Dérapage financier à l'UQAM

Discussions portant sur une association étudiante en particulier.

Dérapage financier à l'UQAM

Messagede Phil de AFESH le Mer Nov 15, 2006 11:29 am

Le Conseil d'administration de l'UQAM était en état de panique hier matin car il a appris que l'université était dans le trou de 40 millions de dollars supplémentaire.

À lire absolument!!!

http://www.ledevoir.com/2006/11/15/122890.html

L'article est sorti ce matin sous la plume de marie-Andrée Chouinard

--------------------------------------------------------------------------------
DÉRAPAGE FINANCIER À L'UQAM

Un trou de 40 millions caché au conseil d'administration
Désastre financier à l'Université du Québec à Montréal (UQAM): la construction du tout nouveau Complexe des sciences Pierre-Dansereau a coûté 40 millions de plus que ce qui était prévu, un imprévu de taille qui n'a jamais été révélé au conseil d'administration de l'établissement.

Cet écart de conduite a été dévoilé hier au conseil d'administration de même qu'un constat entourant le financement incomplet dudit complexe: le retard des sommes espérées force l'UQAM à utiliser la marge de crédit à hauteur de 66 millions, une situation qui la coince financièrement. Ces révélations ont conduit le conseil d'administration à souhaiter l'embauche d'un contrôleur financier, et à mettre en place un comité examinant à la loupe la gouvernance de l'UQAM, ainsi qu'un autre pour scruter le financement de l'établissement.

«Je ne sais pas si je parlerais de désastre, mais ce n'est certainement pas une situation très facile pour l'UQAM», a indiqué hier Jacques Girard, vice-président du conseil d'administration et aussi président du Comité de vérification de l'UQAM. Ce comité a dévoilé un ensemble de difficultés financières hier aux membres du conseil d'administration, qui en prenaient connaissance pour la première fois. La séance, dont a été exclu le recteur Roch Denis -- un événement rarissime -- a été ajournée et doit se poursuivre mardi prochain. D'autres décisions relatives à la gestion financière de l'université pourraient être prises.

Dans le rapport, dont Le Devoir a obtenu une copie, on apprend que le projet immobilier du Complexe des sciences, terminé l'an dernier, devait initialement coûter 165 millions de dollars. Mais l'exercice de vérification mené en interne a révélé des coûts supplémentaires de 40,6 millions de dollars. Qui plus est, l'université comptait sur un montage financier auquel il manque à ce jour 66 millions, ce qui force l'établissement à voguer sur la marge de crédits. Il s'agit donc d'un gouffre financier de 100 millions de dollars.

«Le financement confirmé étant à la hauteur de 99,5 millions, la différence, soit un montant de 66,2 M$ augmente le solde non pourvu et doit être assumé par la marge de crédit, capital et intérêts», note le rapport de vérification, qui place à un million de dollars les coûts supplémentaires d'intérêts entraînés par le financement incomplet et le dépassement des coûts.

Plus encore que les colonnes de chiffres, c'est la gouvernance de l'UQAM qui est directement montrée du doigt par ce rapport. Il insiste en effet sur le fait que le conseil d'administration n'a pas été mis au courant des dépassements de coûts, et ce, malgré des vérifications.

«Les coûts additionnels du Complexe des sciences se sont manifestés à partir de février 2006», note le rapport. «De plus, ces derniers n'ont été ni soumis, ni autorisés explicitement par le Conseil d'administration de l'UQAM. Malgré les vérifications du Conseil d'administration à l'effet que le budget était respecté tout au long de la construction, il ne lui a jamais été signifié une quelconque éventualité d'un dépassement budgétaire. Face à des éléments de risque similaires et afin de protéger l'institution et ses gestionnaires, le Comité de vérification recommande l'embauche d'un contrôleur financier [...] pour le suivi budgétaire du projet de l'Îlot Voyageur, et ce, dans les plus brefs délais.»

