées aient force de loi. C'est alors qu'une remise à l'heure des pendules est nécessaire...
Je suis franchement désolé mais l'esprit de synthèse, ce n'est pas mon fort. Quand c'est trop, c'est trop.
Concernant l'échec de la grève de 1990, il y a plusieurs facteurs à considérer. Il n'est pas faux de dire que la grève de 1988 a eu un impact négatif sur celle de 1990. Avec son plancher presque impossible de 20 associations avant de déclencher (certaines personnes se rappelleront que c'était d'ailleurs la proposition de la FAÉCUM lors de l'AEQ d'hiver dernier, et après on se fait dire qu'on ne sait pas organiser une grève...) et son repli stratégique, on n'obtint pratiquement rien et cela eût pour effet d'effriter la confiance en la grève.
Mais ce n'est clairement pas tout: l'ANEEQ était alors divisée. D'une part, la prise de position de son Conseil Central contre toute législation linguistique de même que la présentation, toujours par le CC, de la grève de 1988 comme étant une victoire marquent une coupure de cette instance avec la base. Il y a aussi la création de la Fédération des Étudiantes et des Étudiants du Québec (FEEQ), ancêtre de la FEUQ, qui vient diviser l'ANEEQ avec des positions plus modérées. Eh oui, les mêmes qui prêchent aujourd'hui l'unité du mouvement étudiant! De plus, lors de la campagne de grève, le plancher qui est déterminé est d'une majorité d'asso de cégeps (25) et d'universités (6), donc de 31 associations... Un plancher pas possible quoi!
Finalement, et par dessus tout, pendant cette mobilisation, DES ASSOCIATIONS CONTRE LA GRÈVE SE RASSEMBLENT ET FORMENT LA FÉDÉRATION ÉTUDIANTE COLLÉGIALE DU QUÉBEC TANDIS QUE LA FEEQ CHANGE DE NOM POUR S'APPELER, COMME ON LE SAIT, LA FEUQ. Mais ça je suis sûr qu'on ne l'apprend pas dans un camp de formation de la FECQ...
La voici la première trahison, celle qui est constitutive des fédérations et qui a été la cause principale de l'échec de cette grève qui a fait en sorte, effectivement, que les frais de scolarité grimpent de plus du double! Et c'est la base de la division du mouvement étudiant actuel. Ce n'est pas le syndicalisme de combat comme Anne-Marie P. semble le croire. Quand on regarde l'histoire de l'ANEEQ avant 1988, c'est quand même 13 ans d'histoire, on constate qu'il n'y a pas d'attaque majeure contre l'éducation, même que des avancées concrètes sont obtenues grâce à l'application du syndicalisme de combat en 1978 et en 1986 notamment. Et vous me corrigerez si je me trompe mais il me semble qu'il y avait un certain dialogue entre l'ANEEQ et le gouvernement, seulement celui-ci n'était pas perçu comme un partenaire ou un éventuel employeur mais bien comme l'adversaire qu'il est en réalité.
Vous en voulez plus? En 1996, le Mouvement pour le droit à l'éducation (MDE) lance une campagne de grève contre la menace d'un dégel des frais de scolarité. Elle connaît un certain retentissement auprès des associations indépendantes. En plein mouvement de grève, la FECQ tergiverse encore: pourquoi pas faire des grèves rotatives (1 jour chaque, 1 après l'autre)? Alors que la grève bat son plein, la FECQ n'a toujours pas fait d'appel à la grève, ce qui ne l'empêche pas d'aller négocier en notre nom suite à l'invitation du gouvernement (ou de Pauline Marois, pour fin de rappel). Je ne l'oublierai pas de si tôt celle-là! Au sortir de ces négociations, on apprend que le gel des frais est maintenu. Hourra! Toutefois, il y aura dorénavant une taxe à l'échec pour toute personne coulant plus de 1 cours. 2e trahison!
Il faudra des années de lutte qui dureront jusqu'en 2000 ou 2001 si je me souviens bien pour que cette taxe soit abolie. Les associations indépendantes s'organisent d'abord avec le MDE puis sans lui après sa mort pour contrer cette taxe. Après des mois de travail et avec le concours de la FECQ au sein de la coalition, il faut l'avouer, une campagne fructueuse se met sur pied. Et quand vient le temps de négocier, alors qu'un comité a été mis sur pied en coalition à cet effet, devinez qui vient by-passer tout le monde? La oh combien merveilleuse FECQ, encore! 3e trahison. C'est d'ailleurs suite à celle-là que des associations décident de s'organiser pour arrêter de se faire avoir et fondent éventuellement l'ASSÉ.
