Dossier Université de La Presse (suite...)

Discussions portant sur l'ASSÉ et le mouvement étudiant en général.

Nos universités, usines à diplômés

Messagede Francis Ménard le Lun Avr 14, 2008 8:31 am

http://www.cyberpresse.ca/article/20080 ... ACTUALITES

Nos universités, usines à diplômés

Violaine Ballivy et Louise Leduc
La Presse


À grands coups de gueule dans les journaux, professeurs et étudiants disent régulièrement tout leur mépris pour la médiocrité des universités qui seraient devenues des machines à diplômer. De l'argent vite fait, bien fait. En cette période de l'année où se multiplient les cérémonies de remise de diplômes, la question se pose: les baccalauréats de nos universités valent-ils encore quelque chose?

À l'UQAM, au département de communication, avant même le premier examen, avant même le premier travail, les étudiants savent déjà comment ça va finir: par une moyenne de groupe qui «devrait normalement se situer entre 83% et 89%», dixit la consigne du département remise aux étudiants en début de session et qu'approuve la haute direction de l'UQAM. Au prof de «normaliser» en conséquence.

Au surplus, à l'UQAM, les étudiants sont appelés à voter chaque plan de cours. Ils refusent tout examen et ne veulent que des travaux d'équipe? Soit. Tant que la majorité est d'accord.

Jordan Fainstat, étudiant en science politique à l'Université Concordia, raconte comment ça se passe dans ses cours à lui. «Si la moitié de la classe coule un examen, le professeur s'ajuste et décide que l'examen, par exemple, ne comptera que pour 15% de la note finale.»

Les entrevues réalisées avec les professeurs et les étudiants rendent compte de deux réalités bien distinctes: celle des sciences pures ou de la santé, où on a le sentiment que les cours sont exigeants et de niveau universitaire; et celle des sciences sociales ou de l'éducation, où c'est nettement moins clair.

«À l'Université de Montréal, observe Josée Lusignan qui y étudie, on dit qu'il y a l'université du haut de la côte et l'université du bas de la côte. En haut de la côte, la faculté de pharmacie a un nouveau pavillon. À la Polytechnique, à la faculté de médecine, ils n'ont pas à se plaindre non plus. Tandis que nous, en bas de la côte, en sciences sociales, nos pavillons sont tellement vétustes que c'en est gênant.»

Et ce n'est pas qu'affaire de briques. Pour quantité de programmes, il n'y a aucune barrière à l'entrée. Dès lors qu'on a son diplôme de cégep - et encore -, l'admission est acquise d'emblée et le diplôme assuré, pour peu qu'on ait persévéré.

Persévéré à quoi? À l'ennui total, résume Josée Lusignan, qui étudie en enseignement. Ses cours, résume-t-elle, consistent à refaire son primaire. «En didactique des mathématiques, on fait des fractions, des résolutions de problème de type: Pierre et Paul mangent une tarte En histoire, on me redit qui a exploré où. Dans un autre cours, on passe notre temps à étudier le programme ministériel, ce que je pourrais faire moi-même, en temps voulu. Bref, je n'apprends rien d'édifiant: j'attends mon papier, point à la ligne.»

Un professeur en éducation qui demande l'anonymat parce qu'il dit «avoir assez payé de sa personne» considère que l'université est devenue en grande partie «un crime contre l'esprit, un détournement de fonds publics» et que les départements d'éducation sont minés par l'endoctrinement idéologique du ministère de l'Éducation. Le fond du baril? Le bac en enseignement primaire. «J'ai vu des étudiants en éducation primaire à qui l'on demandait de bricoler une maternelle en carton. J'ai déjà lu un mémoire de maîtrise qui portait sur l'astrologie comme moyen d'orientation scolaire. Ce qui est important, pour l'université, c'est d'être rentable, d'admettre le plus d'étudiants possible, sans s'inquiéter de ce que les étudiants en sortent ignorants.»

Un professeur de droit réputé et décoré de prix internationaux - qui demande aussi l'anonymat - est lui aussi outré. «La réalité des facultés de droit, c'est que ce sont des usines.»

Prenez les plus prestigieuses facultés du Canada, dit-il. «Osgoode Hall, à Toronto: 828 étudiants. Université of Western Ontario: 498. L'Université de Toronto: 585. Et on parle ici d'universités où convergent des étudiants de partout au Canada. Pendant ce temps, au Québec, nos facultés comptent entre 1200 et 1500 étudiants, alors qu'il y a 10 ans, chez nous, on en avait moins de 700. Quand t'admets tant de joueurs dans tes facultés, tu t'éloignes nécessairement beaucoup des Sidney Crosby de ce monde»

Et la cote R?