Cette recommandation a été immédiatement reçue par le conseil, qui en a fait l'annonce par voie de communiqué en fin de journée. L'annonce, qui lève aussi le voile sur un déficit du fonds d'opérations de l'ordre de 22 millions, survient au moment où l'UQAM a déjà entrepris plus vaste encore: le chantier de l'Îlot Voyageur, un projet cher au recteur Roch Denis, est bien avancé et les coûts estimés sont de l'ordre de 300 millions de dollars.

Ce projet est-il compromis par les analyses financières dévoilées hier? «Il est trop tôt pour répondre à cette question», a indiqué hier M. Girard, qui a toutefois indiqué que le Comité de vérification allait plonger dans cet autre projet «au cours des prochains jours».

Le rapport présenté hier au conseil a également révélé que l'UQAM n'arrivait pas à autofinancer, tel que prévu, les coûts d'intérêts liés à son émission d'obligations de l'ordre de 150 millions de dollars. Ces frais annuels, estimés à 8,8 millions, n'ont été couverts qu'à hauteur de 2,4 millions. Des revenus futurs escomptés «pourraient atteindre, à moyen terme, un montant global de 5 à 5,5 millions, laissant un manque à gagner récurrent de plus ou moins 3,5 millions à être couvert annuellement par le fonds de fonctionnement», précise-t-on.

«Autrement dit, cela a déjà eu un petit effet sur le budget de fonctionnement, mais à l'avenir cet effet se creusera», a indiqué M. Girard. «Le Complexe des sciences et l'Îlot Voyageur sont des projets immobiliers fort intéressants, je suis le premier à le dire, mais encore faut-il avoir les reins assez solides pour s'y lancer sans affecter le budget de fonctionnement de l'établissement», a noté M. Girard, qui croit que le fait d'avoir «dit la vérité et de parler franchement sur le plan de la gouvernance» permettra encore à des investisseurs de s'intéresser aux projets de l'UQAM.

Outre ces facteurs de gestion internes, le sous-financement général des universités est désigné comme un des éléments qui ont «un effet important sur les résultats financiers de l'UQAM». Une subvention conditionnelle de l'ordre de 28,6 millions de dollars est actuellement retenue par le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) parce que l'UQAM affiche un déficit.

En raison de cette règle, édictée par Québec pour l'ensemble des universités, l'UQAM est prise à la gorge. «Dans l'éventualité où cette situation perdurerait, c'est-à-dire sans réinvestissement du MELS à la hauteur attendue, et ce, dans un contexte de stabilité de sa population étudiante, l'UQAM s'engagerait dans une période d'accumulation de déficits structurels», a indiqué l'établissement par voie de communiqué hier.

Au ministère, l'attachée de presse du ministre Jean-Marc Fournier a toutefois indiqué que l'UQAM n'avait pas encore satisfait aux exigences du MELS de fournir un plan de redressement «satisfaisant». «L'UQAM n'a pas eu sa subvention pour la simple et bonne raison qu'elle n'a pas présenté de plan de redressement que nous avons jugé satisfaisant», a affirmé Marie-Claude Lavigne.

Notons qu'il a été impossible de connaître la réaction du recteur Denis, également président de la Conférence des recteurs et principaux d'université du Québec, à cette analyse financière. Les questions entourant son avenir à la tête de l'établissement sont demeurées sans réponse. «Il n'y a eu aucune décision concernant la situation du recteur Denis lors de la séance du conseil [d'hier]», a indiqué hier le directeur des communications de l'UQAM, Daniel Hébert.
Philippe Marchand, ex exec de l'AFESH, de retour à la liberté (relative) dans son statut d'étudiant.
Phil de AFESH
Apprenti-e militant-e geek
 
Messages: 50
Inscription: Mer Mai 31, 2006 8:35 pm
Localisation: Socio-UQAM

Messagede Phil de AFESH le Mer Nov 15, 2006 12:19 pm

Je viens de voir que Corus Nouvelles en parle aussi.

