Le problème est bien plus sévère que la perte du droit de grève. Il s'agit d'une perte totale de la liberté d'expression ! En effet, le droit universel de contester est menacé. Cette injonction est l'extension étudiante de la loi C-43. L'État policier et totalitaire se concrétise. En effet, si cette ordonnance devient permanente, elle crée un cas de jurisprudence auprès duquel n'importe qui pourra se revendiquer afin d'empêcher toute contestation citoyenne.
En effet, lisez bien l'ordonnance.
Plus particulièrement:
[...]
c)de s'abstenir d'intimider, de menacer, d'importuner, de molester ou de séquestrer les employés, professeurs, chargés de cours, cadres, administrateurs, fournisseurs, locataires, personnels administratifs, les officiers et représentants de la demanderesse ainsi que toute autre personne voulant entrer ou sortir des pavillons et résidences occupés par la demanderesse et ses locataires;
d) de s'abstenir d'ordonner ou de conseiller, de quelque façon que ce soit, directement ou indirectement, à toute personne, de commettre les actes mentionnés aux paragraphes a), b) et c) ci-dessus et de les soutenir, les encourager ou les appuyer;
[...]
ORDONNE aux défendeurs, aux membres des associations défenderesses, à leurs représentants, officiers et à toute autre personne agissant ou non sous leurs instructions, directions, contrôle et participant ou non à leurs activités de cesser immédiatement tout attroupement ou manifestation aux accès, sorties et à l'intérieur des pavillons et résidences décrits au paragraphe a) ci-dessus et dans un rayon de 100 mètres de ceux-ci;
[...]
Bref, on n'a plus le droit de s'attrouper (3 personnes) ou de manifester à 100 mètres de l'UQÀM et si l'on commet quelconque action susceptible d'influencer
quelqu'un à obstruer, intimider, menacer, importuner, molester ou de séquestrer quiconque ayant un lien avec l'UQÀM (si je lis bien le document, cela inclut les personnes morales ainsi que leurs employéEs et propriétaires), on se retrouve avec 50 000$ d'amende avec ou sans emprisonnement pouvant aller jusqu'à un an. Notez que vous ne pouvez molester quelqu'un, mais vous pouvez l'attaquer sans être sanctionné par l'injonction.
Dans tous les cas, on importune la personne.
Par exemple, non seulement nous ne pourrons plus empêcher ou perturber la tenue d'un kiosque de recrutement de l'armée en importunant la personne en charge dans son travail, mais nous ne pourrons plus faire de l'affichage contestataire sans avoir une amende ou une peine de prison puisque nous inciterions indirectement à l'importunité de quelqu'un ayant un lien avec l'UQÀM.
"Vous n'avez pas le droit de manifester votre désaccord avec la guerre parce que vous importunez un partenaire uqamien". Hop, 50 000 $ d'amende.
"Vous êtes accusé de marxisme. Vous supportez donc les révolutions, aussi indirectes soient-elles, donc vous importunez le bon fonctionnement des entreprises privées en relation avec l'UQÀM." Et, hop, en prison.
Pire. Peu probable, mais reconnu par l'injonction tout de même: si Québécor est le fournisseur Internet de l'UQÀM, des employéEs de cette entreprise en grève "importuneraient" le fournisseur uqamien. Hop, aussi en prison.
Tout ce que l'on a besoin pour être "protégé" par cette stupide injonction c'est la volonté d'entrer ou sortir de l'UQÀM. Où donc s'arrête cette volonté d'entrer ou sortir ?
C'est flou, c'est fou, c'est scandaleux, c'est même terroriste, fasciste dis-je !
La lucha es como un circulo. Se puede empezar en cualquier punto, pero nunca termina. - El Delegado Zero