Mais les étudiants ne doivent-ils pas tous atteindre une certaine cote R, qui fait foi de tout? "Dans plusieurs départements, on réduit les exigences pour accueillir plus d'étudiants", nous confie un professeur en économie.

Ces propos rejoignent maints cris du coeur bien publics. Dans un texte publié par La Presse en novembre, Philippe Faucher, directeur du département de science politique de l'Université de Montréal, écrivait: "Il n'y a pas de raisons pour que le Canada, avec son niveau de vie, se contente d'universités médiocres."

Suzanne G.-Chartrand, professeure en éducation à l'Université Laval, déclarait à La Presse en novembre: "Ça fait 15 ans que je contribue à diplômer du monde qui ne devrait pas avoir le droit d'enseigner. () J'ai des étudiants dont je me dis: J'espère que mes petits-enfants ne l'auront jamais comme professeur." Dans Le Devoir, récemment, Mme Chartrand disait avoir été citée hors contexte et corrigeait le tir de façon encore moins rassurante. "J'ai enseigné à l'Université de Montréal, à l'UQAM, à Sherbrooke et à Laval. Or, je vois la même chose depuis 15 ans. Ce n'est certainement pas propre à (l'Université) Laval."

Toujours à l'automne, 19 professeurs de science politique et de physique de l'Université de Montréal y allaient à leur tour de leur cri d'alarme dans Le Devoir: "Il devient très difficile d'assurer une formation universitaire digne de ce nom", écrivaient-ils.

C'est tellement rendu n'importe quoi, raconte notre professeur de droit cité plus haut, que dans sa faculté, du jour au lendemain, sans changer une virgule du contenu, un cours de baccalauréat est devenu un cours de maîtrise. Pourquoi? Parce qu'un étudiant à la maîtrise, ça donne plus de subventions qu'un étudiant au baccalauréat, tout simplement!"

Dominique Brousseau, qui étudie en gestion du tourisme à l'UQAM, signale, elle, que dans un cours de trois heures, le chargé de cours ne s'est jamais rendu plus loin qu'une heure et demie de cours. "Ils étirent la sauce et se cherchent désespérément du contenu. Les cours sont hyper-redondants: souvent, on oblige les étudiants à suivre des cours en séquence - le cours introductif, puis ses suites - alors que tout pourrait très bien se faire en une session."

Marc Renaud, professeur de sociologie à l'Université de Montréal, s'inscrit en faux contre le pessimisme ambiant et contre l'obsession des palmarès qui classent les universités de ce monde. "C'est sûr qu'il y a des départements qui sont moins bons, mais ce qui compte, en bout de piste, c'est le professeur et le sentiment d'avoir appris ou pas."
Francis Ménard
Gauchiste du Oueb en devenir
 
Messages: 139
Inscription: Mar Sep 26, 2006 12:47 pm

L'université, bientôt une école secondaire?

Messagede Francis Ménard le Lun Avr 14, 2008 8:38 am

L'université, bientôt une école secondaire?

Violaine Ballivy et Louise Leduc
La Presse


Si la dégringolade se poursuit, l'université, au baccalauréat, ne vaudra pas plus que l'école secondaire, prédit James E. Côté, auteur du livre Ivory Tower Blues.

Philipe Faucher, directeur du département de science politique à l'Université de Montréal, fait observer qu'«aujourd'hui, un diplôme en marketing, ça sert à être représentant sur la route. C'est le même commis voyageur des romans de John Steinbeck qui n'avait que son high school. Le même gars. Avec un diplôme universitaire et un cellulaire.»

«C'est comme en psychologie: avant, avec une maîtrise, on pouvait être psychologue. Maintenant, pour être admis à l'Ordre, il faut avoir un doctorat», poursuit M. Faucher.

«Le baccalauréat, c'est un gros cégep», dit pour sa part Éric Martin, qui fait aujourd'hui un doctorat en pensée politique.

Puis, il nous rappelle pour corriger le tir. «Ce que je vous ai dit, c'est injuste, en fait. Injuste pour mon cégep, où j'ai vraiment beaucoup appris.»

Philippe Faucher soutient qu'à l'instar du Québec «qui a horreur de l'élitisme», il y a carrément un «biais anti-intellectuel» dans nos universités aujourd'hui «enfermées dans des logiques de productions» et toutes tournées vers la création de bacheliers.