http://www.corusnouvelles.com/nouvelle- ... 76-27.html
Philippe Marchand, ex exec de l'AFESH, de retour à la liberté (relative) dans son statut d'étudiant.
Phil de AFESH
Apprenti-e militant-e geek
 
Messages: 50
Inscription: Mer Mai 31, 2006 8:35 pm
Localisation: Socio-UQAM

Messagede Phil de AFESH le Ven Nov 17, 2006 12:17 am

Voici un communiqué de presse que nous avons envoyé merdredi:
------------------------------------------------------------
Des associations étudiantes de l’UQAM s’indignent du dérapage immobilier de l’Université

COMMUNIQUÉ DE PRESSE
pour diffusion immédiate



MONTRÉAL, 15 novembre – L’UQAM ouvrait hier un nouveau chapitre de sa mauvaise gestion en s’engouffrant un peu plus dans un marasme financier. L’UQAM a décidé de mettre en chantier des projets pharaoniques pour lequels elle n’était pas certaine d’avoir les fonds. Malgré les nombreux avertissements étudiants faits depuis l’année dernière, l’UQAM a fait fi de la volonté étudiante de mettre un frein à son expansionnisme aveugle.

Nous sommes préoccupés de constater que les enveloppes d’immobilisation et de fonctionnement ne sont pas indépendantes l’une de l’autre, comme le rectorat nous l’avait si souvent assuré. L’enveloppe consacrée au fonctionnement de l’UQAM devient ainsi partiellement dédiée à la dette d’immobilisation plutôt qu’aux opérations courantes de l’université. Le document de l’administration nous assure que le manque à gagner de l’autofinancement des projets immobiliers, de plus de 3,5 millions $, sera couvert annuellement par le fond de fonctionnement.

L’UQAM doit respecter son engagement et préserver l’étanchéité de ces deux enveloppes. De plus, l’auto-financement ayant démontré ses limites, nous désirons rappeler à la communauté notre revendication de réduire au nombre minimum les places de stationnement du futur Ilôt Voyageur.

Nous sommes aussi préoccupés par le flou qui entoure la demande du MELS à l’UQAM de se doter d’un plan de redressement. À ce sujet, les associations étudiantes désirent assurer le Ministère et l’administration de l’UQAM qu’elles ne toléreront aucune hausse de frais ni aucune coupure dans les ressources et services aux étudiants et étudiantes.

En septembre dernier, l’ensemble de la communauté de l’UQAM, soit les syndicats et les associations étudiantes, a exigé de la part du gouvernement qu’il fasse un réinvestissement public massif en éducation, plutôt que de mettre le couteau à la gorge des universités avec ses contrats de performance.

Les associations facultaires ont déjà des positions claires contre toute hausse de frais, et les membres de l’AFESH-UQAM prendront position aujourd’hui en assemblée générale sur un mandat de grève qui pourrait être déclenché à tout moment, advenant une hausse de frais ou des coupures substantielles.


Association facultaire étudiante des sciences humaines, AFESH-UQAM


Renseignements :
Alexandre Leduc, 514-***-****
Philippe Marchand, ex exec de l'AFESH, de retour à la liberté (relative) dans son statut d'étudiant.
Phil de AFESH
Apprenti-e militant-e geek
 
Messages: 50
Inscription: Mer Mai 31, 2006 8:35 pm
Localisation: Socio-UQAM

Messagede Phil de AFESH le Ven Nov 17, 2006 12:20 am

...et une courte entrevue d'Alex à Info690.

http://www.info690.com/nouvelle-etudian ... 96-27.html
Philippe Marchand, ex exec de l'AFESH, de retour à la liberté (relative) dans son statut d'étudiant.
Phil de AFESH
Apprenti-e militant-e geek
 
Messages: 50
Inscription: Mer Mai 31, 2006 8:35 pm
Localisation: Socio-UQAM

Messagede Berlueur le Ven Nov 17, 2006 1:51 am

Un morceau de robot pour avoir casé le mot « pharaonique » :)
"Things are more like they are now than they ever were before." (Dwight Eisenhower)
Berlueur
Gauchiste du Oueb en devenir
 
