Au cours des dernières semaines, la mort du projet de déménagement du casino de Montréal, jumelé à toute la mobilisation entourant le projet domiciliaire de luxe du Mont Orford, a permis à la droite québécoise de le récupérer à ses fins.
Michel Kelly-Gagnon, nouveau président du Conseil du patronat, lance un appel au gouvernant pour l'inviter à couper les subventions aux organismes et groupes communautaires qui contestent des projets et politiques. Le problème est selon lui causé par le fait que le gouvernement entretient des professionnels de la contestation qui exerce une trop forte influence sur l'opinion public et qui empêche le gouvernement à faire des choix économiques ambitieux.
S'en suit une réplique de la part de Michel Venne, avançant que «son approche marque une rupture avec la longue tradition de concertation et d'alliance entre les classes sociales qui a permis au Québec de se développer harmonieusement au cours des cinquante dernières années.»
Pour sa part, Mathieu Bock-Côté, unétudiant à la maîtrise en sociologie à l'UQÀM, prend partie pour Kelly-Gagnon, en avançant que la dynamique politique québécoise est ancrée dans une logique corporatiste et que c'est principalement ce qui cause le désabusement de la population face à la politique.
À Kelly-Gagnon, je répondrais que c'est sur le dos du communautaire que
que l'État a coupé partout partout. De plus, en subventionnant les organisations de la société civile, l'État tend à les instrumentaliser à leur imposant des règles d'organisation, des missions et objectifs. Il est beaucoup moins dangereux pour l'État de les avoir sur son bord et d'exercer un certain contrôle sur elle que de les avoir contre lui, et surtout contre ses fondements.
À Venne, je répondrais que l'alliance entre les classes sociales au Québec a principalement permis aux grands capitalistes de conserver leurs acquis. Une fois la menace d'une révolution dissipée, le virage à droite a été majeur et ne cesse de prendre du poil de la bête.
À Bock-Côté, je répondrais que si la société civile n'est pas légitimée par des sanctions électorales d'un modèle de démocratie libérale, elle l'est dans les coutumes politiques québécoises. Je trouve plutôt cocasse qu'un étudiant en socio se penche d'abord et avant tout sur une analyse de structure politique plutôt que sur une analyse des structures sociales. Maintenant, pour sortir d'une logique corporatiste, plutôt que de se limité à légitimer les positions d'organismes fonctionnant souvent de manière peu démocratique, peut faudrait-il penser à une réelle décentralisation des compétences et surtout, à l'instauration d'instance fonctionnant selon une logique de démocratie directe (à ne pas confondre avec une simple logique participative). Mais bien entendu, cela ne ferait pas l’affaire des dirigeants de ce monde.
Et vous, qu'en pensez-vous?