Les «formations à rabais» se multiplient, remarque pour sa part Jacques Hamel, professeur de sociologie à l'Université de Montréal.

Il entend par là des programmes courts, «qui offrent ce que le client demande»; pas trop de transmissions de connaissances fondamentales, beaucoup de compétences directement liées au marché du travail.

Son confrère Marc Renaud reconnaît avoir lui-même souri à la description d'un cours «qui enseignait aux étudiants l'art de choisir un bon traiteur». «L'université n'est plus la tour d'ivoire qu'elle était. Elle se cherche. Je ne crois pas, cependant, qu'il faille évacuer tous les cours appliqués», un extrême que M. Hamel ne souhaite pas non plus.

Il donne l'exemple de son cours de sociologie de la santé (qui portait sur les systèmes de soins, les causes sociales des maladies, etc.) au terme duquel ses étudiants avaient tôt fait de se trouver un emploi, ce qui, à son avis, n'est pas à négliger.

Michel Umbriaco, professeur à l'UQAM en éducation et spécialiste du financement des universités, trouve quant à lui que «tout ce qui est dans le domaine du «social» peut faire l'objet d'un cours.

Aussi approuve-t-il la décision de l'UQAM - qui, un temps, a envisagé la disparition des départements de philosophie et de chimie - d'inaugurer cet automne un certificat en gestion et pratiques socioculturelles de la gastronomie qui abordera notamment les questions du «tourisme gourmand» et la relation entre la nourriture et le mangeur. «Je me serais inquiété si l'UQAM avait fait ce programme sans faire d'études financières pour savoir si c'est rentable.»

Ce que M. Umbriaco trouve «extrêmement dérangeant», par contre, c'est que dans une université qu'il refuse d'identifier, une cohorte de 15 étudiants a obtenu le baccalauréat l'an dernier en n'ayant eu absolument aucun professeur tout au long de leur parcours. Des chargés de cours, du début à la fin. M. Umbriaco a refusé de révéler le nom du programme en cause.
Francis Ménard
Gauchiste du Oueb en devenir
 
Messages: 139
Inscription: Mar Sep 26, 2006 12:47 pm

Re: Nos universités, usines à diplômés

Messagede Dredj le Lun Avr 14, 2008 11:00 am

Ce matin même, à RDI (à 10h45am), le prez de la FEUQ (Brady et sa barbe de 3 semaines !) a donné une piètre performance (selon moi, vu les répliques du téléjournaliste) en défendant que les universités ne sont pas des usines à diplômer... en gros, c'est le sous-financement, les frais de scolarités et les frais afférents qu'il a parlé, rien d'autre !!!
«Le Parti québécois ne taxera jamais la matière grise !»
André Boisclair, mars 2007

«Fini la naïveté, aussi, dans nos frais de scolarité. Il faut commencer à être sérieux, rigoureux.»
Jean-François Lisée, Conseiller de Pauline Marois, novembre 2007
Dredj
Apprenti-e militant-e geek
 
Messages: 59
Inscription: Mer Mar 28, 2007 12:53 am

Re: Nos universités, usines à diplômés

Messagede marechalCAMBRONNE le Lun Avr 14, 2008 11:14 am

Je viens de lire ces même articles....Ouch, il y a trop de choses de vraies la dedans...On a encore de méchants combats devant nous!
Le seul péquiste membre de l'ASSÉ???
En fait on est 2! 2 portes paroles régionaux en plus.
C'est ben la première fois que je suis l'extrême droite de quelqu'un moi!
marechalCAMBRONNE
Gauchiste du Oueb en devenir
 
Messages: 96
Inscription: Jeu Oct 18, 2007 1:10 pm

Re: Nos universités, usines à diplômés

Messagede Tsunami Dan le Lun Avr 14, 2008 11:59 am

Comme l'impérialisme?
Are we enemies of the state?
Or idealist bourgeoisie?

-NOFX

Honey, I shrunk the momentum..
Tsunami Dan
Bantam du tube cathodique radical
 
Messages: 377
Inscription: Mer Nov 29, 2006 10:10 am

Re: Nos universités, usines à diplômés

Messagede Clouts le Lun Avr 14, 2008 1:47 pm

Un diplôme qui ne vaut plus rien...mais qui coûte de plus en plus cher!