Messages: 156
Inscription: Dim Nov 27, 2005 10:49 pm

Messagede Duque le Ven Nov 17, 2006 2:23 pm

c'est un copyright de Simon Tremblay-Pépin
Alexandre Leduc, secrétaire à la coordination de l'AFESH-UQAM

L'histoire s'écrit d'abord dans la rue.
Duque
Compagnon de la lutte cybernétique
 
Messages: 521
Inscription: Ven Sep 16, 2005 4:43 pm

Messagede Franky do le Ven Nov 17, 2006 6:56 pm

bravo
Avoir des préoccupations sociales ne dispense pas de savoir de quoi on parle.
Franky do
Bantam du tube cathodique radical
 
Messages: 227
Inscription: Jeu Jan 12, 2006 3:02 pm
Localisation: Boaf pas sur

Messagede exocortex le Ven Nov 17, 2006 6:57 pm

Duque a écrit:c'est un copyright de Simon Tremblay-Pépin


mille alleluia pour le Grand Simon
Coordo à l'externe de l'AFESPED.
J'écris bien ce que je veux, viârge.
3 pavillons de l'UDEM ont été conçus par un architecte de prison.
exocortex
Activiste du clavier chevronné-e
 
Messages: 1111
Inscription: Dim Sep 18, 2005 9:57 pm
Localisation: UQAM

Messagede Duque le Sam Nov 18, 2006 4:58 pm

le dernier article

http://www.ledevoir.com/2006/11/18/123104.html#

fait chier, jamais depuis toute cette histoire, on parle de nous, les étudiantEs.

ON a envoyé une lettre ouverte hier...voyons ce que ca va donner.
Alexandre Leduc, secrétaire à la coordination de l'AFESH-UQAM

L'histoire s'écrit d'abord dans la rue.
Duque
Compagnon de la lutte cybernétique
 
Messages: 521
Inscription: Ven Sep 16, 2005 4:43 pm

Messagede BlacKGuarD le Sam Nov 18, 2006 5:49 pm

Si ça te chante de nous le copier dans son entier, l'article, ce serait pas de refus. Parce qu'à part le premier paragraphe, j'ai pas accès au reste, moi. Faut être membre, ce que visiblement je ne suis pas. ;)
The wise fools who sit in the high places of justice fail to see that, in revolutionary times like the present, vital issues are settled, not by statutes, decrees and authorities, but in spite of them.
BlacKGuarD
Vétéran de la révolution à distance
 
Messages: 2021
Inscription: Lun Sep 12, 2005 6:57 pm

Messagede 400g le Sam Nov 18, 2006 5:55 pm

Voilà.



Le Devoir
PERSPECTIVES, samedi 18 novembre 2006, p. b1

Dérapage à l'UQAM
Une crise de chiffres ou de gouvernance ?

Chouinard, Marie-Andrée

Y a-t-il un capitaine à bord de l'UQAM? Le raz-de-marée qui a secoué le navire universitaire cette semaine laisse derrière lui de nombreuses questions sans réponse. L'explosion des coûts de construction n'a toujours pas été détaillée, pas plus que le manque à gagner entourant les projets immobiliers de l'UQAM. De quel dérapage s'agit-il, au juste?

La crise qui secoue l'Université du Québec à Montréal (UQAM) cette semaine laisse pantois. L'ampleur de l'éventuel cratère financier creusé dans le budget de l'université en a étonné plus d'un, mais c'est surtout le nombre de questions demeurées sans réponse qui enveloppe toute cette histoire d'un nuage de confusion et de mystère. Si on ajoute à cela tous les éléments d'un putsch politique, au coeur duquel se retrouve le recteur Roch Denis, l'histoire prend vite les contours d'une «affaire».

