Se drapant derrière de prétendues considérations parlementaires, notre cher premier sinistre canadien a pompeusement rejetté du revers de la main (parce que bon, de l'autre côté, ça se fait juste pas) la demande unanime d'une opposition majoritaire (appelons cela un souci de logique parlementaire).
OTTAWA (PC) - Le premier ministre Paul Martin a officiellement rejeté, lundi, la demande de l'opposition de déclencher une campagne électorale au début janvier, pour un scrutin en février.
Par conséquent, le gouvernement minoritaire libéral sera vraisemblablement renversé à la fin du mois, de sorte que les Canadiens devraient être appelés aux urnes le 9 ou le 16 janvier.
Dans une déclaration solennelle prononcée dans le foyer de la Chambre des communes, M. Martin a affirmé que la proposition de l'opposition "ne tient pas la route".
"Le gouvernement ne peut pas gouverner sans avoir la confiance de la Chambre, a-t-il rappelé. Ou vous l'avez ou vous ne l'avez pas."
Le premier ministre a presque ridiculisé la demande de ses adversaires, formulée dimanche soir.
"Les chefs de l'opposition suggèrent en réalité de relever le gouvernement de ses fonctions sans entrer dans une élection, a-t-il soutenu. Il n'y a aucune disposition, ni dans la tradition parlementaire, ni dans le bon sens, pour le genre de plan que l'opposition essaie de concocter. Dans notre système parlementaire, il n'y a pas moyen de voter 'non, mais oui pour le moment'. Il n'y a pas de zone grise."
Bien sûr, le chef libéral compte faire porter l'odieux de la tenue d'une campagne électorale en pleine période des Fêtes à l'opposition.
"Il reviendra (aux chefs de l'opposition) d'expliquer pourquoi ils imposent une élection au moment où les Canadiens en veulent le moins", a martelé Paul Martin.
Comme il l'avait fait le printemps dernier, alors que son gouvernement était aussi dans la tourmente, M. Martin a prétendu que des élections hâtives serait "un geste qui coûterait cher aux Canadiens".
"Si l'opposition défait le gouvernement, les familles canadiennes dans le besoin ne recevront pas un remboursement de 250$ pour les coûts de l'énergie cet hiver, a avancé le premier ministre. Les producteurs de bovins ne recevront pas les aides prévues pour passer au travers de la crise de la vache folle. Nos soldats ne recevront pas l'augmentation de salaire qu'ils méritent assurément."
Les conservateurs n'ont pas manqué de souligner que plus d'un mois après l'avoir présenté, les libéraux n'avaient toujours pas mis aux voix le projet de loi sur l'énergie, qui reçoit pourtant l'appui de la majorité des députés de la Chambre.
Renversement à prévoir
Comme les libéraux refusent de lancer une campagne électorale au début janvier, les partis d'opposition entendent voter une motion de défiance contre le gouvernement d'ici la fin du mois. Le leader libéral aux Communes, Tony Valeri, a confirmé lundi par écrit que l'opposition aurait l'occasion à cinq reprises, en novembre, de renverser le gouvernement.
A la suite de cet engagement, le Bloc québécois devrait mettre fin à ses manoeuvres d'obstruction en Chambre, qui avaient cours depuis quelques jours.
Mais avant de présenter leur motion de défiance, les partis d'opposition veulent tout de même faire adopter la motion qui demande officiellement au gouvernement de déclencher des élections en janvier, même si les libéraux ont déjà indiqué qu'ils n'y donneraient pas suite.
Paul Martin a réitéré lundi sa promesse de dissoudre les Communes dans les 30 jours suivant la publication du deuxième rapport du juge John Gomery sur le scandale des commandites, ce qui donnerait un scrutin à la mi-avril. Mais il semble maintenant acquis que le gouvernement ne se rendra pas jusque-là.
Évidemment, tous comprendront que le Grand Amiral Martin veut ainsi éviter des élections après le dépôt du second rapport du juge Gomery, rapport très incriminant pour les Valeureux Croisés Libéraux de la Vertu Vertueuse (on se souviendra qu'ils ont été élus afin de chasser la corruption conservatrice du gouvernement fédéral
).
Il est d'ailleurs amusant de voir que le capitaine Martin tente de faire porter le blâme aux partis d'opposition quant au fait que la date du scrutin soit "dans la Période des Fêtes". Bon, on fête plus beaucoup chez nous le 16 janvier, mais faut aussi comprendre qu'on a pas les moyens d'avoir de luxueux appartements dans des destinations touristiques comme, par exemple, La Barbade ou l'île de Grenade ou encore les merveilleuses îles Caïman, toutes de hauts lieux de la phynance mondiale comme dirait l'autre. Évidemment, il est marrant que ce cher lie-beral nous dise, with a straight face, que c'est la faute des partis d'opposition si la date du scrutin risque d'être si près "de la période de la dinde et des atocas".
Deux raisons à cet épisode à haute teneur burlesque:
1)Il refuse que les élections se tiennent en février et prétend qu'elles doivent se tenir en janvier plutôt;
2)Il a le pouvoir de décider de la date exacte de la tenue du scrutin puisqu'il n'y a de régles que sur le minimum de temps que doit durer une campagne (36 jours), non sur le maximum.
Non, ça suffiiiiiit, je ne veux plus entendre parler de bateaux et de commandites! Jeannot, dis-leur d'arrêter!