Sérieusement, j'attendais depuis longtemps un dossier là-dessus. Avec un bacc, on ne peut plus rien faire. Par exemple, ma blonde fait 25000 par année pour une job qu'une secrétaire faisait autrefois. Par contre, elle est diplômée en communication et elle a fait des dizaines d'applications. Des cas comme ça, vous en connaissez autant que moi. De plus, on est en train d'ouvrir les portes des maîtrises en donnant des diplômes à rabais pour renflouer les coffres des facultés.

Vous voyez un peu ma préoccupation: On paye de plus en plus cher pour notre diplôme, mais on ne peut plus rien faire avec...Endetté, pour la vie. Le diplôme qu'on nous propose est une escroquerie.
Clouts
Bantam du tube cathodique radical
 
Messages: 221
Inscription: Jeu Fév 23, 2006 12:19 am
Localisation: Université de Montréal

Re: Nos universités, usines à diplômés

Messagede militant sans banière le Lun Avr 14, 2008 2:46 pm

D'ou le pourquoi qu'il faut étudier ds des domaines qui payent. Le génie, l'administration, encore un peu les sciences a cause des subventions gouvernementales ...

Je rigole, toutefois, il faut se demander la faute à qui ? Je crois qu'il faut savoir se regarder le nombril pour constater qu'il y a un réel problème dans notre génération. J'en connais trop habile avec leur main qui ont un diplome universitaire et que cela les mènes à rien. Ils auraient dû penché vers les diplomes professionnels.

Malheureusement, ces formations professionnels n'ont pas la cote. Que ce soit pour des raisons familiales ou sociales, on nous encourage à faire un bacc et pourquoi pas une maitrise. En bout de ligne, pourquoi tout cela, je suis gogoche, meme si parfois g pu paraitre a droite ds mes propos. Je ne crois pas que c avec l'ASSÉ, malheureusement ma représentante nationale que les valeurs pour lesquels je me bat seront bien représenté.

Nous sommes les Y, une génération qui apportera énormément j'en suis sur, au Québec mais aussi au monde de demain. Par contre, pour plusieurs, il serait maintenant temps de sortir des dogmes du vieu continent et de vivre dans le monde contemporain. Ce monde, encore dominé par les boomers, tentent effectivement de nous fairte croire que nous devons toujours payé plus pour ce que nous consommons comme service public.

Moi aussi, je suis en crisse, quand j'entends de tels propos de gens qui en ont profiter plus qu'autrement. Par contre contre, ces gens contre lesquels je suis en beau maudit, ben c'est eux qui ont bucher pour construire ce que nous avons en ce moment. Vous voulez des exemple de choses qui coute cher que l'on sous-utilise que si on utiliserais plus serait rentalbe ? Les CLSC ? Qui y va a part pour se faire vacciner que ce soit pour aller en voyage ou lorsque l'on est jeune. Pourtant, il devrait être la première ligne d'attaque du sytème de santé. Aujourd'hui, malgré leur existance, on va plutôt à la clinique PRIVÉ ou à l'urgence du centre hospitalier le plus près de chez soi.

Les CÉGEP ? Combien choisissent encore les sc. humaines car ils ne sont toujours pas fixé sur ce qu'ils veulent faire ds la vie ? Les techniques offrent pourtant de belles perspectives de carrières, et durent seulement trois ans. Les dip^lomes professionnel aussi, il n'est pas normal que ce type de diplome est la réputation de n'être que pour les décrocheurs scolaires. En effet, certains n'iront jamais a l'université et ne sont pas du tout intéresser par cela. Par contre, une maudite gang de collégiaux et d'universitaires auraient, de mon humble avis, dû choisir ce type de formation.

La liste pourrait être encore longue. Somme toute, un constat, il vca vraiment falloir se décider en tant que société ce que l'on veut faire, first, de nos université, continué à les sous-fiancer ne mène qu'à un endroit, la bâtardisation des formations universitaires, ensuite du reste des formations. Il va falloir en tant que société, reconnaître l'importance et la qualité qu'offre le milieu professionnel pour ceux qui désirent en faire parti. Une société forte ne se développe pas avec uniquement des universitaires mais aussi avec une large part de la population instruite qui effectue des métiers !!!
Militant sans bannière
--------------------------
Qui milite pour l'accessibilité
aux étude et contre le dégel
est mon ami !!!
militant sans banière
Bantam du tube cathodique radical
 