Les faits: le conseil d'administration de l'UQAM a pris connaissance mardi d'un rapport de vérification défilant une série d'anomalies financières. On y évoque des dépassements de coûts de construction - 40,6 millions - dans l'érection du Complexe des sciences. On y décrit l'absence de 66 millions - sur 98 - dans le plan de financement du nouveau site. On y apprend l'impossibilité de couvrir les frais d'intérêts liés aux obligations de 150 millions de dollars émises pour l'UQAM, ce qui creuse le budget de fonctionnement de l'établissement.

Sitôt révélées dans Le Devoir, ces données ont provoqué un remue-ménage sans précédent, l'ensemble des doyens de l'université du centre-ville demandant la démission du recteur. Selon nos informations, tous les vice-recteurs, à l'exception d'un membre de l'équipe du vice-rectorat, ont évoqué le bris de confiance envers l'autorité de l'université. Propulsé vers la porte de sortie, Roch Denis invitait cette semaine à un examen plus complet avant de passer aux condamnations.

Les interrogations toujours sans réponse: à quoi attribue-t-on ces dépenses imprévues de 40 millions? Interrogé cette semaine par Le Devoir, l'entrepreneur Pierre Pomerleau, responsable du chantier du Complexe des sciences, affirmait avoir respecté à la lettre le budget de 165 millions de dollars que l'UQAM lui avait octroyé, réalisant même une économie d'un million en bout de course.

Comment explique-t-on le manque à gagner de 66 millions dans le plan de financement? Outre la minceur du soutien public dénoncée cette semaine par l'UQAM, seule la vente non conclue du pavillon Saint-Alexandre - des revenus possibles de sept à dix millions - a été servie comme élément de réponse.

Le comité de vérification, qui a conclu à des ratés dans la gouvernance de l'UQAM, n'a pas rencontré le recteur avant de produire son rapport. Pourquoi? Un changement de garde ayant été effectué au printemps dernier au poste de vice-recteur aux affaires administratives et financières, on n'a pas - encore! - rencontré l'ancien titulaire du poste (Mauro Malservisi, parti à la retraite en mai), celui qui a tenu les cordons de la bourse tout au long du processus. Pourquoi? On rencontrera M. Malservisi la semaine prochaine, de même que Roch Denis, mais les conclusions du comité de vérification ont été présentées mardi.

Plus qu'une affaire de chiffres, cette crise a soulevé des questions de gouvernance au sein de l'UQAM. Saisi mardi de l'ampleur du dossier, le conseil d'administration a réagi en promettant la nomination d'un contrôleur financier dont la première tâche sera de suivre l'évolution du projet de l'Îlot Voyageur, que les professeurs de l'UQAM entrevoient comme une autre «catastrophe financière» possible. Le conseil a aussi décrété illico presto qu'il valait mieux qu'un comité de gouvernance examine les modes de gestion de l'UQAM et l'imputabilité de chaque groupe.

S'agissant de gouvernance, toutefois, le conseil de l'UQAM songe à une révision des pratiques de gestion de la boîte. Quitte à remettre en question les modes de fonctionnement du conseil lui-même et du comité exécutif? «Tout à fait, absolument», a répondu cette semaine le président du conseil, Alain Lallier, lorsque la question lui a été posée. «Je crois qu'il faut revoir les modes de communication entre les diverses instances, la manière de distribuer les autorisations, la gestion de l'information, l'harmonisation des cellules directrices», poursuit l'ancien directeur du Cégep du Vieux-Montréal.

La manière de construire le Complexe des sciences pourrait peut-être expliquer une portion de la confusion à laquelle on a assisté cette semaine, croit le président Lallier. «Le complexe a été construit en mode rapide [traduction de fast track], et peut-être que nos modes de gouvernance n'y sont tout simplement pas arrimés.»

