L'ambassade des Etats-Unis à Rome sert un bol de riz froid à ses invités
ROME (AFP) - jeudi 15 décembre 2005 - Les trois ambassadeurs des Etats-Unis à Rome ont décidé d'instaurer une nouvelle tradition en fin d'année : servir à leurs invités un bol de riz froid et de l'eau pour les sensibiliser au problème de la faim dans le monde.
L'initiative avait été lancée l'année dernière par l'ambassadeur Tony Hall, accrédité auprès de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), à l'occasion de la fête américaine de Thanksgiving fin novembre. Ses invités avaient été surpris et le geste avait fait beaucoup parler.
M. Hall a renouvelé l'opération mardi soir en associant ses deux homologues, Ronald Spogli, l'ambassadeur en Italie et Francis Rooney, l'accrédité auprès du Vatican. Le carton d'invitation était cette fois-ci explicite: "Une soirée pour témoigner de notre solidarité avec les pauvres et ceux qui ont faim dans le monde".
"Notre dîner de ce soir sera quelque peu différent", a annoncé M. Hall en présentant le "banquet de la faim" organisé dans les salons de la somptueuse résidence de l'ambassadeur Spogli.
Les invités se sont vu attribuer un des trois cartons de couleur symbolisant les trois catégories de pays. Les plus chanceux à ce petit jeu en forme de parabole ont obtenu celui correspondant au groupe des pays riches, donnant droit au festin attendu. Les autres ont dû se contenter d'un bol de riz, éventuellement enrichi de haricots pour les représentants des pays émergents.
"Derrière cette porte, les représentants des pays riches, soit 15% de la population, partagent un repas fin servi en gants blancs", a expliqué l'ambassadeur Hall. "Ils ne veulent pas nous rencontrer. Ils ne veulent même pas nous voir", a-t-il souligné. L'ambassadeur Ronald Spogli a alors ouvert la porte et s'adressant à la foule, a lancé: "Taisez-vous. Nous essayons de manger".
Très médiatisée, l'initiative a été diversement appréciée. James Walston, professeur en relations internationales à l'université américaine de Rome, a ainsi mis en doute son impact sur des "diplomates et des journalistes blasés".
"Mais ce n'est pas une mauvaise manière de démontrer que les Etats-Unis sont sensibles au problème de la faim, même s'ils n'augmentent pas leurs contributions", a-t-il souligné.