Messages: 336
Inscription: Ven Nov 09, 2007 12:08 pm
Localisation: Québec

Re: Nos universités, usines à diplômés

Messagede Francis Ménard le Lun Avr 14, 2008 3:04 pm

Il y a 3 textes sur le site Internet uqamengreve.org qui abordent la question :

Disparaître avec l’UQAM ? La crise de l’UQAM reflète la crise du projet collectif québécois

Vienne la noirceur

La crise de l’université : entre sous-financement et financiarisation
Francis Ménard
Gauchiste du Oueb en devenir
 
Messages: 139
Inscription: Mar Sep 26, 2006 12:47 pm

Re: Nos universités, usines à diplômés

Messagede BenoitL le Lun Avr 14, 2008 8:06 pm

D'ou le pourquoi qu'il faut étudier ds des domaines qui payent. Le génie, l'administration, encore un peu les sciences a cause des subventions gouvernementales ...

Ce que je trouve drôle avec la popularité des facultés de gestion, c'est que les étudiants qui y étudient sont persuadés qu'avec leurs cours plates en marketing et en gestion des porte-crayons ils vont tous finir comme jeunes cadres dynamiques au sein d'une entreprise en vogue ou entrepreneurs miraculés, alors que le dude dans son association étudiante, avec son expérience de gestion, pourrait être le king de Wall Street...

Mais bon, ça aussi, c'est une vache à lait pour les universités.
La dialectique peut-elle casser des briques?
BenoitL
Bantam du tube cathodique radical
 
Messages: 302
Inscription: Sam Mai 06, 2006 4:20 pm
Localisation: AÉMSP-UQÀM

Re: Nos universités, usines à diplômés

Messagede eponyme le Lun Avr 14, 2008 11:01 pm

sacrés journalistes.. toujours le mode spectaculaire, jamais de distance critique, de questionnement sur les structures, le « pourquoi », etc... violaine balivy est une phony ... interroger les causes fonctionnalisme social ? jamais... trop compliqué pour elle (et son lectorat, nous dira-t-on) !

on rapporte les « faits objectifs », c'est tout ! ses boss veulent de la sensation, du scandale... les voilà choyés encore une fois. décrire la déliquescence sans y réfléchir... avec des belles citations ... anonymes à part de t'ça !

pour les vautours des grands quotidiens, il est seulement question d'engendrer la réaction, non pas la réflexion sur les causes systémiques.

c'est le fun de voir les vieux s'émouvoir à propos de l'université, car c'est avant tout eux qui l'ont façonnée. c'est le produit de LEUR bêtise PAS la nôtre. pourquoi l'université est-elle en proie au marché ? parce notre société est une société marchande... et la presse en est directement responsable !

le parallèle avec la crise du crédit hypothécaire aux É.-U. est trop facile à faire.

et quand on s'oppose à cette funeste masquarade... c'est l'opprobre... la grosse honte publique... gare à la matraque, à l'intimidation judiciaire et à la mauvaise presse....

en passant, josée lusignan est la fille qui a signé cette lettre contre la grève des profs en 2005 :
http://www.ledevoir.com/2005/11/22/95732.html ... assez ironique, car les profs. demandaient un salaire plus élevé pour contrer, entre autres, l'exode vers les universités qui paient mieux et attirer les profs de renom (bref pour assurer un enseignement de qualité)
FEUQ FAECUM FLICS
eponyme
Bantam du tube cathodique radical
 
Messages: 234
Inscription: Ven Oct 19, 2007 12:58 am
Localisation: COM-POL UdeM

Dossier Université de La Presse (suite...)

Messagede Francis Ménard le Mar Avr 15, 2008 10:24 am

Suite des articles de cette enfilade: Nos universités, usines à diplômés

http://www.cyberpresse.ca/article/20080415/CPACTUALITES/80414248/1019/CPACTUALITES a écrit:Plus d'étudiants, plus de revenus

Violaine Ballivy et Louise Leduc
La Presse


Campagnes de pub, promesses de bourses, nouveaux programmes, pavillons neufs: les universités ne négligent rien pour attirer le plus grand nombre d'étudiants, au point où certaines en accusent d'autres de jouer dans leurs platebandes. Au goût de certains - qui ont bien en tête la presque faillite de l'UQAM et le déficit accumulé record de 400 millions des universités québécoises en 2006-2007 - , c'est : Attention! Danger: les universités voient trop gros, sans toujours songer à ce que le marché de l'emploi peut absorber.