Le fast track suit un principe vieux comme le monde, selon lequel «le temps, c'est de l'argent». Si on le résume à sa plus simple expression, il s'agit de creuser le chantier sans avoir la touche finale au côté design du projet. «C'est comme si la construction et le design évoluaient simultanément», exposait cette semaine le président-directeur général de Pomerleau, Pierre Pomerleau, en entrevue au Devoir. «Contrairement à ce que les gens croient, c'est devenu la norme dans l'industrie en Amérique du Nord et partout dans le monde. Presque tous mes chantiers sont conçus en "fast track".»

L'agenda de Pierre Pomerleau est plutôt rempli et, dans le secteur de l'éducation, la vaste majorité des universités québécoises - qu'on sait très actives en matière de construction - ont goûté à la mode Pomerleau. «Le "fast track" donne des chantiers très efficaces, très économiques et qui se montent en des temps records», ajoute l'entrepreneur québécois.

Pour des universités peut-être habituées à des modes de gestion plus conventionnels, l'idée de voir le design précéder la construction d'une semaine a-t-elle occasionné des débordements du côté de la tenue de portefeuille? «Non, je ne crois pas que le "fast track" explique des problèmes financiers, au contraire», a quant à lui répondu le recteur Denis. «Ça invite plutôt à un mode de suivi très serré du projet, et moi, je suis convaincu qu'il permet plutôt une meilleure gestion», des propos corroborés par Pierre Pomerleau.

Le fast track s'accompagne toutefois d'une bonne dose d'incertitude, avec laquelle certains composent peut-être mal. «Nos règles de gouvernance doivent peut-être elles aussi s'adapter à cette façon de faire», poursuit Alain Lallier. Un comité de suivi - dont faisaient partie tant le président du conseil que le vice-président, Jacques Girard - a pourtant été institué après autorisation du conseil pour permettre de donner le feu vert aux contrats en cours de route, sans toujours revenir au conseil élargi. «Le conseil n'a-t-il pas lui-même une part de responsabilité dans cette affaire?», avons-nous demandé au président Lallier. «Ce sont des questions qui seront examinées par le comité de gouvernance.»

En attendant, d'autres morceaux du casse-tête s'ajouteront au début de la semaine prochaine, alors que le comité de vérification recevra en entretien le recteur et l'ex-vice-recteur aux affaires administratives. La tâche n'est toutefois pas terminée: le raz-de-marée de cette semaine, qui cause un chaos politique considérable, ne concernait que le Complexe des sciences, un projet de 165 millions. La lumière reste à faire sur l'Îlot Voyageur, dont les estimations tournent autour de 320 millions.
Canadiens comptee un buut Boston tombe sul cul
400g
Apprenti-e militant-e geek
 
Messages: 69
Inscription: Ven Sep 16, 2005 11:24 am
Localisation: Socio-Uqam... No shit !

Messagede Duque le Mer Nov 22, 2006 10:39 am

un autre en date de mercredi matin!

L'avenir du recteur de l'UQAM se joue lundi

Marie-Andrée Chouinard

Deux autres groupes réclament la démission de Roch Denis

Roch Denis, recteur de l'UQAM
L'UQAM tente encore de détailler la note salée de 40 millions de dollars, non prévue dans le budget initial de construction du Complexe des sciences. Parallèlement à cette analyse financière, le conseil d'administration décidera de l'avenir politique du recteur de l'établissement, qu'une portion de la communauté universitaire souhaite voir démissionner.

Alors que deux autres groupes montrent la porte au recteur de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), le conseil d'administration de l'université scellera le sort de son dirigeant lundi prochain, après avoir entendu les associations d'employés, les syndicats et les étudiants pour évaluer le niveau de confiance manifesté à l'endroit de Roch Denis.

Au terme d'une séance qui a duré tout l'avant-midi hier, le conseil d'administration de l'UQAM n'a adopté aucune résolution finale concernant l'avenir du recteur Denis, qui a défilé hier devant les membres pour «présenter sa lecture de la situation», comme l'a indiqué le président du conseil, Alain Lallier. Le recteur a pu échanger avec le conseil, qui a ensuite décidé de poursuivre l'investigation avant de prendre quelque décision que ce soit.

