MLF: J'ai juste pu lire des extraits de Despentes, des entrevues et des commentaires sur internet. J'ai de la misère à juger de l'ensemble parce que je ne sais pas si telle ou telle phrase est dite pour provoquer ou si elle parle vrais.
J'ai dis le mot "plaie" parce que c'est désagréable et que ça fait mal. Parce que ça se guérit. En quoi est-ce différent d'une attaque dans la rue? Je n'ai jamais dis ça. Mais mettons qu'il y a une dimention intime en plus de l'attaque. Si dans l'attaque, on se fait voler quelque chose genre un journal intime et qu'on sait que des gens vont s'en moquer, c'est déjà plus impliquant qu'une attaque qui reste dans l'extérieur. Je me suis peut-être fait bousculer et humilier pendant tout mon primaire et mon secondaire et dans ce cas, ça m'affecte dans ma vie de tous les jours, beaucoup plus qu'une attaque soudaine de parfaits inconnus. Si c'est le cas, je ne dois pas avoir peur d'en parler, pour "sortir le poison". Je peux aussi intervenir quand je vois ces comportements acceptés ou perpétrés devant moi, et les nommer pour ce qu'ils sont. Pour autant, je ne vais pas me forger une
sociologie du reject érigé en système omnipotent et tout interpréter dans la vie en fonction de ce phénomène. Le but est d'en guérir et d'éviter qu'il se reproduise. Il me semble que ça peut être la même chose avec le viol.
Je ne sais pas pourquoi tu dis que le viol appelle au silence au Québec. Dans plusieurs millieux, ça va être dit dans des moments spéciaux, sur le ton de la confidence et dans un climat propice. Mais ailleurs, les gens sont prèt à écouter et à en parler. Au pire il existe des ressources anonymes pour en parler. Tu parles de «l'honneur, la famille... » wow. Ma grande-tante se faisait violer par son mari, et à cette époque, la Loi du Silence régnait pour de vrai. Mais dans les années 80, à la mort du mari, elle s'est lâchée et les gens ont été correct avec elle. (En fait, ça se savait, mais la famille ne voulait pas en parler pour ne pas la gêner). En 2007 au Québec, l'honneur et la famille empêcherait les femmes de parler? Si c'est le cas, en tout cas, c'est en train de changer depuis un bon bout de temps.
Benny: «...pensent que le sexe doit etre justifié : par la reproduction, par l'amour, par le droit de l'homme sur la femme, par l'epanouissement personnel, par un contrat de marriage, par une rétribution monétaire, par un peu n'importe quoi.»
Et «par plaisir», ça ne va pas non plus? Je crois que tu affectionnes une vision du monde absurde où rien n'a de sens ni de cause. C'est ton droit, mais moi je crois que ce n'est qu'une vue de l'esprit, intellectualisée. Et fort (ou faible, qui sait?) de cela, j'ai osé interpréter une partie de ce que tu dis, de la manière suivante: si tu fais du sexe (ou quoi que ce soit) sans plaisir, sans épanouissement personnel, sans morale et sans éthique, sans affection, sans intérêts, sans intérêt pour l'Autre, ou même pas pour passer le temps, eh bien c'est peut-être pour faire le contraire, en voulant être subversif. Si c'est le cas, je trouve que c'est un motif aliénant, c'est tout.
Ne t'en fait pas, personne ne t'accorde cette importance. Le sexe pouvait etre devalorisant avant que tu en saches quelquechose.
Qu'est ce que t'as contre le sexe [...] sans jouissance et dévalorisant ? Puritain.
Eh bien je trouve que c'est du sexe imposé. C'est de la marde, tout simplement.