Les comptables de la firme PriceWaterhouseCoopers l’ont écrit en toutes lettres dans leur dernier rapport. L’UQAM, pour régler ses problèmes financiers, devra, entre autres choses, augmenter le nombre de ses étudiants. Et du coup ses revenus.

En 1989, les universités québécoises comptaient au total 159 821 étudiants. Les données les plus récentes font état, aujourd’hui, de 187 473 étudiants. Belle augmentation de 17,3%, mais on espère plus : presque 200 000 d’ici 2014, selon des données du ministère de l’Éducation.

Dans le métro, dans les journaux et sur le web, les publicités des universités se multiplient donc. L’Université Bishop a embauché cette année une firme externe qui lui concoctera une «campagne d’image». Deux employés ont été ajoutés au service du recrutement. On espère ainsi faire passer de 1800 à 2500 nombre d’étudiants sur le petit campus estrien.

L’Université de Montréal, elle, vient d’enrôler Raynald Petit, un publicitaire bien connu à qui l’on doit les désormais célèbres pubs de Bell avec Benoît Brière et la campagne controversée des sloches à saveur de goudron ou de poussin écrasé des dépanneurs Couche-Tard.

«Je serais bien mal pris d’avoir une hausse de 10% d’étudiants: je n’aurais pas assez de salles de classe pour les loger. Mais s’il n’y en a pas assez, on a un problème de financement», explique Jacques Frémont, vice-recteur aux affaires académiques de l’Université de Montréal.

Les universités sont très discrètes au sujet des budgets alloués à ces opérations qui suscitent toutefois bien des critiques. «C’est inquiétant de voir que cet argent ne sert pas à rehausser la qualité de l’enseignement», dit Jean-Patrick Brady, président de la Fédération étudiante universitaire du Québec.

Au fil des ans, les universités ont aussi multiplié les points de service et les programmes pour faire le plein d’étudiants dans les banlieues, notamment. L’Université du Québec à Rimouski diplôme des enseignants à Lévis. L’Université de Sherbrooke construit actuellement un pavillon à Longueuil. L’Université de Montréal est déjà établie à Laval, Terrebonne, Longueuil et Québec…

«Nous avons besoin de diplômer davantage de Québécois et je n’ai rien contre le recrutement. Sauf qu’on est rendus qu’on utilise des moyens qui sont socialement désavantageux, s’inquiète Nicolas Marceau, professeur d’économie à l’Université du Québec à Montréal. Par exemple, il semble assez clair que les universités mettent beaucoup d’argent dans le béton (pour construire), et relativement moins dans les cerveaux, dans les professeurs et les bibliothèques pour tenter de conquérir les étudiants des autres universités.»

«La qualité des services offerts n’est certainement pas la même dans les campus satellites. C’est évident», ajoute-t-il.

Le savoir ou le diplôme?

James E. Côté, sociologue de l’Université Western, en Ontario, sonne l’alarme sur les dérives de ces campagnes de recrutement massif dans son essai Ivory Tower Blues.

«On recrute des étudiants qui n’ont pas nécessairement les aspirations ou les capacités pour ce genre de formation, et qui auraient été plus heureux ailleurs», déplore-t-il. Du coup, «les étudiants ne sont plus tellement intéressés par les cours ou par le fait d’acquérir des connaissances, mais par le fait d’avoir un diplôme».

La preuve? À chaque rentrée, James E. Côté met ses étudiants à l’épreuve en leur demandant, le plus sérieusement du monde : «Qui accepterait ne pas se présenter en classe en échange d’une note de 80% dans son bulletin?» Résultat : presque tous!

Un sondage mené en 2006 sur l’engagement étudiant indique qu’un Canadien sur deux consacre au maximum 15 heures par semaine à ses travaux universitaires. «Un étudiant sur deux ne met aucun effort dans ses études, interprète M. Côté. Comment peuvent-ils espérer apprendre quelque chose?»

«Les jeunes sont devenus plus consuméristes. Ils se disent : Je paie cher, donc je m’attends à des services et je m’attends à un diplôme. Comme au magasin. Alors que, dans les années 70, c’était plutôt, je m’en vais à l’université, si jamais l’université m’en trouve digne, peut-être que j’arriverai à devenir quelque chose», note Michel Umbriaco, professeur à l’UQAM, spécialiste de la gestion des universités.

Philippe Faucher, directeur du département de science politique de l’UdeM, parle carrément de «fraude». «On offre des formations qui ne se concrétisent pas par une insertion équivalente sur le marché du travail. (...) Combien de psychologues le Québec peut-il vraiment admettre?» L’UdeM, relève-t-il, a décerné à elle seule 198 baccalauréats en psychologie.