«Le président et le vice-président du conseil ont reçu le mandat d'effectuer des consultations auprès des syndicats, des associations d'employés et des étudiants, sur le mandat du recteur», a précisé M. Lallier. En plus des vice-recteurs et des doyens, qui ont évoqué des problèmes de transparence, de gouvernance et son style de direction pour soutenir la demande de retrait du recteur, deux autres groupes ont ajouté leur voix à ce concert de protestations. Il s'agit de cinq des six membres professeurs de la Commission des études, ainsi que du Conseil académique de la Faculté des sciences humaines de l'UQAM, comme l'a affirmé Alain Lallier.

Dans une résolution adoptée lundi à l'unanimité, le conseil académique de cette faculté a demandé au conseil d'administration «d'exiger la démission du recteur Roch Denis», en raison de la situation budgétaire et politique qui sévit à l'UQAM.

Les groupes seront consultés cette semaine puisque le conseil souhaite prendre une décision lundi prochain. Notons que le Syndicat des professeurs de l'Université du Québec à Montréal (SPUQ) a déjà convié le recteur à s'expliquer devant le conseil syndical demain midi.

En vertu de la Loi sur l'Université du Québec, c'est le ministre de l'Éducation qui détient le pouvoir de nommer mais aussi de destituer le recteur de toute université constituante du réseau UQ, dont l'UQAM. Sur recommandation de l'Assemblée des gouverneurs (première autorité de l'UQ composée de tous les recteurs des universités membres), le ministre fait part de sa propre suggestion au conseil des ministres du gouvernement, qui en dispose.

Le conseil d'administration de l'UQAM a aussi poursuivi ses discussions entourant le gouffre de 40 millions dans la construction du Complexe des sciences. Sans parvenir à faire toute la lumière sur le dossier, le conseil a élucidé une partie du mystère. «On ne peut plus parler de dépassements en coûts de construction [comme le comité de vérification l'avait d'abord évoqué] mais plutôt de dépenses imprévues qui se sont ajoutées en cours de construction», a indiqué M. Lallier, ex-directeur du Cégep du Vieux-Montréal.

Comme le gérant de chantier l'avait affirmé la semaine dernière au Devoir, le budget initial de 165 millions a été respecté, l'entrepreneur Pierre Pomerleau ayant même réalisé une économie de 1 million de dollars au terme du processus. «Mais les 40 millions de plus ont bel et bien été dépensés, l'argent ne s'est pas envolé, nous avons des états de compte qui le confirment», a dit M. Lallier.

Les «dépenses imprévues» vont de la construction d'une animalerie (2 millions) à des coûts d'aménagement paysager supérieurs aux prévisions (2 millions), en passant par l'amélioration d'espaces locatifs (12 millions), l'aménagement de salles de cours et la réfection de la toiture du Pavillon Sherbrooke (4,5 millions), l'achat de mobilier destiné aux résidences universitaires (1,3 million), la convergence des réseaux (4,5 millions) et d'autres frais tels les assurances (2,5 millions). Des honoraires professionnels s'ajoutent aussi à cette facture, qui n'est toutefois pas encore complète.

«On commence à mieux comprendre mais il manque encore des éléments, il nous faut faire une analyse plus fine», a ajouté Alain Lallier. Le conseil a convenu hier de mandater séance tenante la firme Samson Bélair/Deloitte & Touche afin d'exercer de manière temporaire le rôle de contrôleur financier surveillant les projets d'immobilisation, le temps que quelqu'un soit nommé à ce titre. De même, la vice-rectrice aux affaires administratives et aux finances, Monique Goyette, exercera les pouvoirs d'autorisation et d'approbation des dépenses futures en plus du directeur des investissements.

