Faillite immobilière de l'UQAM - L'ADQ accuse le PLQ de ménager Busac
Le dirigeant de l'entreprise est proche de Charest et des libéraux
Le député adéquiste Gilles Taillon accuse le gouvernement de se traîner les pieds devant Busac, le promoteur de l'îlot Voyageur qui a entraîné l'UQAM dans un gouffre financier, parce que le dirigeant de cette entreprise aurait des accointances avec l'équipe de Jean Charest.
Lors de la période de questions à l'Assemblée nationale hier matin, M. Taillon a dénoncé ce qu'il a appelé la «timidité d'action» du gouvernement, qui s'explique selon lui par «le retour d'ascenseur à une firme et son président qui, à l'évidence, sont les petits amis du régime».
Joint par téléphone, le député de Chauveau a dit estimer que seuls l'UQAM, son personnel et ses étudiants font les frais des pressions du gouvernement alors que Busac devrait selon lui être la première cible. «C'est très curieux. J'ai des sons de cloche de l'Université du Québec à Montréal qui me disent qu'on ne talonne pas Busac. Il y a plusieurs éléments qui nous questionnent quant au fait que le contrat de 400 millions de dollars [liant l'UQAM à Busac pour l'îlot Voyageur] n'est toujours pas radié, n'est toujours pas dénoncé par le gouvernement», a affirmé Gilles Taillon au Devoir.
Pour M. Taillon, les relations politiques de Busac et de son président, Michel Couillard, apportent un éclairage dans ce dossier. Ainsi, M. Couillard aurait participé à la collecte de fonds pour le Parti progressiste-conservateur à l'époque de Brian Mulroney. Il aurait également participé au financement de la course au leadership conservatrice de Jean Charest en 1993.
Aussi, en épluchant les listes des donateurs aux partis politiques du Québec depuis 2000, on se rend compte que des membres de l'équipe de Busac ont versé de façon individuelle, ainsi que la loi le prévoit, 14 000 $ à la caisse du Parti libéral du Québec. Le Parti québécois a également bénéficié du soutien financier du personnel de Busac, mais dans une moindre mesure, soit une somme de 3125 $. Même l'Action démocratique du Québec a reçu une contribution à hauteur de 395 $ lors de l'année électorale de 2003.
Dans le très délicat dossier de l'UQAM, où des négociations sont en cours entre le gouvernement et Busac pour modifier les termes du contrat de l'îlot Voyageur, la firme Busac est représentée par la firme McCarthy Tétreault, où le président du PLQ, Marc-André Blanchard, est associé. Les intérêts de Busac sont toutefois entre les mains de l'avocat Pierre-Denis Leroux, lui-même un donateur au PLQ. En 2005, il a en effet versé 500 $ à ce parti.
Joint hier en fin d'après-midi, Me Leroux a refusé de faire quelque commentaire que ce soit à propos du dossier de son client. «Le travail que je fais ne regarde pas les médias», a-t-il affirmé. Il a toutefois reconnu faire régulièrement des contributions politiques sans toutefois être membre d'un parti politique.
Busac est un promoteur immobilier très actif. Outre le dossier de l'UQAM, l'entreprise fait partie d'un consortium avec SNC-Lavalin pour obtenir le contrat en partenariat public-privé pour la construction de la salle de concert de l'Orchestre symphonique de Montréal. Aussi, Busac bénéficie d'un bail emphytéotique de 99 ans pour le développement du mât du Stade olympique. En 2001, le gouvernement péquiste lui avait versé une subvention de 20 millions de dollars pour soutenir la transformation de la tour en bureaux mais les travaux ont été interrompus. Résultat: 12 millions de dollars en fonds publics restants dorment dans le compte bancaire de Busac.
L'expression «petits amis du régime» utilisée par l'ADQ pour décrire la situation a fait sursauter la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne. «Je trouve cela tellement grotesque. Je suis totalement en désaccord avec ces campagnes de salissage. Il est très clair pour tout le monde, y compris pour les gens de l'UQAM, que le gouvernement du Québec [...], que personne n'a été mis au courant de la signature du contrat entre Busac et l'UQAM. Cela s'est fait entre le recteur Roch Denis et Busac, point à la ligne. Toute autre tentative de faire quoi que ce soit à cet égard ne mérite même pas de commentaire», a laissé tomber Mme Courchesne.
http://www.ledevoir.com/2007/12/07/167581.html