La vigueur de cette concurrence préoccupe assez le ministère de l’Éducation pour qu’un comité de travail ait été chargé d’étudier la question. Il devra revoir les balises qui dictent le développement des services universitaires hors de leur campus initial. Et la Confédération des recteurs et des principaux des universités du Québec devra «proposer des pistes de solution afin d’assurer une plus grande cohérence d’ensemble de l’offre de services sur le territoire», explique Stéphanie Tremblay, porte-parole du ministère.

Nicolas Marceau, lui, propose d’abaisser le pourcentage de subvention qui découle directement du nombre d’étudiants inscrits dans chaque université. Les résultats de ces travaux ne seront dévoilés qu’à la fin 2009.

Les universités québécoises ont affiché un déficit accumulé record de 400 millions à la fin de 2006-2007.


http://www.cyberpresse.ca/article/20080415/CPOPINIONS03/80414250/1019/CPACTUALITES a écrit:Crise universitaire

Nathalie Collard
La Presse


Il faut reculer quelques années en arrière pour comprendre les crises que traversent nos universités aujourd’hui.

Avant, seuls les enfants issus des familles riches poursuivaient l’école au-delà de la sixième année. Les études supérieures, dirigées par les communautés religieuses, étaient réservées à l’élite. Bon nombre d’entre nous sont les descendants d’hommes et de femmes qui n’ont pas fréquenté l’université. Au Québec, la révolution a eu lieu au début des années 60, avec la publication du rapport Parent qui promettait une bonne éducation pour le plus grand nombre.

Plus de 40 ans ont passé et l’université s’adapte encore à ce grand bouleversement. La démocratisation de l’éducation a créé une immense pression sur les institutions universitaires qui ne sont plus ces tours d’ivoire dans lesquelles une poignée de privilégiés discutent de Platon et d’Aristote, n’en déplaise aux nostalgiques des cours classiques. Aujourd’hui, les universités comptent plus d’étudiants et de programmes qu’avant. Et elles manquent d’argent pour financer ces derniers.

Comme le notaient les auteurs du rapport Parent à l’époque : «L’homme moderne n’habite plus l’univers de ses ancêtres…» En d’autres mots, l’université de ce début du XXIe siècle n’est ni plus ni moins que le reflet de la société dans laquelle elle évolue : une institution axée davantage sur les résultats et la performance que sur le savoir. Le contexte socio-économique a lui aussi beaucoup changé : face au déficit, l’université doit accepter plus de candidats si elle veut avoir accès aux subventions. Face au grand nombre d’étudiants, elle abaisse souvent ses standards. Elle a en outre développé, à tort ou à raison, des liens parfois contraignants avec l’entreprise privée. Quant aux étudiants qui la fréquentent, la plupart n’ont plus «de temps à perdre» sur les bancs d’école. Ils «investissent» dans un diplôme et attendent des «résultats».

L’état actuel des universités québécoises tel que décrit dans les reportages publiés dans nos pages depuis hier soulève une question fondamentale : est-il possible de conjuguer quantité et qualité en éducation ? Au Québec, dans les années 60, nous avons fait le pari que oui. C’est un défi immense, d’autant plus que nos universités sont aujourd’hui coincées entre un lobby étudiant fort qui ne veut rien entendre d’une hausse des frais de scolarité et un financement public inférieur à leurs besoins.

Bien entendu, il n’existe pas UNE solution magique qui réglera tous les problèmes de motivation et de compétence en éducation. Il y en a plusieurs et les résultats ne s’observeront pas en une nuit. L’université évolue et s’ajuste lentement.

Parmi les pistes à explorer, certaines sont déjà à l’agenda de la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne : un resserrement des exigences du programme pédagogique dès l’école primaire, un renforcement de l’enseignement du français, une formation des maîtres revue et améliorée. Ces mesures devraient hausser la qualité de l’enseignement dans nos écoles.

Ensuite, il faudra s’attaquer à la délicate question des frais de scolarité ainsi qu’au système de financement des universités. Des universités pauvres, ça fait rarement des enfants forts.


http://www.cyberpresse.ca/article/20080415/CPACTUALITES/80415008/1019/CPACTUALITES a écrit:Des diplômes et des chiffres

Somme accordée à l'université par diplôme décerné

Baccalauréat: 500$
Maîtrise: 1000$
Doctorat: 7000$

*Ces revenus représentent seulement 1,55% du budget de fonctionnement des universités québécoises.