L'UQAM a aussi désigné le président du conseil à la tête d'un comité de gouvernance dont le mandat est de revoir l'ensemble des processus administratifs qui découlent des projets de développement et des acquisitions immobilières récentes. Un rapport d'étape sera produit en janvier et une conclusion finale est attendue en février. Un comité d'étude sur le financement -- présidé cette fois par le vice-président du conseil, Jacques Girard -- examinera les facteurs propres à la situation de l'UQAM et relatifs à son financement.
Alexandre Leduc, secrétaire à la coordination de l'AFESH-UQAM

L'histoire s'écrit d'abord dans la rue.
Duque
Compagnon de la lutte cybernétique
 
Messages: 521
Inscription: Ven Sep 16, 2005 4:43 pm

Messagede Duque le Mer Nov 22, 2006 10:47 am

et un ptit dernier. vous remarquerez ma phrase qui résume une entrevue de 5 min. C'était comique, il voulait clairement me faire dire que "je voulais la tête du recteur". Je m'en suis sorti avec la phrase ci-dessous.


UQAM
Le recteur sur la corde raide
Jean-Philippe Pineault
Le Journal de Montréal
22/11/2006 07h33

L'avenir du recteur de l'UQAM, Roch Denis, ne tient plus qu'à un fil. Le conseil d'administration de l'université décidera de son sort après avoir consulté les syndicats et les étudiants.

«On va prendre position par rapport à la confiance qu'on octroie au recteur la semaine prochaine», a indiqué le président du C.A., Alain Lallier.

Le conseil a mandaté deux de ses membres hier pour obtenir le point de vue de toute la communauté universitaire de l'UQAM. Ceux-ci feront rapport lundi, après quoi le C.A. prendra une décision sur l'avenir du recteur.

Dans des missives envoyées au C.A. de l'établissement universitaire, les vice-recteurs et les doyens de l'UQÀM ont cependant déjà réclamé la démission de M. Denis.

Du côté des étudiants, Alexandre Leduc, de l'Association facultaire étudiante des sciences humaines, estime que les étudiants exigeront lors de la consultation «que les coupables paient de leur poste».

Un débordement de 40 millions

Le conseil d'administration de l'établissement a récemment appris l'existence de dépassements de coûts dans la construction du nouveau complexe des sciences.

Une animalerie, une serre, des aménagements paysagers, la construction d'espaces locatifs: plusieurs ajouts qui n'étaient pas initialement prévus ont fait gonfler la note de 40 millions.

Un comité de vérification enquête actuellement sur les débordements afin de savoir qui a pris les décisions qui mettent l'établissement dans une position délicate.

Le salaire annuel du recteur Roch Denis est de 170 000$.
Alexandre Leduc, secrétaire à la coordination de l'AFESH-UQAM

L'histoire s'écrit d'abord dans la rue.
Duque
Compagnon de la lutte cybernétique
 
Messages: 521
Inscription: Ven Sep 16, 2005 4:43 pm

Messagede BlacKGuarD le Mer Nov 22, 2006 12:33 pm

C'est même plutôt joli, ça a un certain cachet je trouve cette phrase de "les coupables paie(ront) de leur poste!".

Bien trouvé. Ça sonne déterminé et assez impliqué dans le processus. ;)
The wise fools who sit in the high places of justice fail to see that, in revolutionary times like the present, vital issues are settled, not by statutes, decrees and authorities, but in spite of them.
BlacKGuarD
Vétéran de la révolution à distance
 
Messages: 2021
Inscription: Lun Sep 12, 2005 6:57 pm

Messagede Phil de AFESH le Mer Nov 22, 2006 6:34 pm

Moi j'aime bien la dernière phrase à la journal-de-montréal-style qui donne le salaire annuel du recteur, si seulement ils savaient les bonus et les comptes de dépenses qu'il a...
Philippe Marchand, ex exec de l'AFESH, de retour à la liberté (relative) dans son statut d'étudiant.
Phil de AFESH
Apprenti-e militant-e geek
 
Messages: 50
Inscription: Mer Mai 31, 2006 8:35 pm
Localisation: Socio-UQAM

Suivante

Retourner vers Enjeux locaux

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité

cron