Le vent ontarien vaut-il plus que celui qui souffle au Québec? La question mérite d'être posée, quand on sait que les compagnies éoliennes paient beaucoup plus cher les propriétaires terriens ontariens qui leur permettent d'implanter leurs turbines.
Une enquête de l'émission La facture a levé le voile sur cet écart dont les agriculteurs québécois font les frais.
Au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, les grandes compagnies d'énergie de l'Ontario et de l'Alberta s'arrachent littéralement les terres des agriculteurs pour y construire leurs éoliennes. Marie-Louis Plourde, agriculteur, affirme avoir eu des propositions de la compagnie torontoise Skypower qui voulait installer une éolienne sur ses terres, à Cacouna, près de Rivière-du-Loup. Il a exigé 5000 $, mais la compagnie a jugé que le prix était trop élevé.
Gabriel Ste-Marie
Ce qui n'est pas de l'avis de l'économiste Gabriel Ste-Marie, qui trouve le prix nettement insuffisant « quand on sait que le promoteur fait 400 000 $ de revenus par éolienne, [les entreprises] pourraient doubler, tripler, voire quadrupler la mise, et ça ne ferait guère de différence », explique-t-il.
Pourtant, beaucoup d'agriculteurs du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie ont conclu avec les compagnies d'énergie des contrats qui leur rapportent en moyenne 3000 $ par éolienne, par année. À Wolfe Island, près de Kingston en Ontario, les agriculteurs recevront, eux, 10 000 $ pour des éoliennes un peu plus puissantes qu'en Gaspésie. La municipalité recevra, quant à elle, 7500 $ par année sur chaque turbine, tandis qu'au Québec, les municipalités ne touchent que 1500 $ par éolienne.
Écarts
Selon les informations obtenues par Radio-Canada, les redevances sont systématiquement plus élevées en Ontario. Pour des éoliennes de même puissance que celles qu'on retrouve au Québec, les agriculteurs ontariens reçoivent plus du double: 6500 $ en Ontario, contre 3000 $ au Québec.
Victor Pergat
Victor Pergat, vice-président de Northland Power, une entreprise présente en Gaspésie, explique cette différence par la valeur des terres. « Le terrain agricole, dit-il, est d'une grande valeur en comparaison à un terrain en montagne, où il y a des roches. »
Ce raisonnement est rejeté par l'économiste Gabriel Ste-Marie, car, argumente-t-il, « ce qui va justifier qu'on verse une redevance plus importante à l'agriculteur ou à l'occupant du territoire, c'est la qualité de la ressource, c'est le vent. »
La valeur de la terre, qu'elle soit agricole ou montagneuse, a donc peu d'importance. Ce sont les vents qui importent le plus et il s'avère qu'ils sont supérieurs en Gaspésie qu'en Ontario. Toutefois, Hydro-Québec, qui a lancé des appels d'offres pour acheter l'électricité générée par les éoliennes, refuse d'imposer un cadre de négociation entre les les citoyens, les municipalités et les grandes entreprises.
Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), n'est pas d'accord avec la société d'État. Pour éviter toute injustice, dit le BAPE, le gouvernement devrait définir un cadre de négociation obligatoire entre les citoyens et les entreprises. Jusqu'à maintenant, conclut le BAPE, le développement de la filière éolienne s'est fait de façon précipitée, voire anarchique au Québec.
Disons que depuis quelques jours, Radio-Canada sort des exclusivités après exclusivité sur la question du développement de l'énergie éolienne dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. Après les maires en conflits d'intérêts, voici que les honnêtes citoyens et citoyennes se font escroqués par les grandes entreprises sans que le gouvernement ne bouge le petit doigt. J'appel pas ça du développement régional moi mais de la fraude régional et généralisé.
Alors, vous demandez-vous pourquoi il y a de plus en plus d'opposition dans ma région ainsi que la demande d'imposer un moratoire pour prendre le temps de bien analyser le tout.