Source: ministère de l'Éducation.

Évolution du nombre d'étudiants dans les universités au Québec (trois cycles confondus)

1989-1990: 159 821
1994-1995: 166 799
1999-2000: 161 719
2004-2005: 187 473
2009-2010: 191 075 *
2014-2015: 197 368 * (**)
2019-2020: 185 015 *

* Prévisions
** Sommet prévu avant la décroissance reliée au déclin démographique.

Source: ministère de l'Éducation, gestion des données sur l'effectif universitaire.


http://www.cyberpresse.ca/article/20080415/CPACTUALITES/804150585/1019/CPACTUALITES a écrit:L'université, à petite dose

Violaine Ballivy
La Presse


Quarante ans après Mai 68, il serait étonnant que se reproduise pareil soulèvement, avance Jacques Hamel, auteur d'une vaste étude sur les comportements des étudiants québécois. Pourquoi? Probablement parce qu'on retrouve de plus en plus d'étudiants comme Alexandra Valiquette, qui concentre ses cours en trois jours pour en travailler trois autres, ou comme Anabelle Morin, qui bosse 30 heures par semaine - en plus d'étudier à temps plein.

«Avant, être étudiant, cela voulait dire se retrouver entre amis à la cafétéria, entre les cours, sortir après. Maintenant, chacun est pressé de quitter «, dit M. Hamel, professeur à l'Université de Montréal.

Les étudiants sont ainsi plus soucieux de travailler de manière efficace. Pour des résultats concrets. «Ils acceptent moins les lectures complémentaires qui ne sont pas rattachées à des travaux. Avant, la notion de culture générale était importante, maintenant, ils veulent voir l'impact direct de leurs efforts sur leurs notes», illustre Jean Bernatchez, professeur à la faculté des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Rimouski.

Contrairement à James E. Côté, auteur de Ivory Tower Blues, Jacques Hamel n'est toutefois pas d'avis que les jeunes sont moins avides d'apprendre qu'avant. «Ils consacrent peut-être moins de temps à leurs études, mais quand ils s'y consacrent, ils s'y consacrent vraiment, dit-il. Mais bien sûr, cela varie beaucoup d'une faculté à l'autre.»
Francis Ménard
Gauchiste du Oueb en devenir
 
Messages: 139
Inscription: Mar Sep 26, 2006 12:47 pm

Re: Dossier Université de La Presse (suite...)

Messagede François-ASSÉ le Mar Avr 15, 2008 11:24 am

J'ai fusionné les sujets, parce que y'a pas de raison pour qu'il y ait plusieurs fils traitant exactement de la même chose sur le forum. Faites attention à ça svp.
François-ASSÉ
Site Admin
 
Messages: 236
Inscription: Mar Oct 23, 2007 3:06 pm

Re: Dossier Université de La Presse (suite...)

Messagede Mir le Mar Avr 15, 2008 11:42 am

L’état actuel des universités québécoises tel que décrit dans les reportages publiés dans nos pages depuis hier soulève une question fondamentale : est-il possible de conjuguer quantité et qualité en éducation ? Au Québec, dans les années 60, nous avons fait le pari que oui. C’est un défi immense, d’autant plus que nos universités sont aujourd’hui coincées entre un lobby étudiant fort qui ne veut rien entendre d’une hausse des frais de scolarité et un financement public inférieur à leurs besoins.




AH, l'occasion était trop belle!
Les méchants lobby étudiants si puissants vs la vérité pure et objective du dégel

Surtout que que compétition interuniveristaire et financement par les étudiant-e-s plus substantiel, c'est le mix parfait!
Mir
Gauchiste du Oueb en devenir
 
Messages: 185
Inscription: Ven Oct 12, 2007 9:58 pm
Localisation: AGECEM

Re: Dossier Université de La Presse (suite...)

Messagede banana le Sam Avr 19, 2008 2:20 pm

Vous ne sentez pas une odeur de CREPUQ dans ces dégoûtants reportages?
Nous habitons je ne sais quel creux de la Terre, et nous croyons habiter au plus haut; l'air, nous l'appelons ciel, comme si c'était à travers cet air, pris pour du ciel, que se meuvent les astres.
banana
Gauchiste du Oueb en devenir
 
Messages: 165
Inscription: Mar Fév 19, 2008 6:23 pm
Localisation: ailleurs


Retourner vers Mouvement étudiant

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité