Le samedi 17 novembre 2007
Derrière le brouhaha
Vincent Marissal
La Presse
Ce n'était certainement pas le but visé par les organisateurs de la grève étudiante de cette semaine, mais les dérapages de quelques casseurs auront finalement rendu service au gouvernement Charest.
Déjà que la mobilisation étudiante contre la modeste hausse des droits de scolarité de 50$ par trimestre lève difficilement. Déjà que la cause des étudiants ne trouve pas écho dans le reste de la population et chez les partis de l'opposition. En plus, les grévistes se sont tiré dans le pied en faisant du grabuge.
Difficile, en effet, de convaincre les contribuables que l'on se préoccupe du sous-financement du réseau de l'éducation quand, en même temps, quelques têtes brûlées saccagent les lieux et des équipements du cégep du Vieux-Montréal, laissant derrière eux des dégâts de plus de 100 000$. Voilà qui s'appelle être contre-productif.
Bien sûr, comme toujours, il suffit d'une minorité de vandales pour ternir le discours revendicateur de la majorité. Après avoir vu les images de ces incidents dans les bulletins d'information, le citoyen ordinaire rejettera les revendications des grévistes à cause des excès de ces quelques casseurs.
Il faut dire, en plus, que les étudiants n'avaient pas, au départ, une cote de sympathie très élevée dans la population. Et même parmi l'ensemble des étudiants. Ceux-ci, comme leurs parents et comme les trois partis à Québec, acceptent le fait qu'il est plus que temps de dégeler les droits de scolarité. Au-delà de cette grève faiblarde et désorganisée, on ne sent pas de révolte étudiante comme celle qui s'est manifestée en 2005, quand le gouvernement Charest a voulu sabrer le programme de bourses.
D'ailleurs, on commence à percevoir, et c'est tant mieux, un changement d'attitude du côté des dirigeants des grandes associations étudiantes. On a beaucoup parlé de la casse, ce qui est inévitable, mais derrière le brouhaha, on voit poindre une ouverture dans le mouvement étudiant.
Le plus bel exemple vient de la Fédération universitaire du Québec (FEUQ), qui représente 120 000 membres. Mine de rien, la FEUQ vient d'abandonner le dogme absolu du gel des droits de scolarité et propose plutôt de nouvelles avenues de contributions étudiantes. La FEUQ n'exclut pas définitivement de revenir au gel mais, pour le moment, elle cherche autre chose.
C'est déjà beaucoup parce que cette ouverture permet le dialogue avec le gouvernement. Le président de la FEUQ, Jean-Patrick Brady, disait récemment vouloir «trouver un projet porteur pour le Québec». La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, serait bien avisée de prendre la balle au bond et d'ouvrir la discussion.
Soit, la FEUQ ne croit pas que la hausse des droits de scolarité décrétée par le gouvernement Charest soit une solution durable au sous-financement des universités, mais elle se dit néanmoins prête à proposer autre chose. La hausse aura lieu de toute façon, cela ne devrait pas empêcher d'élargir la discussion.
Outre la gratuité scolaire, une idée mort-née, et le gel, qui est révolu, la FEUQ explore trois solutions: l'indexation des droits de scolarité, leur remboursement proportionnel au revenu des diplômés et un impôt postuniversitaire.
Évidemment, ces modèles sont embryonnaires, donc imparfaits. Il faudrait notamment s'assurer, dans le cas du remboursement des droits après l'obtention d'un diplôme, que ceux qui ne finissent pas leurs études payent tout de même.
Peu importe les détails pour le moment, l'important, c'est la volonté de se sortir du carcan du gel, de penser «en dehors de la boîte» comme disent les anglophones.
Quiconque a visité ou fréquenté un campus universitaire récemment est à même de constater les ravages du sous-financement.
Un ami qui enseigne le droit à l'Université de Montréal me fait l'honneur de m'inviter à parler à ses étudiants à l'occasion. Outre le plaisir de rencontrer ces jeunes, mes passages à la faculté de droit de l'UdeM me laissent toujours une impression désagréable à cause de l'état des lieux. Dans certains pavillons, on se croirait dans les aéroports ou les lieux publics de Cuba: c'est propre et bien entretenu, mais c'est vieux et croche.
exocortex a écrit: Est-ce que je suis la seule à toujours être en tabarnak quand je regarde ou lis les médias?
exocortex a écrit:Est-ce que je suis la seule à toujours être en tabarnak quand je regarde ou lis les médias?
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