Mais attendez, il y a la FEUQ aussi. En 2000 est convoqué un Sommet du Québec et de la jeunesse, perçu aujourd'hui dans certaines sphères comme étant un moment où la jeunesse a su montrer sa solidarité et son rapport de force au gouvernement à travers la concertation. Pendant que ces gens se vautraient dans le vin et fromage à l'intérieur, des centaines de personnes se faisaient gazer à l'extérieur... C'est qu'en fait, l'aile radicale du mouvement étudiant, dont le MDE, le dénonçaient et étaient dans certains cas en grève. Ce Sommet marquait le début d'une compétition entre les universités à savoir laquelle serait la plus à même de couper ses services pour se voir attribuer une part du mince gâteau que leur offrait le gouvernement. Les conséquences furent notamment une augmentation du nombre d'élève dans les salles de cours et des coupes drastiques dans la banque de cours tandis que les administrations redoublaient d'audace pour nous inventer de nouveaux frais afférents... Et la FEUQ y a donné son aval à cette grade avancée. 4e trahison.
Finalement, il y a la grève d'hiver 2005. Quand je lis:
on dirait que vous n'avez pas compris comment partir un mouvement de contestation.
j'me dis que c'est ben le boutte. Alors qu'on y a travaillé pendant des mois, qu'on s'y préparait même l'année d'avant pour éviter que cette satanée réforme arrive, pis qu'on envisageait la grève au mois d'août quand on (l'AFESH) a appelé un Congrès extraordinaire. À dire vrai, je crois bien qu'au moins la moitié des associations de l'ASSÉ et le Vieux-Montréal étaient prêtes à la grève dès l'automne mais qu'on savait très bien que ce ne serait pas assez. On le disait depuis des mois qu'il fallait aller vers la grève et on y a travaillé d'arrache pied à en suer par tous les pores de notre peau pis on se fait dire
on dirait que vous n'avez pas compris comment partir un mouvement de contestation.
Dire qu'il y avait des délégations de la FECQ lors de nos Congrès, il y en avait même un de Rimouski à quelques reprises. Pis en plus, L'APPEL À LA GRÈVE D'OCTOBRE APPELAIT À LA GRÈVE EN HIVER. Et tu as le culôt de nous expliquer c'est quoi une escalade des moyens de pression. D'ailleurs, cette fin de semaine, j'étais à une conférence de la Graduate Studies Association de Concordia et le représentant de la FEUQ nous expliquait leur escalade des moyens de pression aussi.
ON VIT DANS LE ROYAUME DU NOVLANGUE OU QUOI? ALORS QUE LA GRÈVE ÉCLATAIT À LA FIN FÉVRIER, COMME ON VOUS L'ANNONÇAIT D'AILLEURS, P-A PIS JULIE DISAIENT ENCORE QUE C'ÉTAIT TROP TÔT, PRÉMATURÉ! C'est un cas de mémoire sélective ou quoi? Et dans le cas de la FEUQ, y'avait déjà des milliers de leurs membres en grève! Il aura fallu attendre plus d'une semaine avant qu'enfin la FECQ appelle à la grève puis la FEUQ une semaine plus tard. Vous appelez ça envisager la grève sérieusement vous? Moi, j'appelle ça être complètement dépassé par sa gauche et par sa base et s'ajuster pour SURVIVRE! Car c'est bien de cela qu'il s'agit, d'une lutte pour la survie, de pas perdre la face.
Et il en va de même pour l'ENTENTE. Quand le temps du budget était passé, la plan d'action des fédérations avait complètement échoué, il fallait sauver les meubles. Appelons le fédéral pour qu'il donne de l'argent qu'il nous doit déjà, arrangeons-nous avec le provincial pour faire comme si on négociait de quoi et ainsi, le gouvernement semble faire une concession et les fédérations obtiennent une victoire! 5e trahison.
Mais attention. Si les gens sont rentrés en classe, c'était plutôt suite à l'épuisement (jusqu'à 7 semaines de grève, c'est du jamais vu dans l'histoire du mouvement étudiant). Des associations représentant plus de 110 000 personnes (sur 180 000 en grève au début avril) rejettent l'entente. Si ça a passé à la FECQ, c'est parce que des associations qui n'ont pas ou peu participé à la grève l'ont accepté. Les gens de Rimouski devraient s'en rappeler. Il est vrai qu'il y a un bon potentiel militant à la FECQ, ou plutôt au sein de certaines associations membres dont la plupart sont d'anciennes associations de l'ANEEQ comme vous , mais votre potentiel est freiné voire même contré par votre fédération et c'est fort triste. Il en va de même pour les individus de bonne volonté.à
Et le mythe du "une grève à chaque session" pour l'ASSÉ est complètement faux. Je me trompe peut-être mais à mon souvenir la seule autre campagne de grève était celle de l'année d'avant, vous savez, celle qui voulait empêcher la réforme contre laquelle nous nous sommes battu cette année.
Si nous n'avions pas travaillé à la grève, elle n'aurait pas eu lieu. Telle est la réalité objective: on vous a poussé dans le dos. J'espère qu'un jour les gens qui en doutent s'ouvriront les yeux.
Et désolé pour la longueur mais ça m'a vidé le coeur... et, je l'espère, remis des pendules à l'heure!